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Textes du culte d’entrée dans le temps de carême – 21 février 2015 Môtiers. Célébrant: David Allisson
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Salutations
La Grâce et la Paix du Seigneur soient avec nous aujourd’hui et demain, comme elles l’ont été par le passé. Amen.
Le Seigneur aime son pays, la planète Terre, il a pitié de son peuple, l’humanité.
En cette première célébration de carême, j’ai le plaisir de vous accueillir et de vous saluer. Le carême est dans nos Eglises l’occasion de nous informer, de méditer, de prier et de nous engager pour une Terre Nouvelle avec la campagne œcuménique de carême. A Terre Nouvelle, célébration nouvelle, ou nouveauté dans la manière de célébrer : nous entrons dans ce culte à l’écoute d’un texte biblique du prophète Joël que nous méditerons pendant le premier jeu d’orgue.
Questions à méditer
Lecture de Joël 2,12-18
« Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements »
Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil!
Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.
Qui sait? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction: alors, vous pourrez présenter offrandes et libations au Seigneur votre Dieu. Sonnez du cor dans Sion: prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons!
Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre!
Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront:
« Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens! Faudra-t-il qu’on dise: « Où donc est leur Dieu? » »
Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.
Maintenant, revenez à moi de tout votre cœur, dit le Seigneur.
Posons-nous la question : « Qu’est-ce que j’ai à changer dans mon cœur pour revenir au Seigneur ? »
Réunissez le peuple, tenez une assemblée.
Posons-nous la question : « Dans quelle assemblée, avec qui est-ce que je vais partager ma décision de changer mon cœur ? »
Invocation
Nous prions
Gloire à ton nom, ô Dieu de paix,
Viens, Seigneur, poser sur nous ton regard favorable.
Gloire à ton nom, Seigneur Jésus,
Fais-nous chanter ton amour, accueille notre prière.
Gloire à ton nom, Saint Esprit,
Fais-nous marcher sur des chemins de vie nouvelle.
Ouvre-nous à la Terre Nouvelle que tu crées jour après jour.
Amen.
Confesser – Le sel et la boîte à sel
Les disciples de Jésus, c’est comme le sel.
Le sel, c’est salé,
ça a un goût spécial,
ça se mélange à la soupe, ça lui donne du goût.
Cela existerait-il,
un sel qui aurait le goût de l’eau, qu’on pourrait mélanger à la soupe sans que cela se sente ?
Cela ne servirait à rien !
Du sel comme ça serait bon
pour la poubelle !
Les disciples de Jésus, nous les chrétiens,
nous sommes comme le sel de la terre, c’est Jésus qui le dit.
Il ne faut pas avoir peur
d’être différents
à cause de Jésus,
pas avoir peur d’être mélangés aux autres.
On ne met pas la boîte à sel fermée dans la soupe !
Peut-être que des chrétiens entre leurs quatre murs
c’est comme une boîte à sel…
Eh bien, il faut ouvrir la boîte !
Ecole du Dimanche de Clamart, tiré de
Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
Campagne de carême 2015 – cahier liturgique p. 22
Prière
Seigneur Dieu, Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre.
Nous y croyons, Seigneur, parce que c’est toi qui nous donne du goût.
Pardonne-nous de penser parfois que nous sommes de trop petits grains pour oser nous lancer.
Donne-nous l’audace de nous mélanger à la soupe de notre monde.
Ouvre la boîte, Seigneur, et sers-toi de nous pour donner au monde la saveur de ta présence.
Au nom du Christ. Amen.
Prédication
Joël 2,12-18
Marc 1,12-15
Tout de suite après, l’Esprit le poussa dans le désert. Jésus y resta pendant quarante jours et il fut tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la Bonne Nouvelle venant de Dieu. « Le moment fixé est arrivé, disait-il, car le Royaume de Dieu s’est approché ! Changez de comportement et croyez la Bonne Nouvelle ! »
Pour la prédication d’aujourd’hui, je vous propose 4 courtes réflexions à chaque fois suivies d’un moment de silence pour votre réflexion personnelle.
Maintenant, dit le Seigneur, revenez à moi de tout votre cœur. Joël 2,12
Le livre de Joël évoque à plusieurs reprises une catastrophe agricole. Chenilles, sauterelles, hannetons ou criquet envahissent le pays et détruisent les champs. Les récoltes sont anéanties et les gens ont faim.
Aujourd’hui, la surexploitation des ressources du monde pour la production intensive de viande ressemble à ces invasions d’insectes. En Amérique Latine, la forêt est détruite pour laisser place à des plantations de soja destiné à nourrir les poulets dans le monde entier. Nous avons beau manger du poulet élevé localement. La nourriture d’élevage traverse parfois les océans.
Pour les petits paysans et pour la forêt tropicale, c’est une catastrophe semblable à la catastrophe agricole évoquée par le prophète Joël. Les terrains agricoles ne servent plus à produire de la nourriture pour la population locale, mais cette ressource nourrit la viande d’élevage à l’étranger.
Pour un meilleur partage des ressources, nous avons à vivre une conversion. Consommer moins de viande et privilégier la production locale sont les bases de cet agir solidaire. Pourtant, comme beaucoup de gestes écologiques ou solidaires, ils dépendent beaucoup de notre rapport au monde et à Dieu. C’est un geste pour les autres et pour la création divine auquel nous sommes appelés. Cela va au-delà de notre confort individuel. La prière, la méditation et le lien à la création qui nous ouvre à la présence de Dieu construiront et solidifieront ce lien aux autres que nous exprimons dans ces attitudes solidaires.
La documentation de la campagne de carême nous fera réfléchir, méditer et prier sur ces thèmes jusqu’à Pâques.
Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements. Joël 2,13
Revenir au Seigneur, pour le prophète, c’est vivre un deuil. C’est faire rupture avec ce qui s’est passé jusque là. Exprimer ce choix de conversion, c’est entamer un jeûne, dans la repentance et la prière. Une des démonstrations du deuil dans l’Ancien Testament est de déchirer ses vêtements. Ici, le prophète demande à ses auditeurs d’aller plus loin et d’en faire davantage : Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements.
Pour la pensée de l’Ancien Testament, le cœur, c’est l’être humain en tant que volonté et intelligence. Déchirer son cœur en signe de deuil, ce n’est pas un engagement sentimental ou de bonne résolution comme au nouvel an chez nous. C’est ici un engagement de toute la personne, dans sa volonté et dans son intelligence.
Une conversion pour le partage de la justice de Dieu pour le monde et pour l’humanité va au-delà de la bonne résolution et du partage de sentiments. C’est un engagement de notre volonté et de notre intelligence. Nous sommes invités à un choix conscient et raisonnable de partage des ressources de notre monde. De la même manière, à l’écoute des mots du prophète Joël, nous sommes invités à nous engager dans la foi avec cœur. Notre engagement de foi est conscient et raisonné.
Aussitôt, l’Esprit poussa Jésus au désert. Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. (Mc 1,12-13 TOB)
40 jours, c’est la durée du Carême. En mélangeant les époques on pourrait dire que l’Esprit fait entrer Jésus en Carême. Au désert, Jésus est seul face aux bêtes sauvages : il n’est pas dit qu’il n’en avait pas peur ! Le désert est le lieu du dépouillement par excellence. Jésus y est seul. Il est vulnérable face aux bêtes sauvages. Il y bénéficie aussi de l’engagement du Père à son égard : les anges le servaient.
Notre désert, c’est peut-être les occasions qui nous sont données de faire un retour sur nous-mêmes qu’on appelle aussi repentance. Notre désert, c’est une invitation à nous reconnaître comme ayant besoin de Dieu parce que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes.
Notre tentation, c’est peut-être de penser que nous devons par nous-mêmes faire face à ce qui nous trouble et nous fait peur. Nous pouvons être tentés de lutter seuls contre nos soucis, nos tensions, nos malheurs.
C’est sûrement à ce moment-là que nous avons besoin d’entrer en désert. L’Esprit nous pousse à nous mettre en retrait pour faire de la place à une nouvelle ouverture. Nous avons besoin de sentir que seuls, ce n’est pas possible. Nous avons besoin de déposer ce qui nous tourmente. Cela nous rend disponibles à la présence de Dieu et des autres : les anges le servaient. Les anges, c’est Dieu qui se met à notre service, c’est Dieu qui nous soutient et qui nous redresse.
« Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » (Mc 1,15 TOB)
Pour Jésus, le temps de retrait et de retour sur lui-même ressemble à une mise en route dans l’évangile selon Marc. Juste avant ce passage, on a pu lire que Jésus a été baptisé par Jean et que le ciel s’est ouvert. Et une voix se fit entendre du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; je mets en toi toute ma joie. » Marc 1,11.
Accepté comme Fils bien-aimé au moment de son baptême, soutenu par la présence de Dieu au moment de la tentation, Jésus reçoit la confiance en lui qui lui permet de commencer la prédication de la Bonne Nouvelle, de l’Evangile qui annonce que le Règne de Dieu s’est approché !
Il appelle à faire confiance, à changer pour tenir, à croire.
Jésus est un Seigneur nu et fragile lorsqu’il sort de son baptême et de sa tentation pour proclamer l’avènement du Royaume de Dieu : par cette proclamation, cette invitation, cet appel, il répond vraiment à sa fragilité, à sa nudité incarnée et humaine. Annoncer l’avènement de Dieu envers et contre tout, c’est en effet la seule chose qu’il ait à faire valoir pour « se défendre ».
Prière d’intercession
Seigneur, fais que nous voyons l’Economie qui asservit l’Homme au lieu de se mettre à son service. La Terre que l’on épuise, ses ressources gaspillées au profit d’une minorité.
Seigneur, fais aussi que nous voyons le commerce équitable, l’épargne solidaire, la prise de conscience écologique, le refus de prendre le monde pour une marchandise.
Seigneur, fais que nous voyons les murs que l’on construit sur les oliviers arrachés. Les attentats fanatiques qui répondent aux bombardements aveugles.
Les enfants exploités, brisés, massacrés au milieu des bombes à fragmentation et des mines abandonnées. Toutes ces blessures qui mettront des générations à se refermer.
Seigneur, fais aussi que nous voyons tous les mouvements pour la paix, tous les dialogues qui se nouent en dehors des dirigeants, tous ceux qui veulent sortir des cycles de racisme, de haine et de vengeance.
Seigneur, fais que nous voyons les hommes de justice et de paix arrêtés, bâillonnés, torturés, exécutés.
Seigneur, fais aussi que nous voyons Amnesty International, Human Right Watch, ACAT, Reporters Sans Frontières…
Seigneur, fais que nous voyons ceux qui meurent de faim, de manque de soins ou de manque d’espoir.
Seigneur, fais aussi que nous voyons le Centre Social Protestant, Pain Pour le Prochain, Action de Carême, Médecins du Monde, Handicap International, Emmaüs…
Seigneur, fais que nous voyons nos nations, nos sociétés, nos familles qui se referment sur elles-mêmes.
Seigneur, fais aussi que nous voyons tous ceux qui autour de nous ont fait le pari de l’ouverture et de la main tendue.
Seigneur, fais qu’en tant qu’hommes et femmes nous acceptions de voir tout cela. Seigneur, aide-nous en tant que chrétiens à nous engager et agir.
Au nom de l’Amour que tu nous as révélé. Amen
Jean-François Mourdon, tiré de
Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap,
campagne de carême 2015, cahier liturgique p.22