« Prenez bien soin de vous »… entre Narcisse et sacrifice!

7 juin 2020 – Fleurier. Culte célébré par Véronique Tschanz A.

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Retrouvailles, douceur, simplicité … ce sont les mots qui sont venus en préparant ce moment de culte dans une forêt de la Côte aux Fées !

Retrouvailles… mais pas comme avant, encore timides, encore dictées par la distance, la prudence, parfois la peur. Chacun a le droit de vivre ces retrouvailles à son rythme, avec sa propre histoire de vie.

Douceur…du lien qui se tisse à nouveau, de la musique partagée, des regards et paroles qui s’échangent de loin. Nous avons besoin de douceur…parce que la pandémie a été cruelle, violente pour certains et laisse des traces.

Simplicité… parce que cette période chamboulée nous a appris l’humilité et nous a montré que nous ne maîtrisons pas grand’ chose. Simplicité… et peut-être l’occasion de redécouvrir la lenteur, le silence, l’introspection.

Je nous propose de vivre ce culte sur ce chemin de retrouvailles, de douceur et de simplicité. La musique sera notre guide pour créer une unité… l’orgue nous emmènera dans des variations d’un même thème musical.

Le thème que j’ai choisi d’aborder a trait à une phrase que nous avons beaucoup entendu dans ce temps de semi-confinement : « Prenez soin de vous » !

Qu’est-ce que cela signifie du point de vue spirituel ?

A l’aide de questions, suivies de silence, puis de textes bibliques, je vous proposerai quelques pistes sous l’angle de Dieu, du Christ et de l’Esprit saint.

Invocation

Faire halte

Dans le tumulte du temps

Donner de l’espace

À la quête du sens

Laisser l’instant

S’ouvrir aux retrouvailles

Tramer les fils de la patience

Jusqu’à toi,

Tel un corps de femme

Tissant l’enfant à naître

Pour te rejoindre enfin

Là où le silence éclot                            Francine Carillo

Orgue sur le thème du chant : « Louange à toi, premier Vivant »

Question 1 : « Comment Dieu prend-il soin de moi ? 

La Bible, par le biais d’hommes et de femmes, témoigne de l’amour de Dieu pour ses Créatures. Dieu prend soin de nous.

Je nous pose la question :

« Comment Dieu prend-il soin de moi ? »

1 minute de silence

Lecture de Esaïe 43, 1-4

Commentaire

Dieu donne un nom à son peuple. Donner un nom est un acte créateur.

Rappelez-vous quand vous avez choisi le prénom de votre enfant… à  cet enfant que l’on n’a pas encore vu, dont on ne sait pas s’il aura les yeux bleus, les cheveux noirs, les oreilles décollées et le nez busqué, on lui donne une identité en choisissant son nom.

En donnant au peuple son nom Israël, Dieu lui donne une existence, une identité.

Et en disant au peuple : « Tu m’appartiens », il lui fait savoir qu’il est Créateur, engagé et responsable envers sa créature. Dieu s’investit de la responsabilité de prendre soin d’elle.

Mais cela ne signifie pas que le Créateur s’engage à garantir une vie sans embûches : il y aura des feux à affronter, des eaux à traverser, des pandémies à dépasser… mais dans ces épreuves, Dieu affirme son engagement.

Son engagement, c’est cette déclaration d’amour : Esaie 43, v. 4

Un amour qui se décline sur le mode du lien… lien exprimé par le don du nom et par le rachat au travers duquel Dieu a redonné sa dignité à son peuple.

Cet amour perdure de la part de Dieu, même si l’humain vacille.

Dieu prend soin de nous en nous donnant une existence / une identité.

Dieu prend soin de nous en s’engageant à nos côtés dans nos parcours lisses ou chaotiques.

Orgue

Question 2 : « Où en suis-je avec l’amour de moi-même ? »

La fameuse maxime cartésienne « je pense, donc je suis », est décalée dans la Bible et devient : « je suis aimé donc je suis ». Cela semble facile, énoncé ainsi, mais je nous pose cette 2ème question :

« Où en suis-je avec l’amour de moi-même ? »

1 minute de silence

Lecture biblique : Matthieu 22, 34-39

Commentaire

Aime ton prochain… « Comme toi-même »… c’est peut-être la partie la plus compliquée du commandement de Jésus.

Le christianisme a engendré des gens qui se sont sacrifiés corps et âme pour gagner les faveurs de Dieu.

Le libéralisme, quant à lui, a accouché de nouveaux Narcisse… vous savez, cet homme de la mythologie grecque : il est amoureux de sa propre image. Un jour qu’il se contemple dans un étang, il est ébloui par sa beauté. Il veut la rejoindre, se jette dans l’eau et se noie.

Il y a aussi ces gens s’aiment tellement peu qu’ils ne veulent surtout pas se faire remarquer. Ils se dénigrent, ont peur du regard des autres et s’effacent complètement.

Alors comment s’aimer soi-même et prendre soin de soi ?

Et si c’était : se mettre à l’écoute de ce qui nous rends davantage vivants ?

Cela peut se traduire par des choses très concrètes : créer du patchwork, rencontrer ses petits-enfants, rester dans le silence, sculpter, visiter des personnes âgées, lire, travailler, marcher dans la nature, s’occuper de son jardin , faire de la musique, prendre soin d’un animal… autant de façons d’être qui soient en accord avec nous-mêmes, qui nous apportent de la joie, de la paix, qui nous permettent de vivre en harmonie avec nos valeurs, qui nous relient à qui nous sommes réellement, donc à Dieu et aux autres.

C’est une tâche ardue car des obstacles se sont accumulés sur la route qui mène à nous-mêmes. Des expériences blessantes (manque de reconnaissance et d’amour, absence de bienveillance, exigences exorbitantes, relation d’emprise, etc.) nous ont poussés à nous réfugier derrière des masques, à revêtir une armure ou à ériger des murs de protection.

Vivre en paix avec son histoire, avec ses fragilités, ses forces, accepter de se laisser regarder et aimer par Dieu, c’est le travail de toute une vie !

Orgue

3ème question : « Qu’est-ce que j’ai appris sur moi et sur Dieu en ce temps de crise ? »

S’aimer soi-même, c’est probablement le travail de toute une vie. Et peut-être que chaque crise existentielle nous offre l’occasion de nous laisser bousculer, chambouler pour aller un peu plus loin dans notre expérience de l’amour de Dieu et donc dans le « s’aimer soi-même ». D’où ma 3ème question :

« Qu’est-ce que j’ai appris sur moi et sur Dieu en ce temps de crise ? »

1 minute de silence

Lecture biblique : Actes 2, v. 1a + 36-39

Commentaire

Selon le livre des Actes, Pierre prononce le discours que nous venons d’entendre après la Pentecôte. Qu’avait-il appris sur lui et sur Dieu dans ce temps de crise ?

Je me suis demandé comment Pierre avait pu surmonter sa culpabilité et se pardonner d’avoir renié et abandonné Jésus.

Comment a-t-il retrouvé la force de se relever, de témoigner et de poursuivre la mission en ce temps de deuil ?

Serait-ce grâce au souffle qu’il a reçu ? Oui, mais pas n’importe quel souffle, puisqu’il s’agit du même mot qui est employé dans la Genèse, au moment de la création du monde.

Par ce souffle, c’est la vie qui s’exprime, qui permet de se libérer, de retrouver des élans, de pardonner, de se pardonner et d’apprendre à se percevoir autrement.

Un souffle qui bouscule l’ordre établi, qui transforme.

C’est peut-être ce souffle de vie qui a permis à Pierre de prendre soin de lui, de se pardonner et de s’aimer malgré ses erreurs.

La bonne nouvelle, c’est que ce souffle est promis non seulement aux disciples, mais aussi aux générations à venir, pour toutes celles et ceux qui vivent au loin… donc nous !

Oui, l’Esprit de Dieu souffle, en temps de crise, mais pas seulement !

Il continue de nous apprendre l’amour de Dieu et il nous invite à prendre soin de nous, à nous aimer, à nous pardonner comme autant de réponses à cet amour. Amen

Orgue

Bénédiction « en écho » (chacun bénit son voisin en répétant une phrase après moi)

Que la route s’ouvre à ton approche
Que le vent souffle dans ton dos,
Que le soleil réchauffe ton visage,
Que la pluie ruisselle dans tes champs,
Et que, jusqu’à la prochaine rencontre,
Dieu te garde dans la paume de ses mains.

Prends la route sans attendre
Ami, frère ou étranger.
Écoute le murmure du blé qui lève,
Il est plus fort que le fracas des murs qui s’écroulent…
Prends la route sans attendre
Les défis du monde sont dans tes mains.
Choisis de grandir, de prendre la parole,
Aujourd’hui c’est déjà demain.

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