{"id":1423,"date":"2017-06-05T08:35:51","date_gmt":"2017-06-05T06:35:51","guid":{"rendered":"https:\/\/www.eren.ch\/?p=1423"},"modified":"2017-06-05T14:12:40","modified_gmt":"2017-06-05T12:12:40","slug":"jubile-de-reforme-saveur-mets-mots","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/blog\/jubile-de-reforme-saveur-mets-mots\/","title":{"rendered":"Jubil\u00e9 de la R\u00e9forme: La saveur des mets et des mots"},"content":{"rendered":"
Les festivit\u00e9s des 500 ans de la R\u00e9forme offrent un panel d\u2019\u00e9v\u00e9nements fort \u00e9clectique. A Neuch\u00e2tel, la salle des pasteurs a r\u00e9cemment servi de d\u00e9cor \u00e0 un repas du XVIe si\u00e8cle entrecoup\u00e9 d\u2019extraits des \u00abPropos de tables\u00bb \u2013 Tischreden \u2013 de Martin Luther. Port\u00e9e par trois remarquables com\u00e9diens, cette pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre (lire ci-dessous) a rappel\u00e9 aux convives la personnalit\u00e9 complexe du r\u00e9formateur.<\/p>\n
Ce menu de la R\u00e9formation a permis aux participants de s\u2019initier \u00e0 quelques us et coutumes de l\u2019\u00e9poque en mati\u00e8re d\u2019alimentation et d\u2019arts de la table. \u00abA l\u2019\u00e9poque, les gens \u00e9taient friands d\u2019\u00e9pices et avaient une propension \u00e0 en utiliser abondamment\u00bb, commente Elisabeth Reichen. Instigatrice de ce \u00abrepas luth\u00e9rien\u00bb, celle-ci ajoute qu\u2019\u00abils avaient \u00e9norm\u00e9ment recours au poivre, \u00e0 la cardamone et \u00e0 la cannelle. De plus, au niveau culinaire, la tendance \u00e9tait \u00e0 ajouter du sucre dans les mets sal\u00e9s.\u00bb<\/p>\n
L\u2019alimentation \u00e9tait bas\u00e9e sur les produits de saison. Le pain y occupait une place pr\u00e9pond\u00e9rante. Les festins \u00e9taient solidement arros\u00e9s. En atteste un banquet de P\u00e2ques qui s\u2019est tenu en 1586, \u00e0 Berne, et o\u00f9 chaque convive a consomm\u00e9 plus de trois litres de vin. Du vin qui, \u00e0 l\u2019\u00e9poque, contenait moins d\u2019alcool et, autre coutume, qu\u2019on coupait avec de l\u2019eau.<\/p>\n
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Les r\u00e8gles de table \u00e9taient \u00e9galement surprenantes. \u00abComme au Moyen Age, on dispose des nappes sur la table. La nappe doit \u00eatre d\u2019une blancheur \u00e9clatante, tiss\u00e9e ordinairement de chanvre ou de lin. On n\u2019a pas encore de serviettes et on ne s\u2019essuie plus \u00e0 la longi\u00e8re, soit cette bande \u00e9troite de tissu pos\u00e9e sur la bordure de la nappe, sauf dans certaines r\u00e9gions\u00bb, note Michel Schlup, historien.<\/p>\n
Les convives n\u2019ont pas de fourchettes. Ils mangent avec les doigts les aliments solides et boivent g\u00e9n\u00e9ralement les aliments liquides \u00e0 m\u00eame l\u2019\u00e9cuelle qu\u2019ils se passent avec leur voisin. D\u2019o\u00f9 l\u2019importance de s\u2019essuyer chaque fois la bouche. Chaque convive dispose d\u2019un tranchoir, soit une grande tranche de pain sur laquelle il dispose les aliments. Ce tranchoir est pos\u00e9 sur un tailloir, qui est une planche de bois ou de m\u00e9tal.<\/p>\n
Autre sp\u00e9cificit\u00e9: pas de bouteilles ni de carafes sur les tables. Pour se d\u00e9salt\u00e9rer, les gens doivent appeler l\u2019\u00e9chanson qui sert le vin en le coupant avec de l\u2019eau selon convenance. Le vin se sert dans des gobelets en argent dans les milieux ais\u00e9s, en \u00e9tain chez les bourgeois et en fer blanc chez les personnes modestes. Le seul ustensile personnel est le couteau qu\u2019on apporte avec soi.<\/p>\n
Enfin, Michel Schlup indique que les repas se servent \u00e0 l\u2019ambigu. Soit que tous les mets paraissent sur la table en m\u00eame temps, y compris les desserts. Quant \u00e0 la place \u00e0 table, elle se d\u00e9finit de la mani\u00e8re suivante: au haut bout, la personne la plus importante, les personnes de qualit\u00e9 ensuite, selon leur rang. Des r\u00e8gles qui, bien \u00e9videmment, n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 appliqu\u00e9es lors du repas ancien qui s\u2019est d\u00e9roul\u00e9 \u00e0 Neuch\u00e2tel.<\/p>\n
\u00abLuther \u00e0 table\u00bb<\/a> constitue une belle occasion de s\u2019immerger au XVIe si\u00e8cle, de mieux conna\u00eetre le message de la R\u00e9forme et de d\u00e9couvrir \u00e0 la fois le courage et les fac\u00e9ties d\u2019un de ses repr\u00e9sentants majeurs. Dans une sc\u00e9nographie \u00e9pur\u00e9e, efficace, trois com\u00e9diens \u2013 Edmond Vullioud, Jean-Luc Borgeat et Marco Calamandrei \u2013 d\u00e9voilent les divers aspects de sa personnalit\u00e9. Un d\u00e9bat anim\u00e9 entre l\u2019homme, le th\u00e9ologien et le mangeur de choucroute.<\/p>\n Dans cette adaptation th\u00e9\u00e2trale des Tischreden apparaissent deux facettes d\u2019un m\u00eame homme. Un Luther et un Martin. D\u2019un c\u00f4t\u00e9, Luther soutient des positions fond\u00e9es, intelligentes, profondes: le primat de la gr\u00e2ce sur les m\u00e9rites, de la foi sur les \u0153uvres, le retour aux Ecritures saintes comme source et norme de la croyance ou encore le surgissement de la conscience personnelle.<\/p>\n D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, Martin, un \u00eatre mal d\u00e9grossi qui affirme conjointement, et avec autant de force, des pens\u00e9es probl\u00e9matiques, des contresens et des plaisanteries grivoises et douteuses. Ces comportements le rendent dr\u00f4le, humain et accessible. Il est paradoxal que ses \u00abtranscripteurs\u00bb, pourtant acquis \u00e0 sa cause, aient \u00e9galement transmis cet aspect de Martin Luther. Et pourtant c\u2019est l\u00e0, comme un contrepoint, le signe que personne n\u2019est parfait.<\/p>\n Le docteur Luther pense, nous enseigne et nous \u00e9l\u00e8ve. Le fr\u00e8re Martin nous rejoint dans notre humanit\u00e9. Ce qui ressort de tout cela et en fait r\u00e9ellement un grand homme, c\u2019est son formidable courage. Celui d\u2019avoir su se lever, seul, contre tout un syst\u00e8me de soci\u00e9t\u00e9 arrivant \u00e0 son terme, et proposer autre chose. Une d\u00e9marche qui demeure d\u2019actualit\u00e9.<\/p>\n <\/p>\n<\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Les festivit\u00e9s des 500 ans de la R\u00e9forme offrent un panel d\u2019\u00e9v\u00e9nements fort \u00e9clectique. A Neuch\u00e2tel, la salle des pasteurs a r\u00e9cemment servi de d\u00e9cor \u00e0 un repas du XVIe si\u00e8cle entrecoup\u00e9 d\u2019extraits des \u00abPropos de tables\u00bb \u2013 Tischreden \u2013 de Martin Luther. Port\u00e9e par trois remarquables com\u00e9diens, cette pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre (lire ci-dessous) a … Lire plus<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":14,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[],"class_list":["post-1423","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-blog","generate-columns","tablet-grid-50","mobile-grid-100","grid-parent","grid-50","no-featured-image-padding"],"yoast_head":"\n