Voir Dieu – prédication du 4 février 2018

Voir Dieu

Télécharger ici le texte de la prédication de Patrick Schlüter

Lecture de la Bible :

Prédication sur : Voir Dieu !

Voir Dieu, en faire l’expérience…

Quand j’étais petit, je me rappelle d’une discussion avec un copain à propos de la prière. Il me disait que, selon ce qu’on lui avait dit, si on priait assez fort et assez longtemps, Dieu finissait par apparaître. Je me souviens encore d’avoir attendu sans succès; oh peut être pas très longtemps, car j’étais plutôt impatient quand j’étais enfant !

(Pause)

Dans l’Ancien Testament, on trouve souvent cette affirmation qu’on ne peut pas voir Dieu en face sans mourir. Il y a dans cette croyance un profond respect de la sainteté de Dieu qui dépasse tout ce que les humains peuvent imaginer, mais il y a aussi là-dedans de la crainte. Crainte d’être écrasé par ses fautes, par sa vie imparfaite, alors que Dieu est Saint. L’homme ne pourrait donc voir Dieu sans mourir.

Pourtant, il y a aussi dans l’Ancien Testament des récits où Dieu s’est montré à des humains qui sont restés en vie. D’ailleurs dans ce texte du Deutéronome, le peuple a vu et entendu Dieu tout en restant en vie, mais semble-t-il, les Israélites ont peur que cette chance qu’ils ont eue ne dure pas. On raconte que Moïse pouvait parler avec Dieu face à face comme à un ami.

Voir Dieu dans l’Ancien Testament inspire du respect et de la crainte, mais certains hommes font cette expérience et même recherchent ce dialogue direct avec Dieu.

Voir Dieu, entrer en relation avec lui. Aujourd’hui, je crois qu’il y a un très fort désir de faire une expérience de ce type. Voir Dieu ne semble plus faire peur. Certains le demandent même pour arriver à croire !

Pourtant, je crois que faire l’expérience de Dieu, entrer en relation avec lui inspire aussi des craintes, aujourd’hui encore. Tout cela tient à l’image que l’on se fait de Dieu et de soi-même aussi.

A chaque fois qu’on entre en relation avec quelqu’un, on a toujours une image de l’autre. Cela peut être ce que l’on sait de lui, ce qu’on imagine quand on ne le connaît pas, les expériences qu’on a vécues avec cette personne. On s’attend souvent à telle ou telle réaction. Tout cela vient de l’image que nous avons de la personne en face de nous. Parfois, on est surpris et on modifie son image. Parfois aussi on reste braqué sur une vision de l’autre.

On a aussi une image de soi-même, plus ou moins positive, peut-être parfois négative. Cette image va aussi nous influencer dans notre rapport à l’autre. Si on a une vision négative de soi-même, on va peut-être s’attendre à ne pas être apprécié ou si on a confiance en soi à l’extrême, on ne pourra pas imaginer le moindre obstacle.

Je crois que dans notre rapport à Dieu, il en va de même. L’image que l’on a de Dieu va nous influencer dans notre rapport à Dieu et l’image que nous avons de nous-mêmes va aussi le faire.

Quelle image avez-vous de Dieu? Celle d’un père, d’un créateur, d’un juge, d’un ami, ou autre chose? Peut-être un mélange de tout cela?

Quelle image avez-vous de vous-mêmes dans votre rapport à Dieu et aux autres? Vous sentez-vous de confiance et appréciés, aimés et aimables?

De notre image de Dieu et de nous-mêmes peut naître de la crainte, de la retenue ou de la confiance.

Dans le récit de Luc, Jésus rencontre un homme qui a un esprit de démon impur. Cet esprit mauvais a peur : “Ah, que veux-tu, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu.”

 

Sans parler d’esprit mauvais, je crois que ce genre de réaction existe aussi chez les humains face à la présence de Dieu. “Tu es le Saint de Dieu”.

On pourrait l’exprimer ainsi :

“Toi Dieu, de toute manière tu es trop grand pour t’intéresser à moi. Avec ce que j’ai fait, ce que je suis, jamais tu ne pourra m’aimer.”

C’est la réaction de la fermeture à l’amour. On se sent tellement rien qu’on imagine que Dieu ne peut que nous rejeter ou nous détruire.

L’expérience de Dieu est toujours liée à une expérience de soi-même, et il y a en nous des barrières, des frontières et des craintes, face à Dieu et face à nous-mêmes. Nos images de Dieu, de nous-mêmes et des autres peuvent nous freiner, nous bloquer et fausser la relation à Dieu.

Pour moi, faire l’expérience de Dieu, c’est petit à petit accepter de se laisser aimer jusque dans sa fragilité, dans sa faiblesse. C’est se découvrir enfant appelé à grandir. Faire l’expérience de Dieu, c’est accepter, découvrir que Dieu ne fait pas de mal. D’ailleurs, Luc, dans ce récit insiste bien que la parole de Jésus a pour conséquence que l’homme est libéré et que l’esprit mauvais ne lui fait aucun mal.

Faire l’expérience de Dieu, c’est entrer dans la logique de l’amour, au-delà des images que l’on a en soi.

Cette logique de l’amour, c’est découvrir que si Dieu est un grand feu, comme dit le Deutéronome, c’est pour nous donner sa chaleur.

Si Dieu est un vent ou une tempête dans l’Ancien Testament, c’est pour nous rafraîchir et renouveler l’atmosphère de notre vie.

Si la voix de Dieu est puissante, c’est pour parler plus fort que nos doutes et pour que nous entendions son amour.

Si Dieu est Saint, c’est parce qu’il veut nous rejoindre dans ce que nous avons de meilleur en nous et nous faire grandir à partir de cela.

Amen.