Une force pour grandir

Cultes présidés par Séverine Schlüter les 29 mai 2021 à Couvet 30 mai 2021 à St-Sulpice (textes au format pdf à télécharger ici)

Lectures bibliques (Trinité) :

Message : une force pour grandir

«Je suis ton père !» Je pense que cette phrase peut

résonner de manière différente pour chacun.e. Pour des

fans de la saga “La guerre des étoiles”, elle revêt une

connotation toute particulière… Dans un des épisodes, en

effet, un des héros de l’histoire est en plein combat avec

son ennemi juré quand celui-ci lui assène cette vérité : «je suis ton père !». Un choc pour le héros… et pour les fans de la première heure qui découvrirent la scène pour la première fois ! Eh oui, la relation père-fils, ou plus largement parent-enfant, elle ne va pas forcément de soi ! Et je le redécouvre tous les jours, depuis que nous sommes devenus parents.

Si l’image du Dieu-père peut être vécu comme un progrès par rapport à celui du Dieu-juge, tout-puissant et souverain, cela ne résout pas encore tout dans la relation qu’on peut avoir avec lui… S’entendre dire «Dieu est ton père», cela peut résonner pour certains comme un gage de proximité, de bienveillance, de protection, de guide… ou pour d’autre être synonyme de sévérité, de rapports conflictuels, d’incompréhension réciproque.

Quelle image Paul avait-il donc en tête ? Tout d’abord, le contexte nous apprend qu’à son époque, l’esclavage faisait partie de la réalité quotidienne. Un esclave a des comptes à rendre à son maître, son lien avec lui est guidé par la crainte qu’il lui inspire ; le fils, lui, est assuré de fait d’avoir part à son statut de membre de la famille, à son patrimoine, à ses biens, sans avoir toujours besoin de prouver sa valeur.

Le terme araméen utilisé «Abba» va même plus loin : on le traduirait plus volontiers par «papa» que par «père» ! M’entendre appeler «mère» ou «maman», ce n’est pas pareil ! J’y entends une nuance de confiance qui m’est accordée. Confiance en mon autorité aussi – même si cela reste un défi de tous les jours.

Dans l’Évangile de Matthieu il est question de la légitimité accordée au Christ : «Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre» : le terme exousia en grec est parfois traduit non par “pouvoir”, mais par “autorité”. Et je trouvais intéressant de noter que le mot français «autorité» vient du verbe latin «augere» qui signifie «faire grandir»…

Tous les jours, je redécouvre l’importance de cette relation de confiance à créer. Cela suppose de la part des parents un cadre à donner, mais aussi de la bienveillance dans son application. Un enfant qui a confiance osera plus volontiers être vrai avec ses parents…

Cette relation de confiance, pour Paul, est donnée par l’Esprit.

La ruah en hébreu, le pneuma, en grec, c’est le Souffle de vie, par lequel Dieu a mis au monde la Création. Par le Christ, ce souffle de vie prend une dimension plus grande encore, il est celui par qui Christ a triomphé de la mort…

Cette force, c’est celle de l’Esprit. C’est lui qui assure ce lien parental et filial. Mais l’Esprit, c’est aussi ce souffle qui nous échappe, qui vient d’ailleurs, nous traverse, et nous envoie aussi plus loin… Car dans cette relation donnée, il y a aussi une invitation : témoigner à d’autres de ce qui a pu être vécu…

C’est en effet par un envoi en mission que se termine l’Évangile de Matthieu : cette relation de fils et de filles, de proximité, de confiance, elle n’est pas à vivre en vase clos, mais appelée à être partagée. Si on partage tout avec le Christ, il nous faut partager aussi sa mission : «Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.»

«Tout ce que je vous ai commandé» peut se décliner de bien des manières, mais peut aussi se résumer dans la double loi d’amour explicité au chapitre 22 de l’Évangile : «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même»

Mais Jésus ne nous laisse pas qu’avec des commandements ou des préceptes ; il nous laisse aussi et surtout avec une promesse : celle de ne pas être seul dans cette mission… mais d’être accompagnés d’une force qui nous tourne vers la vie, malgré les défis à affronter.

Jésus s’en va vers son Père, mais ce n’est pas des adieux qu’il nous fait : au contraire, il annonce qu’il sera plus présent que jamais, avec nous, tous les jours, dans tout ce que nous aurons à traverser.

Il est celui qui nous invite à entendre en nous ce souffle qui nous dit :

«Je suis ton Père, pour te faire grandir ; à la suite de mon Fils, te porter vers les autres et apprendre avec eux, dans chaque situation, à chercher ce qui fait vivre, guidés par mon Esprit et ma force d’amour».

Confession de foi

(Formules tirées de Liturgiciel.ch)

Je crois en Dieu.
Père est son nom.
Rien ne l’arrête, même pas l’impossible.
Du néant, Il fait jaillir la lumière, de l’obscurité, ma vie. Il a tout créé. Tirée de la poussière du monde,
Ma vie n’a de sens qu’en Lui.

Je crois en Jésus-Christ, frère et Seigneur de ma vie. Lumière miraculeuse, jaillie dans la nuit des hommes. Sa condamnation me libère,
et sa résurrection fait éclater l’espérance dans ma vie. La mort n’a pas eu le dernier mot,

et la terre béante a crié victoire au matin de Pâques.
Il m’attend maintenant auprès de Dieu, son Père et le mien.

Je crois au Saint-Esprit, ami et compagnon,
Présence du Père et du Fils au cœur de mes journées, Oasis au milieu du désert, puissance de vie.

Je crois la sainte Église universelle,
messagère de la Bonne Nouvelle qui rend libre. Elle nous enfante à la vraie vie.
Amen.