Prendre le temps de s’arrêter – Prédication du 2 juin 2024

Culte du 2 juin 2024 à 10h à Buttes, baptêmes de Nathan et d’Andrea

Textes :

Prédication : prendre le temps de s’arrêter

de Patrick Schlüter

Avez-vous des invités aujourd’hui à midi ? Des invités, ou alors une réunion de famille ?

Comment vous êtes-vous organisés ?

Aller au restaurant, cela simplifie l’organisation.

Quand on a des invités, il faut s’affairer et répartir les tâches. Choisir un menu, mettre la table, préparer à manger si possible à l’avance, mais certains plats nécessitent qu’on s’en occupe pendant que les invités sont là.

Les invités justement, qui va les recevoir, leur servir l’apéritif, rester avec eux pour discuter. Ensuite, il y aura la vaisselle à débarrasser, le dessert et le café à servir.

Cette expérience d’avoir des invités et de devoir s’organiser en conséquence, nous l’avons déjà tous vécue et elle n’est pas toujours simple. 

Manifestement, ce n’était pas tout simple non plus au temps de Jésus. Marthe s’affaire tant et plus. Si bien que des frustrations naissent en elle : ma sœur Marie ne pourrait-elle pas m’aider ?

Je pense que si vous avez déjà dû vous organiser pour avoir des invités, vous avez peut-être parfois ressenti la même chose que Marthe :

« Moi, je me démène en cuisine et je ne profite pas des invités. Si ma femme, mon mari, mon fils ou ma fille pouvait un peu m’aider au lieu de seulement discuter. »

Ce sentiment, on peut l’exprimer de différentes manières : silence, soupirs, mauvaise humeur, jurons tout seul dans sa cuisine.

Marthe, elle, choisit de s’adresser à Jésus et lui demande : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’a laissée seule à faire le service ? Dis-lui donc de m’aider ! »

Marthe attend que Jésus lui donne raison et envoie Marie au service pour la paix et le bon fonctionnement de la maison.

Et franchement, si on s’est déjà trouvé dans cette situation de devoir tout gérer, on la comprend bien Marthe de solliciter un peu d’aide !

Jusqu’ici tout va bien, nous pouvons suivre l’histoire… Mais Jésus a une réponse étrange : il justifie pleinement l’attitude de Marie !

Je ne sais pas comment vous ressentez cela. Quant à moi, en réfléchissant à ce texte, j’ai essayé de dire cette réponse de Jésus sur différents tons et elle peut sonner de façons très différentes :

Jésus pourrait être irrité : « Marthe, tu nous embêtes, tu vois bien qu’on discute et c’est important. Ce n’est quand même pas si compliqué de gérer le service. Tu t’inquiètes pour rien. »

Il pourrait aussi être ironique : « Marthe, c’est toi qui as voulu être aux fourneaux. La prochaine fois, tu n’auras qu’à faire comme Marie, mais maintenant la place est prise. Il te faut assumer ton choix ! »

Quant à moi, j’imagine un Jésus plus doux. D’ailleurs, il prononce deux fois le prénom de Marthe : « Marthe, Marthe, ce que tu fais est important, mais là, tu t’inquiètes trop, ton souci va te ronger, tu perds de vue ce qu’il y a de plus important. Viens, tu peux t’arrêter un moment. Fais comme Marie, assied-toi avec nous. »

Petite pause.

Dans cette histoire, on peut opposer Marthe et Marie, mais aussi les réunir et se reconnaître en chacune d’entre elles, cela dépend du moment. Il y a un temps pour agir, un temps pour écouter, réfléchir, méditer et prier.

Dans nos vies, nous avons besoin de ces deux aspects pour notre équilibre. Nous en avons besoin pour notre vie de tous les jours : temps de travail, de ménage et temps de repos nous sont tous les deux nécessaires.

Nous avons aussi besoin de ces deux aspects dans notre vie spirituelle. Nous sommes appelés à être tour à tour Marthe qui se met au service des autres, prend soin d’eux. Nous sommes appelés à être Marie qui écoute la parole du Seigneur, qui prend le temps de l’écoute et de la prière.

Une vie spirituelle équilibrée, tout comme une vie équilibrée, prend soin de ces deux aspects. La foi appelle à l’action, au service des autres, mais aussi à l’écoute et à la prière quelle qu’en soit la forme.

Une réflexion célèbre parle de cet équilibre en disant :

« Nous sommes appelés à prier comme si tout dépend de Dieu et nous sommes appelés à agir comme si tout dépend de nous ». Les moines bénédictins avaient pour devise : « ora et labora », ce qui signifie « prie et travaille ».

C’est à chacun de savoir aujourd’hui s’il se sent plus proche de Marthe ou de Marie. Cela peut dépendre des périodes, de notre santé ou de notre âge.

Aujourd’hui, nous pouvons aussi entendre l’invitation faite à Marthe : « Toi, ici et maintenant, quel que soit ton nom, tu peux t’arrêter et te reposer, car tout ne dépend pas de toi. Il y a un amour de Dieu qui te précède, qui t’es donné gratuitement. Tu peux t’arrêter, le saisir, même si tu ne comprends pas tout, si tu te poses beaucoup de questions. Tu peux simplement prendre le temps de savourer la vie. »

Les baptêmes de Nathan et Andrea sonnent aussi comme une invitation : à s’arrêter, à prendre conscience que nous pouvons lâcher-prise, simplement faire confiance que la parole de Dieu agit et fait son chemin dans les vies de Nathan et Andrea, dans nos vies et dans le monde.

Le prophète Esaïe exprimait déjà cette promesse de la part de Dieu « Comme la pluie descend du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir fait bourgeonner la terre, ma parole non plus ne revient pas à moi sans avoir fait son effet »

C’est aussi un regard d’espérance à poser sur le monde au-delà de toutes les difficultés actuelles.

Nathan et Andrea vont grandir et se développer et c’est le miracle de la vie que vous constatez déjà.

En chacun et chacune de nous, la parole de Dieu aussi veut faire son chemin. Aujourd’hui, nous pouvons prendre le temps de nous arrêter, prendre le temps de contempler la nature, un enfant qui grandit. Nous pouvons prendre le temps de l’écoute et de la prière. Cela nous est offert et personne ne peut nous le prendre, à part peut nous-mêmes. Mais Dieu continue de nous l’offrir !

Amen.