Textes bibliques:
Lettre de Paul au Galates, chapitre 5, versets 1.13-18
Evangile de Luc, chapitre 9, versets 51-62
prédication de David Allisson, 30 juin 2013:
Pour nous orienter dans la vie, nous avons besoin de repères. Nous en discutions il y a à peine quelques jours avec les parents, parrain et marraine d’Emelyne. Nous trouvons ces repères de diverses manières et ils correspondent à des valeurs auxquelles nous tenons et qui nous aident à mener notre vie.
Et je vous avoue que j’ai un peu du mal à mettre en rapport notre situation de vie d’aujourd’hui avec celle des chrétiens de Galatie il y a bientôt 20 siècles. Dans cette région d’Asie Mineure aujourd’hui en Turquie, dans la région d’Ankara, le christianisme qui ne s’appelait pas encore comme cela venait d’arriver. La foi chrétienne est née dans le judaïsme et a aussi intéressé rapidement quelques-uns de ceux qu’on appelait les païens ou les gens des nations, c’est à dire des citoyens romains ou venant d’autres religions.
L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Galatie cette lettre dont nous avons entendu un extrait aujourd’hui, parce qu’ils ont justement des problèmes de repères pour leur vie croyante. Et si nous trouvons parfois que nous manquons de repères aujourd’hui, les Galates ont le problème inverse : ils sont empêtrés dans des indications trop précises.
Une partie de la communauté veut imposer la loi religieuse juive comme catalogue de repères pour les croyants. Ils demandent qu’on respecte comme base de conduite les 613 commandements de la loi juive.
Cela mettait la pression sur les croyants pour qu’ils se comportent de la bonne manière en respect de la loi et c’était aussi pratique pour contrôler, parce qu’on pouvait remettre à l’ordre ceux qui ne respectaient pas ces repères comme il faut. La loi donne du pouvoir sur les autres à ceux qui sont chargé de vérifier qu’elle est bien respectée.
C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit à ces chrétiens pour leur rappeler l’importance de la liberté à laquelle le Christ appelle les croyants.
Cette manière d’imposer des valeurs et des repères n’est plus tellement le problème de notre société occidentale.
Est-ce que nous pouvons encore comprendre quelque chose à ce texte au moment où les repères sont « soyez vous-mêmes » ou alors « ne laissez pas les autres vous imposer une direction dans vos choix » ?
Peut-être qu’à certains égards, nous avons aujourd’hui besoin d’un peu plus de repères.
Lors de nos discussions pour préparer le baptême d’Emelyne, ses parents m’expliquaient que c’était important qu’elle soit baptisée, comme sa sœur et son frère et comme eux mêmes il y a plus longtemps.
Le choix de demander le baptême pour leurs enfants, c’est leur ouvrir une direction qui doit les aider à faire leur chemin et leur offrir la possibilité de choisir eux-mêmes plus tard leur propre engagement.
Et pour choisir sa voie dans la foi, il y a, comme une évidence, l’engagement à inviter Emelyne à suivre l’enseignement religieux et le catéchisme. Pour pouvoir choisir, il est nécessaire de s’informer sur ce que propose le choix de la foi et de l’Eglise.
Alors, comment allons-nous poser ces repères dont nous avons besoin ?
Nous en avons bien quelques-uns dans la société actuelle. A Noël, c’est le temps de la famille et de mettre de la bonne volonté à être ensemble. C’est un peu la fête pour être gentils. Les amoureux savent qu’ils sont fêtés le 14 février. Il est difficile de passer à côté quand les vitrines et les journaux se remplissent de cœurs. Les mamans sont fêtées le 2e dimanche de mai. Et ce week-end, d’hier jusqu’à demain, c’est l’Abbaye à Fleurier. Là, c’est un peu plus compliqué : on y fête les enfants qui terminent l’année scolaire, et aussi la convivialité villageoise et vallonnière, mais c’est aussi un peu la fête des excès et certains se souviennent de l’Abbaye en rapport avec leur état d’ivresse de telle ou telle année.
Ces repères existent, d’accord. Mais on est amoureux aussi d’autres jours que le 14 février. Les mamans le sont pour toujours. C’est un plaisir d’offrir un cadeau aussi quand ce n’est pas Noël. Les enfants sont à l’école toute l’année et la convivialité fait plaisir aussi à d’autres moments que fin juin.
En faisant de ces repères la seule règle à suivre, nous risquerions de manquer toutes sortes d’occasions que donne la vie. Le Christ appelle à la liberté. C’est dans cette liberté que Dieu se donne à rencontrer. Parfois à un rendez-vous précis comme une fête fixée dans le calendrier, parfois bien plus par hasard. Il paraît qu’Albert Einstein en parlait ainsi : « Le hasard, c’est le déguisement que prend Dieu pour voyager incognito. »
Il y a une force mystérieuse, inexplicable qui peut agir dans nos vies. Un jour elle aura un visage reconnaissable sous les traits de quelqu’un de notre entourage, d’autres fois, cette force de vie ressemblera au Christ ou à Dieu que l’on cherche à reconnaître et à décrire.
Cette vie, cette force restera aussi bien des fois sans visage, inexplicable et viendra réveiller en nous la beauté de la vie ou le courage d’aller de l’avant.
« Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres. » Ga 5,1
Dans l’évangile de Luc, nous avons entendu les disciples Jacques et Jean proposer à Jésus de foudroyer sur place les habitants qui refusaient de les recevoir.
Ils avaient bien compris qu’ils disposaient de certains pouvoirs et ils ont dû en apprendre encore sur la liberté à laquelle ils étaient appelés.
C’est une liberté pour eux de se mettre au service de Jésus et de le suivre.
C’est une liberté pour les autres de renoncer à les écouter et à les suivre.
Ce n’est pas une raison de faire subir les foudres de l’enfer à ces personnes qui ont une autre vision du monde qu’eux.
C’est peut-être un côté baba cool de Jésus qu’on peut reconnaître ici. Il mène une vie simple et au service et à la rencontre des autres. Pourtant, cette vie reste exigeante pour ceux qui s’y engagent : Jésus leur demande de regarder de l’avant, comme le laboureur dans son champs et d’être libres mêmes par rapport à certains devoirs familiaux de base, comme celui d’honorer la dépouille d’un père.
La liberté que Jésus ouvre doit donner du courage et du souffle pour annoncer le Royaume de Dieu.
La liberté que Jésus ouvre doit donner du souffle et du courage pour nous rendre utiles au Royaume de Dieu.
J’ai maintenant assez parlé pour ne pas me lancer dans de longues explications sur ce qu’est le Royaume de Dieu. Je dirai seulement que le Royaume de Dieu, c’est quand Dieu se rend présent. Il peut être présent explicitement quand l’amour et l’attention partagées le sont en son nom. Il peut aussi être présent quand la vie est intense et digne dans les circonstances ou autres rencontres où Dieu voyage incognito.
Ce royaume de la présence de Dieu fait surgir la vie éternelle dans nos vies humaines. Et cela arrive quand nous traversons le monde au service de ce commandement qui résume toutes la loi : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même ».
« Car toute la loi se résume dans ce seul commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. » » Ga 5,14
Tenez bon, donc. Vivez dans cette liberté à laquelle nous sommes tous appelés.
Amen.