Que ton nom soit sanctifié – culte des 9 et 10 juillet 2016

Cultes du samedi 9 juillet 2016 à Môtiers et du 10 juillet 2016 aux Verrières – Prédication de Séverine Schlüter à télécharger en pdf

Série de cultes d’été sur le « Notre Père »

Lectures de la Bible

Exode 3, 1-7 et 10-15

Matthieu 16, 13-20

Prédication

“Je suis incapable de te nommer, parce que ton essence m’est inconnue: et si quelqu’un me disait que tu portes tel ou tel nom, par le fait même qu’il te nomme, je saurais que tel n’est pas ton nom.”

Ceci est une citation de Nicolas de Cuse. Elle nous dit tout le paradoxe qu’il y a à essayer de parler de Dieu. Comment donner un contour à ce qui n’en a pas, à ce qui nous dépasse ?

Quand j’étais à La Chaux-de-Fonds, lors d’une préparation de mariage, la future mariée me disait la difficulté qu’elle avait à utiliser ce mot. Comment dire ce qu’est Dieu, qui il est ? On ne peut pas parler de ce que l’on ne connaît pas !

Pourtant, le Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testament est un Dieu qui se révèle, qui se fait connaître. Ce jour-là, Moïse est attiré par un phénomène étrange : un buisson qui brûle, sans se consumer…

Pour nous qui ne l’avons pas vécue, cette scène est difficile à visualiser. Et on sent que l’auteur a eu de la peine aussi à la décrire. Nos mots humains ne suffisent probablement pas à décrire ce qui s’y passe… pourtant ils suffisent à nous faire comprendre que quelque chose d’inhabituel est en train de survenir.

De même, nos mots humains ne suffisent pas pour décrire qui est Dieu, mais nous en avons besoin pour essayer de s’approcher de cette réalité qui nous dépasse.

Dès le moment où Dieu se manifeste, où il entre en relation, où il envoie en mission et demande d’être son témoin, il faut bien utiliser un nom pour en parler !

C’est un peu le problème de Moïse quand il vit son expérience vers le buisson : quelqu’un lui parle du milieu des flammes, quelqu’un l’envoie auprès de Pharaon… mais l’Egypte a tant de dieux ! Quel nom donnera-t-il pour justifier son envoi en mission ?

La réponse vient… en 4 lettres. En français cela donne YHWH On suppose que ce nom devait se prononcer “Yahvé”. On suppose… car par respect les juifs ont renoncé à le prononcer – pour ne pas enfreindre le commandement du décalogue : “Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain”. On le remplace par Anonaï – “Seigneur”.

Mais ces 4 lettres sont restées par écrit. Elles sont proches du verbe hébreu “être”, c’est pourquoi on les traduit souvent par “je suis”, ou “celui qui est”, ou même “je suis qui je serai”, ou encore “Le Vivant”… On pourrait peut-être dire aussi que Dieu est “L’Etre absolu”, l’essence-même de la vie… mais quoiqu’on dise, on ne pourra jamais saisir complètement ce mystère. Quels que soient nos efforts, dès qu’on parle de Dieu, on lui donne des limites!

Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles la Bible emploie tant de noms, de qualificatifs ou d’images différentes pour parler de Dieu : c’est le Créateur, le Tout-Puissant, le Seigneur, l’Eternel, le Berger, le Saint, le Très-Haut, le Rocher, le Père, le Roi des nations, le Dieu des armées, le Sauveur… et j’en oublie sûrement.

C’est comme si on voulait essayer de saisir le plus de facettes possibles de Dieu…

Un peu dans la même veine, l’Eglise a inventé aussi le concept de “Trinité” : un Dieu en 3 personnes, à la fois Père, Fils et Saint-Esprit. Un Dieu en relation au sein de lui-même, et désireux d’intégrer les humains à cette relation.

Cela rappelle ce que Patrick disait sur la première phrase de la prière : “Notre Père qui est aux cieux”. Un Dieu à la foi insaisissable, mais qui choisit de se faire proche, de faire partie de notre histoire et de nos vies.

Cette proximité s’est manifestée plus concrètement encore avec la venue du Christ : tout à coup, dans notre histoire, Dieu a pris un visage. Celui de Jésus, le Sauveur, qu’on appelle aussi Emmanuel, “Dieu avec nous”.

Les contemporains de Jésus se sont interrogé sur lui, sur sa personne : “que disent les gens à mon sujet”, demande-t-il ? Certains ont dit Jean Baptiste ; d’autres, Élie ; ou Jérémie ou un des prophètes… “Et pour vous ?” poursuit Jésus…

Simon-Pierre répond : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant”.

Pour Jésus, cette affirmation ne vient pas directement de Pierre, mais c’est une révélation qui lui a été faite par son Père qui est dans les cieux. C’est en s’approchant de lui et en se mettant à son écoute que nous pourrons mieux saisir qui il est.

Pour Jésus, Dieu a donc un nom : “Père”. C’est ainsi qu’il nous invite en tout cas à le prier.

Mais ce nom doit aussi être “sanctifié”. A nouveau un concept difficile à saisir ! Etre sanctifié, cela signifie “être mis à part”. Sanctifier le nom de Dieu, c’est donc lui donner toute la place qui lui revient, le mettre au centre, au cœur de notre vie.

Plus que de parler de lui, il s’agit de lui parler, et l’écouter.

Si Dieu recherche la rencontre, c’est à nous aussi de décider si nous allons prendre le temps de cette rencontre avec lui ! Faire un détour, comme Moïse, nous arrêter et prendre le temps de l’écoute, nous laisser mettre en route.

“Vous, qui dites-vous que je suis ?”

C’est un appel à se mettre à l’écoute, de découvrir comment la présence de Dieu résonne en nous, comment elle nous habite.

A moïse, Dieu s’est révélé comme “Je suis”. En Jésus, Dieu se manifeste comme “Dieu avec nous”. Dieu est donc celui qui est présent, qui est là, à chaque instant. Un Dieu qui se donne à connaître pour chacun dans la situation qui est la sienne.

C’est pourquoi j’avais envie de finir avec cette prière de Francine Carillo :

Depuis l’aube des temps, Tu es!

Et ton nom passe dans notre histoire

comme passe la source au désert

Que savons-nous de toi, sinon cette faim en notre cœur

qui nous tient vivants?

Depuis l’aube des temps, Tu es!

Et ton nom résonne de mille noms au creux de nos vies

Nom de route

aux jours où monte la tentation de s’arrêter

Nom de paix

dans la violence qui barre nos relations

Nom de tendresse

quand la morsure de la solitude se fait vive

Nom de confiance

aux nuits où l’angoisse déborde

Nom de vérité quand tout ressemble à rien

Nom d’avenir quand demain se dérobe

Depuis l’aube des temps, Tu es!

Et ton nom, chaque jour, nous invente un chemin

Au silence de nos cœurs,

viens souffler ton nom pour aujourd’hui!

Amen.