Vous êtes le corps du Christ – Prédication du 26 janvier 2019

môtiers26 janvier 2019, Môtiers 17h

Pour télécharger le texte de la prédication en pdf, cliquer ici

Prédication de Patrick Schlüter

Texte biblique :

Prédication sur « Vous êtes le corps du Christ »

« Vous êtes le corps du Christ. »

Cette image bien connue est utilisée par Paul pour inviter les chrétiens de Corinthe à l’unité. Être le corps du Christ ne va pas de soi pour eux, car il y a beaucoup de rivalités dans la communauté.

Être Église ne va pas toujours de soi. Dans la communauté, il y a des personnes que nous apprécions, d’autres moins. Parfois, on trouve que c’était mieux avant du temps du pasteur untel ou untel.

Il y a une dizaine d’années dans notre Église réformée, une expression revenait souvent : Faire corps.

Avec le mot « faire » au début, cette expression manifeste qu’être le corps du Christ ne va de soi, car justement, il y a quelque chose à faire. Ce projet requiert notre engagement.

Paul évoque les difficultés du corps du Christ en imaginant une sorte de dialogue des organes tiraillés entre eux. Dans notre vie d’Église, sans doute avons-nous, chacun et chacune, vécu des expériences de tiraillement autant que des expériences de joie.

Parfois, nous avons été la tête pensante d’un projet et avons regretté que d’autres ne suivent pas, que les pieds n’aillent pas dans la direction que la tête voulait. La tête et les pieds qui divergent et peinent à se coordonner sont parfois une expérience que l’on peut vivre en Église.

Dans notre expérience d’Église, nous avons parfois été les yeux qui perçoivent un enjeu ou entrevoient un projet possible et nous avons regretté de pas avoir eu une oreille attentive.

Les personnes qui s’engagent et par là même sont sur le devant de la scène, font parfois l’expérience ingrate de voir leur proposition ne pas trouver l’écho qu’elles aimeraient. Et des tiraillements existent aussi entre les paroisses et la dimension cantonale ou encore plus large de l’Église, entre les différentes confessions

Chacun et chacune, à notre niveau, nous avons fait l’expérience de ces tiraillements au sein du corps du Christ. Et si nous nous sommes parfois réjouis avec ceux qui sont dans la joie, si nous avons été solidaires de ceux qui souffrent, il y a aussi parfois un sentiment de jalousie qui nous a habité face au succès des autres ou alors du soulagement de pas vivre les difficultés qui frappent certains.

Nous sommes conscients des défis que cela représente de « faire corps ». Pourtant, si je regarde mon corps d’être humain, je ne crois pas avoir le pouvoir de faire quelque chose pour qu’il soit ce qu’il est.

Mon corps s’est développé parfois sans que j’en aie conscience. Même si nous l’aimerions parfois, nous n’avons pas choisi la couleur de nos yeux, ni la taille de nos pieds.

Et en habitant nos corps, nous nous rendons compte aussi que nous devons, malgré notre volonté, en accepter les limites. Nous ne faisons pas notre corps, nous sommes notre corps.

Pour l’Église, il en est de même, nous sommes le corps du Christ, avant que nous n’ayons fait quoi que ce soit pour cela.

« Dieu a disposé dans le corps chacun des membres selon sa volonté. » Le corps du Christ est d’abord une expérience de grâce. En Christ, par l’Esprit, nous sommes reliés et mis en réseau avec des personnes que nous n’aurions peut-être jamais rencontrées sinon. Le corps du Christ, l’Église est le lieu de l’action du Christ et il est signe de la présence de Dieu dans le monde. Nous sommes corps du Christ, que nous le voulions ou non, que nous agissions dans cette direction ou non.

Le corps du Christ, c’est pour les organes que nous sommes le lieu d’expérimentation de la grâce. Avec ce que je suis, mes dons, mes limites, mes joies et mes souffrances, j’ai ma place donnée par Dieu au sein du corps du Christ. Je suis invité à poser sur les autres comme sur moi-même ce regard bienveillant qui est celui de Dieu : « même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires… Et Dieu veut donner plus d’honneur à ceux qui en manquent. »

Faire corps, être le corps du Christ, c’est d’abord un exercice du regard qui reconnaît en l’autre la présence du Christ, qui le perçoit comme un membre absolument indispensable du corps. Le corps nous est donné comme le lieu de l’expérimentation de la grâce et de la communion. Être corps, nous réjouir des succès des uns, entendre les souffrances des autres, c’est la promesse d’une vie pleine, d’une vie où, pour reprendre une expression à la mode, nous pouvons pleinement « habiter notre corps ».

Cette unité du corps dans la joie de la venue du Christ, nous l’avons expérimentée dans le culte TV en eurovision, un partage sur place avec la diversité des personnes présentes, avec aussi l’équipe de la TV qui avait son rôle, tout comme les différents intervenants. Et ce vécu ici dans le temple de Môtiers, nous l’avons partagé avec de très nombreuses personnes dans toute l’Europe, sur le moment ou en différé pour certains.

« Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part ».

2019 et les années à venir vont voir notre corps ecclésial changer et bouger. Vous l’avez lu dans l’Encart de Noël avec un texte que j’ai écrit « 2019, année de transition : se mettre en route vers l’avenir ». Jean-Samuel Bucher l’évoque aussi dans la page Élan de janvier intitulée « Méditorial-2019 ». Le pasteur René Perret prendra sa retraite à fin avril. Nous recherchons donc un nouveau pasteur et réfléchissons sur notre vision d’avenir pour la paroisse. Les autorités de notre Église et de notre paroisse seront renouvelées. Le projet d’avenir EREN 2023 va connaître cette année une avancée importante avec l’étude d’un nouveau modèle d’Église.

Cette vision du corps du Christ peut nous inspirer. Elle dit que quelque chose est donné qui ne peut pas être retiré : c’est l’amour de Dieu en Jésus-Christ qui nous donne notre place au sein de l’Église. Elle nous dit aussi que nous avons à prendre cette place qui nous est donnée. La paroisse, l’Église Réformée Évangélique du Canton de Neuchâtel et l’Église universelle ont besoin que chacun y prenne sa place qui lui est donnée.

Tous, avec nos différences, avec nos dons, avec ce que nous sommes et ce qui nous est donné, nous avons à prendre notre place dans la dynamique du corps du Christ pour transmettre son amour au monde.

« Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part ».

Amen.