Voir grandir la vie – cultes des 12 et 13 juin 2021

Cultes 12 et 13 juin 2021, Couvet et Travers

Baptêmes d’Elena, Alessia et Angelina

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Rappel biblique

Lors de la préparation des baptêmes avec les familles, nous avons parlé du Psaume 23. Il relate une sorte d’aventure de foi, de confiance et de courage.

Entre les paroles paisibles qui évoquent l’eau calme et l’herbe fraîche et celles de l’abondance du banquet à la fin du psaume, il y a aussi une traversée difficile : la vallée d’ombre et de mort.

Vous connaissez tout cela : il y a la joie d’accueillir les vies d’Elena, Alessia et Angelina. Il y a aussi eu des moments tristes et difficiles de deuils douloureux et du souci par rapport aux difficultés à affronter.

Dans la joie et dans les difficultés, Dieu est présent auprès de la personne qui prie le psaume 23. Qu’il soit aussi avec vous et chacun·e de nous.

Lecture du psaume 23

Lecture de la Bible

Ézéchiel 17,22-24

Marc 4,26-34

Prédication

de David Allisson

Le cèdre et la moutarde parlent d’une manière semblable à des publics différents et à des époques éloignées. Les images utilisées ont l’air de se transposer d’un temps à un autre.

D’un côté, dans le livre d’Ézéchiel, on peut voir Dieu arracher de la pointe d’un grand cèdre un tendre rameau à replanter plus loin. Une petite bouture est replantée et se développe pour devenir un arbre qui va accueillir plus tard les oiseaux de toute espèce pour qu’ils se reposent sous lui, à l’ombre de ses rameaux. Le prophète dit que toute cette action est l’œuvre de Dieu. Il sous-entend donc que ce sera l’humanité qui bénéficiera de protection et d’un lieu où s’épanouir à la manière des oiseaux qui font leur nid et élèvent leurs petits.

Dans la parabole de la graine de moutarde, l’entier de cette petite histoire est comparé au royaume de Dieu. La présence de Dieu, le royaume de Dieu, c’est quand cette petite graine pousse et grandit pour accueillir et protéger les oiseaux qui viennent faire leur nid.

Je vais commenter brièvement chacun des deux textes et proposer ensuite un regard sur ce que je leur ai trouvé de ressemblant. Et en particulier, je pense qu’il ressort de ces textes que nous avons raison de faire des enfants. Et nous avons raison de nous réjouir de les accueillir dans nos familles, et par le baptême nous avons raison de nous réjouir d’accueillir Angelina, Alessia et Elena dans la vie de Dieu. Nous avons raison de le faire même si beaucoup de choses dans la vie nous donnent à penser que nous ferions mieux de renoncer à faire vivre des enfants dans un monde si dur et mauvais qu’il semble ne pas avoir d’avenir.

Que dit Ézéchiel ?

Il faut avoir pas mal d’éléments en tête pour comprendre Ézéchiel et ce qu’il dit. Ce prophète a parlé vers 600 avant Jésus Christ. Les hébreux, c’est-à-dire le peuple d’Israël, se disaient bénis de Dieu quand ils pouvaient vivre en sécurité et que leur pays était prospère. Et voilà qu’ils se trouvent dans une situation de malheur, vaincus par le puissant empire de Babylone. Les élites de la population ont été déportées et c’est Babylone qui a l’influence militaire, politique, culturelle et économique sur toute la région.

Est-ce qu’il s’agit d’une punition pour les hébreux ?

Est-ce que Dieu les a abandonnés ?

Est-ce que les dieux des babyloniens sont en fin de compte plus forts que le Seigneur ?

On se posait ces questions comme on se demande aujourd’hui si on peut vraiment croire en Dieu quand on voit le monde et qu’on a l’impression que Dieu n’y a aucune influence.

Ézéchiel, le prophète veut partager sa conviction : Dieu agit aujourd’hui. Dieu agit chez nous.

Le prophète connaît un Dieu, le Seigneur, qui se caractérise par son activité et sa mobilité. Le Seigneur agit dans l’histoire. Il est même le maître du cours de l’histoire. Si l’on pouvait dire que Dieu a un code d’honneur, celui-ci l’incite à participer à l’histoire de son peuple et du monde. Il s’implique sur terre et dans l’humanité. On peut parfois trouver que cette action est bien peu visible : le petit rameau frais et fragile est arraché. Il se passe pourtant toujours quelque chose : le Seigneur plante lui-même le rameau dans un lieu protégé. C’est le Seigneur qui fait pousser les arbres d’une petite pousse à un tronc solide. C’est le Seigneur qui abat l’arbre qui pouvait pourtant compter sur l’épaisseur de son tronc et la hauteur de ses branches comme l’empire de Babylone sur sa puissance politique, économique et militaire. C’est aussi le Seigneur qui, par son activité créatrice ou dé-créatrice, manifeste son autorité sur le monde et qui rétablit ses droits sur l’ensemble de ce qui a été créé (cf. v. 24). La création n’est pas close : elle continue, le Créateur fait triompher la vie là où elle est menacée.

Ézéchiel rappelle que Dieu agit dans l’histoire aussi bien dans des annonces de malheur qu’ici quand il transmet la promesse qu’il y a un avenir possible. Cette promesse d’un avenir possible est dite dans la description de ce petit bout de fragile rameau arraché puis replanté pour qu’il se développe et déploie une ombre protectrice et accueillante.

Dans la parabole du grain de moutarde, Jésus veut donner une image de ce que peut être le royaume de Dieu. Il est discret, presque invisible. Il n’est pas difficile de dire cela quand on voit autour de nous la plupart des gens dire qu’il n’est pas presque invisible, mais complètement absent !

La graine de moutarde aussi est discrète et presque invisible. Elle se développe pourtant en un buisson qui peut accueillir toute une vie dans ses branches et à son ombre. Les oiseaux du ciel peuvent venir y habiter.

Dans la campagne pour les votations de ce week-end, on s’est bagarré verbalement et malheureusement parfois physiquement à propos de l’agriculture en Suisse. Quel que soit leur point de vue sur le sujet en débat, les agriculteurs gardent comme point commun leur attachement à la terre. Ils vivent de leur travail et de ce que la terre donne. Dans leur rapport à la terre ils savent faire ce que font les oiseaux dans ces deux histoires d’arbre ou de buisson qui poussent et se développent. Dans leur travail de la terre ils savent recevoir ce qu’elle offre. Dans leur travail de la terre ils savent sentir ou apprendre quand c’est le moment de fournir de l’effort et faucher. Ils savent quand il vaut mieux attendre, à l’écoute des prévisions du temps. Rien ne sert de tirer sur les pousses de blé pour le faire pousser plus vite.

Comme croyant je suis invité à vivre ma vie de la même manière. Je suis invité à recevoir ce qui m’est donné. Je suis invité à voir la vie se développer et y prendre ma part là où il faut et au bon moment.

Il ne s’agit plus de me faire moi-même et de chercher les magouilles qui assureront ma prospérité. S’abriter et faire son nid, c’est le travail de l’oiseau qui vient demeurer dans les branches de l’arbre. Lâcher prise et accueillir la vie qui vient, c’est reconnaître que je peux prendre appui sur cette présence du Seigneur qui pousse comme l’arbre protecteur. La création est ressource à laquelle je participe et de laquelle je vis. Je peux apprendre à m’en nourrir dans la reconnaissance de ce qui m’est offert de cette vie qui me dépasse. A partir de là, je prends ma part de responsabilité à la construction du monde.

C’est aussi cela, donner naissance à des enfants.

C’est cela, les baptiser.

Nous accueillons avec joie ces petits êtres qui vont faire notre bonheur et qui vont découvrir le monde grâce aux appuis que nous saurons leur donner.

Ils vont aussi nous donner du travail tout au long de leur éducation et des soins qu’il leur faudra pour grandir. Mais c’est dans le monde qui nous est donné et avec la vie que nous avons reçue que nous faisons cela. La vie est plus grande que nous. Le monde nous est confié comme nous sommes confiés au monde. Ma foi dit cela quand je dis que Dieu est le créateur du monde et de la vie. Je suis appelé à respecter cette vie et à partager la confiance que j’ai reçue et que j’ai construite jusqu’ici.

Que le Seigneur nous aide dans nos questions et dans notre confiance.

Amen.

Intercession

Dieu notre Père, nous te prions : donne-nous des yeux pour voir la splendeur de ta promesse, afin que nous puissions partager l’amour, la terre, la peine et l’amitié !

Exauce-nous, ô Seigneur Dieu !

Dieu notre Père, nous te prions : donne-nous des oreilles pour entendre la voix de ta justice, afin que nous puissions partager l’amour, la solidarité et l’espérance !

Exauce-nous, ô Seigneur Dieu !

Dieu notre Père, nous te prions : donne-nous des bras pour déplacer les montagnes de désespoir, afin que nous puissions partager l’amour, la vie et la compassion !

Exauce-nous, ô Seigneur Dieu !

Dieu notre Père, nous te prions : donne-nous des têtes pour tenir tête, pour tenir malgré tout, afin que nous puissions partager l’amour, la vérité et la justice.

Donne-nous des cœurs pour partager l’amour, la parole et la terre nouvelle !

Exauce-nous, ô Seigneur Dieu !

D’après Vitrail, feuillet de La Maladière in La Force d’oser. Prières signées et anonymes, Ouverture·Olivétan·OPEC, 2018, p.68s