Une promesse à apprivoiser – culte des 17 et 18 août 2019

Cultes présidés le samedi 17 août 2019 au temple de Môtiers – avec baptême de Kevan Robert – et du dimanche 18 août 2019 au temple de Couvet

L'étoile, le renard et la graine de moutarde

Lectures bibliques : 

 

Prédication : une promesse à apprivoiser (Textes en pdf à télécharger ici)

Les thèmes de ce message ont été inspirés par le baptême que j’ai présidé le samedi 17 août à Môtiers.

Les parents avaient choisi de passer pendant le culte le chant «Chaque enfant est une étoile»* d’où cette étoile lumineuse pendue à la chaire – qui représente l’étoile de l’enfant baptisé.

Ce chant m’a rappelé la promesse faite par Dieu à Abraham dans le livre de la Genèse : « Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux. Comme elles, tes descendants seront innombrables.»

De tout temps, les étoiles ont fasciné les humains. Au début, ils ne savaient pas ce que c’était. Elles étaient pour eux témoins d’un monde mystérieux qui nous dépasse, porteuses du secret de leur avenir. Et aussi des guides pour s’orienter dans la nuit.

Pour les hébreux, ces astres créés par Dieu étaient des signes placés dans le ciel. Parfois il les utilise pour révéler ses projets : comme les étoiles qui deviennent objets de promesse de descendance pour Abraham, ou l’étoile qui annoncera la naissance de Jésus à Noël…

Même si aujourd’hui nos connaissances peuvent nous expliquer scientifiquement ce qu’est une étoile, elles gardent dans notre imaginaire une part de poésie, de magie.

Elles peuvent être symbole d’espoir, elles sont ces lumières qui brillent dans la nuit, des repères qui guident nos pensées, qui nous mettent en lien avec le monde céleste, signes et promesses de vie…

Samedi, en imaginant tous les enfants que j’aurais dans mon auditoire, j’ai repensé aussi à l’histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry, que beaucoup d’entre vous connaissent j’imagine. Dans ce récit, l’étoile est aussi ce qui permettra de se souvenir :

 «Tu regarderas, la nuit, les étoiles. (…) Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau… (…) Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !»

Pour Abraham, les étoiles qu’il pourra contempler chaque soir seront aussi un moyen de se souvenir de la promesse de Dieu.

Oui, une promesse, il faut l’entretenir, pour qu’elle continue à faire son chemin !

Il y a dans l’histoire du Petit Prince un autre passage que j’aime bien : celui où il apprivoise le renard… pour vous le lire j’ai repris mon petit compagnon de samedi, ce renard-marionnette, à qui je laisse la parole :

– Bonjour, dit le renard. (…) Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

– Que faut-il faire ? dit le petit prince.

– Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… (…)

– Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquièterai ; je découvrirai le prix du bonheur !

On peut apprivoiser comme ici un inconnu, pour en faire son ami.

Mais on le fait aussi quand un enfant entre dans sa vie, qu’il faut intégrer ce petit être dans son quotidien, comprendre ce qu’il veut et ce dont il a besoin, découvrir sa personnalité.

L’enfant lui-même doit aussi apprivoiser son entourage, le monde qui l’entoure, apprivoiser ses peurs…

Mais savez-vous que Dieu, ou la foi, c’est aussi un monde à apprivoiser ?

Pour en revenir à Abraham, il a dû apprivoiser la promesse reçue de Dieu. La faire sienne. Choisir d’y faire confiance. Être patient dans sa réalisation ; car même si lui et sa femme Sarah étaient déjà âgés, ils ont dû attendre encore avant que cette promesse d’un fils devienne réalité !

Cette foi à nourrir, à apprendre et à faire sienne, Jésus la compare à une graine de moutarde.

Voici un tube contenant des graines de moutarde.

Avec nos connaissances actuelles je ne crois pas qu’on dirait que c’est la plus petite de toutes les graines du monde – mais en tout cas, c’est vrai que ce n’est pas bien gros !

C’est minuscule au départ, mais ça pousse, ça grandit, cela devient une plante !

La foi, nous dit Jésus, elle peut être petite comme cette graine… et pourtant avoir de grands effets dans sa vie.

La foi, il n’y a pas forcément besoin de la crier sur les toits, avec elle, ce n’est pas obligé de croire en des choses extraordinaires ou de faire des actions exceptionnelles .

C’est quelque chose de reçu, de donné, et qui est appelé à grandir, pour nous faire évoluer de l’intérieur dans notre vie.

Pour reprendre une dernière citation dire par le renard :

«Voici mon secret. Il est très simple : l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur…»

Notre part, là-dedans, c’est d’entretenir la graine, de l’arroser et d’en prendre soin.

Je souhaite que cette graine semée en chacun-e de nous puisse croître.

Que vous saisissions chaque occasion de la faire grandir, en s’ouvrant au monde que Dieu nous propose, au travers de ce que nous pouvons partager en communauté, au travers des personnes qui nous sont données ou des expériences que nous traversons.

Si «chaque enfant est une étoile», nous sommes tous et toutes les fils et les filles de Notre Père qui est aux cieux. Avec lui, nous pouvons toujours continuer d’avancer et d’évoluer.

Par la foi que nous portons, et les exemples de vie que nous pouvons donner, soyons

  • Cet éclat de l’infini dont parle la chanson,
  • Ce chemin inexploré à poursuivre
  • Ce refrain à libérer
  • Ce dessin à révéler
  • Ce jardin à ensemencer

Amen.

* chant composé par Danielle Sciaky et mis en musique par Marie-Louise Valentin