Quand la peur nous empêche d’aimer

Message du dimanche 15 novembre 2020

Chèr.e.s ami.e.s, si le Covid nous contraints une nouvelle fois à suspendre nos cultes, il ne nous empêchera pas de partager ensemble ces moments importants pour notre communauté. Voici ci-après, l’essence du message qui devait être présenté ce dimanche à Travers, lors d’un culte du temps ordinaire, 33ème semaine.

Lectures bibliques : Matthieu 25, 14-30 (la parabole des talents)

                                     1 Corinthiens 3, 9

Message

Beaucoup d’entre vous connaissent mon attachement à mon chien Sugus ! Mais voilà, il arrive sur ses 12 ans et pour un Labrador, c’est déjà un beau parcours. Il faut apprivoiser l’idée que cette complicité aura une fin assez proche.

Parfois, on me demande si je reprendrai un chien après Sugus. Et je me surprends à penser que je suis indécise… Par peur de trop m’attacher à nouveau, par peur de ne pas retrouver les mêmes liens qu’avec Sugus, par peur de ne pas avoir assez d’énergie pour offrir à un nouveau chien de longues balades, par peur…

C’est en étudiant la parabole des talents (Matthieu 25, 14-30) que je me suis aperçue que je raisonnais comme le 3ème serviteur ! Car c’est la peur qui a dicté sa conduite et qui me fait hésiter à reprendre un chien.

La peur n’est pas toujours négative. Elle peut même nous sauver la vie quand elle nous dicte de partir en courant face à un agresseur. Mais il y a la peur, pas toujours rationnelle, qui nous empêche d’avancer, qui bouche notre horizon, qui sclérose notre créativité et nos élans.

Mais revenons à notre parabole avec d’abord une précision historique et linguistique : le mot latin « talentum » désigne un poids et une somme d’argent considérable, l’équivalent de 17 années de travail pour l’époque ! Ce qu’il faut retenir, c’est que le maître confie probablement toute sa fortune à ses 3 serviteurs.

Relisez donc encore une fois cette histoire et vous arriverez aux mêmes observations que moi : le maître part très loin, longtemps, sans donner ni consignes, ni recommandations à ses serviteurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le maître :

  • a une confiance illimitée en ses serviteurs
  • leur offre la totale liberté de faire ce qu’ils veulent de cet argent
  • prend en compte leurs limites respectives, puisqu’il leur donne une fortune « selon leur force »

Bref, les serviteurs ont reçu les pleins pouvoirs, et cela parait complètement irréel !

Puis le maître revient faire les comptes. Les 2 premiers serviteurs ont fait fructifier la fortune. Ils ont accompli des démarches, ils ont palabré, échangé, bref, ils ont OSE « remettre en jeu » le trésor. Ils ne se sont pas demandé s’ils sauraient, s’ils  pourraient. Ils ont fait confiance.

Le 3ème cache et enterre son capital-trésor. Par peur de le perdre ? Par peur de la réaction de son maître ? Il est comme empêché d’agir, il renonce, il n’ose pas. Il passe à côté de quelque chose qui aurait pu changer sa vie. C’est comme s’il refusait la confiance, la liberté et la responsabilité qui lui ont été offertes par le maître. Il est prisonnier de l’image qu’il se fait de celui-ci, qu’il croit être exigeant, intransigeant, arbitraire. Et le maître le lui reproche. Personnellement, je m’achoppe avec le jugement et la punition annoncée, mais peut-être qu’un jour, je comprendrai cette partie-là !

Toujours est-il que comme dans toute parabole, celle-ci contient un sens caché. Je n’ai pas la prétention de vous donner la signification exacte de ce qu’a voulu exprimer l’Evangéliste Matthieu. Il s’agit de pistes, de réflexions à poursuivre.

Le maître de la parabole, c’est le Christ. Il donne tout ce qu’il possède. Et on ne parle pas de qualités ni de charismes, mais de la Parole de Dieu qui a été transmise par la foi, l’espérance, l’amour.

Les serviteurs, c’est nous ! Nous avons les pleins pouvoirs et la liberté de choisir ce que nous voulons faire de ce trésor. Quand je me laisse guider par la peur (peur de mal faire, de ne pas savoir, de trop aimer, de mal aimer, peur d’être déçu, peur de souffrir ou de se voir voler le trésor), je risque de me recroqueviller, de me fermer et de ne jamais reprendre de chien après Sugus ! Je peux aussi me laisser guider par la confiance et la foi que le cadeau fabuleux de Dieu est pour moi, qu’il me fait confiance et que je peux réellement être une de ses co-ouvrières ! (1Corinthiens 3, 9). Alors, « selon ma force », je pourrai donc encore recevoir et donner de l’amour à un autre chien !

       

    Notre prière pour :

   – Les personnes et les familles en deuil

  – Les personnes qui souffrent de la

     pandémie

  – Le personnel des EMS et des hôpitaux

   – La population des USA