Qui nous sommes

Culte Terre Nouvelle

Dimanche, 25 février 2024 – 10h Fleurier

Prédication

de Cyprien Mbassi

Lectures bibliques :

Psaume 84 / 1 Corinthiens 12, 21-27

Chers frères et sœurs,

La lecture que nous venons d’écouter nous rappelle qui nous sommes. C’est assez surprenant. Nous savons tous qui nous sommes et nous n’avons pas besoin qu’on nous le rappelle. Si on vous demande qui vous êtes, vous direz vos nom et prénom, votre âge, votre profession, votre situation familiale. Vous ajouterez éventuellement que vous appartenez à tel club de musique, de badminton, ou d’équitation.

Mais qui, parmi nous, dira en se présentant qu’il est membre du corps du Christ ? Un club qui se réunit tous les week-ends et parfois en semaine. Un club dont le réseau s’étend à travers le monde entier et qui reste aujourd’hui la première appartenance religieuse en termes de nombre. 

« Vous êtes le corps du Christ », nous rappelle l’apôtre Paul. « Vous êtes, chacun, membres de ce corps », poursuit-il. Notre identité de croyants est d’être membres du corps du Christ. Et dans un autre verset, Paul précise : « C’est dans un unique Esprit que vous avez été baptisés pour former un seul corps » (1 Co 12, 13).

Nous sommes un groupe d’individus porteurs d’une même foi. Nous sommes un groupe d’individus animés par le même Esprit : l’Esprit de Dieu. Même si nous sommes des individus distincts, l’unique Esprit qui nous anime fait de nous un seul corps. Nous formons un corps spirituel dans le Christ.

Si nous sommes membres de son corps, cela signifie que le Christ ne néglige aucun de nous. Il est attentif à chacun de nous. Il est sensible à nos besoins, à nos joies, à nos peines, à nos souffrances.

J’aime bien citer Saint Augustin quand il dit : « Dieu prend soin de chacun de nous comme s’il n’avait à prendre soin que de lui seul » (Les Confessions). Jésus lui-même nous rassure dans l’Evangile : « Quant à vous, dit-il, même les cheveux de votre tête sont tous comptés » (Mt 10, 30).

Et l’attention que le Christ a pour nous, l’apôtre Paul nous demande de l’avoir les uns à l’égard des autres : « Si un seul membre souffre, dit-il, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie » (1 Co 12, 26).

Quand nous avons une grosse migraine ou un mal de dos, c’est tout le corps qui est contraint au repos. Le corps entier souffre et s’adapte à la partie qui est affectée par la douleur. De même, parce que nous sommes membres du corps spirituel du Christ, Paul nous demande d’être sensibles à ce que vivent les autres. Il nous demande de partager leurs joies et d’être attentifs à leurs peines, à leurs souffrances.

Nous le savons, le corps matérialise notre présence dans un lieu. Si nous sommes membres du corps du Christ, alors nous sommes présence du Christ les uns aux autres. A travers les besoins des autres, c’est le Christ lui-même qui frappe à la porte de notre cœur. Il le dit dans l’Evangile : « Qui vous accueille m’accueille » (Mt 10, 40). Et dans un autre passage, il dit : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Le souci des autres, c’est aussi toute l’attention que nous portons à ce qui favorise leur épanouissement. C’est l’attention que nous portons à la vie et aux conditions favorables à la vie :

Quand nous agissons pour le climat, nous créons des conditions favorables à la vie.

Quand nous prenons soin de l’environnement, nous créons des conditions favorables à la vie.

Quand nous revoyons notre manière de consommer, de traiter les déchets, de protéger les espèces menacées, de préserver les paysages, nous créons des conditions favorables à la vie.

L’image du corps ne décrit donc pas seulement notre lien au Christ. Elle dit aussi le type de rapport à avoir avec les autres au nom du Christ. L’image du corps modifie notre façon de regarder les autres. Le corps est formé de plusieurs parties différentes : la main n’est pas le pied. L’œil n’est pas l’oreille. Le nez n’est pas la bouche. Toutes ces différences cohabitent pour former un seul corps. Un corps unique où chaque partie joue son rôle pour l’épanouissement du tout. Un corps unique que chaque partie enrichit de sa différence.

Or, nous vivons dans un monde où la différence provoque parfois la méfiance et l’éloignement, plutôt que la rencontre et la cohabitation. Nous vivons dans un monde où la différence est parfois synonyme de suspicion, d’inquiétude et de menace. L’inquiétude que nous ressentons à l’approche d’un étranger – qu’il soit d’ici ou d’ailleurs – ne nous dit rien de lui. Elle nous dit surtout quelque chose de nous-mêmes. C’est l’occasion de revisiter notre regard pour que la différence qui vient à nous, nous livre ses secrets. C’est l’occasion de reconnaître dans l’étranger, le Christ qui vient à notre rencontre.

L’Esprit qui fait de nous des membres du corps du Christ est un esprit de vie. L’autre est rayonnement de cette vie auprès de nous, tout comme nous le sommes à son égard. Amen.