Une histoire insensée – cultes des 7 et 8 septembre 2019

Prédication des 7 et 8 septembre 2019 – Môtiers et Buttes, baptêmes de William, Chloé, Mathéo et Maïlyss

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Lecture de la Bible

Sagesse 9,13-18
Luc 14,25-33

Prédication de David Allisson

Cette histoire n’a pas de sens.

Cette histoire d’Évangile où des gens aimeraient suivre Jésus, devenir ses disciples et où Jésus fait tout pour les décourager, cela n’a pas de sens. Il leur dit qu’il faut le faire passer, lui Jésus, avant leur père, leur mère, leur femme, leurs enfants, leurs frères, leurs sœurs, et même leur propre personne. Et en plus, nous avons entendu une traduction qui adoucit le propos. Si vous pouvez lire l’original grec, vous verrez que Jésus demande à celles et ceux qui veulent le suivre de haïrleur père, leur mère, leur femme, leurs enfants, leurs frères, leurs sœurs et même leur propre personne.

C’est charmant de lire un texte pareil à l’occasion d’un baptême. Déjà qu’on ne vient pas souvent à l’église, ils nous lisent encore en plus des textes impossibles.

Comme le disait le texte de la Sagesse tout à l’heure : on ne comprend déjà pas tout bien ce qui se passe sur terre, c’est normal qu’on ne comprenne pas ce qui se passe dans le ciel !

D’ici quelques secondes, je vais vous raconter une histoire. C’est une histoire un peu folle, parce que je me demande des fois, si ce n’est pas notre monde qui est un peu fou et nous avec. Peut-être que ce sera une forme de sagesse de sortir de nos logiques habituelles et de nous laisser toucher par une sagesse qui vient d’ailleurs. Peut-être que ce sera une forme de sagesse de sortir de nos logiques habituelles et de nous laisser toucher par l’amour qui vient de la vie, par l’amour qui vient de Dieu.

Allez demander aux parents des baptisés, ils se souviennent bien. L’arrivée d’un enfant bouscule la vie. Cette petite vie chamboule tout dans la nôtre. Et les parents doivent voir certaines choses sous un autre angle et revoir leurs impressions sur les valeurs des choses dans leur vie.

Voici cette histoire un peu folle :

(…)

Dans le temps, dans un temps pas si éloigné dans le passé, quand on voyageait en train, on pouvait baisser la vitre et sentir le vent de la vitesse du train. Dans beaucoup de régions du monde ces trains circulent encore aujourd’hui.

Dans ce temps pas si éloigné où on pouvait baisser la vitre quand on voyageait en train, un voyageur a pris le train pour aller de Buttes à Neuchâtel. Il s’est installé dans un compartiment où il ne connaissait personne. En fait, il y avait un seul autre voyageur dans le compartiment. Et ce voyageur avait un comportement étrange : il tenait une petite boîte avec de la poudre à l’intérieur. Et de temps en temps, assez souvent, il baissait la fenêtre du compartiment, prenait une pincée de poudre dans sa petite boîte et la jetait à l’extérieur.

L’autre voyageur le regardait faire et s’étonnait de plus en plus. Après avoir vu l’homme jeter une bonne douzaine de pincées de poudre par la fenêtre du train, il a fini par se décider à lui poser la question.

« Qu’est-ce que vous faites ? A quoi sert cette poudre que vous jetez régulièrement par la fenêtre du train ? »

L’autre lui dit : « C’est de la poudre magique. Elle sert à éloigner les éléphants. »

Le voyageur rigole : « Mais il n’y a pas d’éléphants entre Buttes et Neuchâtel ! »

L’autre répond : « Vous voyez : ça marche ! »

(…)

Les gens qui suivaient Jésus ont bien remarqué qu’il se passait autour de lui quelque chose de l’ordre de la vie.

Vous qui êtes des parents, vous avez senti immédiatement que vos enfants vous sont confiés. Ils sont différents de vous, ils ne sont pas un simple prolongement de vous-mêmes. Ils vous emmènent dans des dimensions de la vie que vous n’aviez pas imaginées.

Si vous comptez sur eux pour réaliser votre projet à vous, vous risquez d’être confrontés à vos manques et à leurs réponses qui seront souvent à côté de ce que vous avez imaginé pour eux. Ouvrez les yeux, voyez ce que vous avez et voyez ce qui vous manque.

L’Évangile nous invite à ouvrir les yeux. Oui, nous sommes invités à ouvrir les yeux sur les manques inévitables qui apparaissent quand nous cherchons à réaliser nos projets de vie.

Je me réjouissais que ma fille devienne gardienne de hockey. Elle ne plonge pas sur la glace des patinoire, elle est plongée dans les livres et aimerait devenir bibliothécaire.

Je pensais que mon engagement de foi allait me pousser à prendre des responsabilités importantes et à changer le monde et peut-être même participer à sauver le monde. Je suis pasteur dans une église qui perd ses forces et qui peine à trouver sa place dans le monde d’aujourd’hui.

Vous avez vos projets de vie. Ils ressemblent à ce que vous avez toujours imaginé ou ils sont très différents de ce que vous vouliez à la base.

Jésus ajoute des histoires qui vont dans le même sens : il y a ces constructeurs qui comptent leurs briques et leurs moyens financiers pour savoir s’ils peuvent construire la tour qu’ils projetaient ou s’ils doivent renoncer. Il y a ce roi qui a 10’000 soldats et qui compte les forces de son armée pour voir s’il a des chances de gagner contre son adversaire qui a 20’000 soldats.

Dans ces histoires elles-aussi un peu folles au premier abord, ceux qui sont félicités, ce sont ceux qui se rendent compte qu’ils ne vont pas y arriver. Dans un récit sans folie, c’est la réussite de l’ambitieux qui reçoit le prix. Dans la première histoire de Jésus, celui qui renonce à construire la tour parce qu’il n’en a pas les moyens va échapper aux moqueries des voisins. Le roi guerrier, c’est encore plus intéressant. Il est incité par les événements à changer complétement de projet. Il aimerait partir à la bagarre et voilà qu’il se rend compte que les forces de son armée sont vraiment trop petites par rapport à celles de son adversaire. Et il va mettre ses forces dans une autre bataille : celle qui consiste à réunir les conditions de la paix. Il voulait faire la guerre et il va finalement chercher la paix.

Parce que nous aussi nous manquons de moyens par rapport à tout ce que nous voulons pour notre vie et celle de nos enfants, nous pouvons le reconnaître et ouvrir notre existence à une autre dimension. Dans l’Évangile lu aujourd’hui, cela s’appelle devenir disciple de Jésus. Dans votre choix de parents qui demandez le baptême pour votre enfant, c’est ouvrir sa vie à une dimension d’amour encore plus grande que celle de l’amour dont vous aimez vos enfants : une dimension divine de vie et d’amour. Et c’est ce que nous essayons de partager avec vous aujourd’hui.

La réussite de nos vies est dans cet amour plus grand que tous les amours humains et qui ouvre une dimension de vie plus grande et plus intéressante que tout ce que nous pouvons imaginer nous-mêmes.

Vous qui êtes convaincus de cela, aimez ! Laissez l’amour de Dieu passer en vous comme une force de vie à partager.

Vous qui doutez, ou vous qui n’y croyez pas trop. Questionnez, observez et essayez. Saisissez les chances qui vous sont données de vivre cet amour plus grand que nos vies. C’est un amour qui vient nourrir nos vies. Cet amour ouvre nos vies à nos enfants, nos frères, nos sœurs, notre femme, notre mari, notre mère, notre père et même notre propre personne. Ils et elles ne seront plus un projet à réaliser et à réussir. Elles deviendront et elles sont déjà les personnes avec qui nous partageons l’aventure de la vie.

Amen.