A l’occasion de la préparation de la revue paroissiale et du camp de catéchisme qui s’annonce, j’ai relu cette prédication de l’année dernière. J’ai choisi de l’envoyer pour le Prix suisse de la prédication. Comme elle n’avait pas été publiée sur le blog de la paroisse, la voici ci-dessous :
Pour le texte biblique en français courant : Matthieu 14, 22-33 en français courant
Pour télécharger le pdf : PredicationMt14
Texte : Matthieu 14, 22-33 – Prédication pour les cultes de fin de catéchisme des 19 et 26 mai 2013
Remarques introductives à propos du contexte :
Cette prédication a été prononcée lors de deux cultes de confirmation (une trentaine de catéchumènes répartis en 2 groupes pour les cultes de confirmation qui ont eu lieu à Fleurier et à Couvet). Le public (250-350 personnes lors de chaque culte) est varié : paroissiens fidèles, catéchumènes, familles proches de l’Eglise et pour la majorité sans pratique cultuelle régulière.
Comme décrit dans le texte de la prédication, le camp de catéchisme a eu lieu à l’Ascension peu avant les cultes de confirmation. La quête de Jésus et de sa présence aujourd’hui a été stimulée par les personnages fictifs d’Indiana Jones et de Sherlock Holmes. Le récit de la tempête apaisée a fait l’objet d’une animation centrée sur la confiance. Une comparaison synoptique entre le texte de Matthieu et celui de Marc a été intégrée dans cette animation.
Sherlock Holmes a été réadapté au cinéma en 2009 et 2011, ce qui a peut-être joué un rôle dans le brainstorming collectif qui a déterminé le thème du camp de catéchisme. Hasard du calendrier : le personnage de Sherlock Holmes est revenu encore plus à la mode en même temps que notre camp de catéchisme avec la diffusion de la saison 2 de Sherlock et de la saison 1 d’Elementary sur la RTS au 2ème semestre 2013.
Patrick Schlüter
Le texte de la prédication :
« Quête et enquête avec Indy et Sherlock », tel était le thème du camp de catéchisme que nous venons de vivre à l’Ascension avec les catéchumènes. Nous avons, comme des enquêteurs-aventuriers, cherché comment rencontrer Jésus aujourd’hui. Les personnages fictifs d’Indiana Jones et Sherlock Holmes ont accompagné et stimulé notre recherche.
Alors que dirait Sherlock Holmes à propos de ce récit de Jésus et Pierre qui marchent sur l’eau ?
(Mettre la casquette de Sherlock Holmes.)
« Chers catéchumènes,
vous avez répondu à mon appel pour enquêter sur la personne de Jésus et le mystère de sa présence qui motive les chrétiens jusqu’à aujourd’hui.
Vous avez exercé votre sagacité et aussi votre esprit d’aventure pour explorer ce mystère. Mon ami Indy, qui d’ailleurs m’a chargé de vous saluer très cordialement, et moi-même, avons été très contents de votre investissement dans cette quête de Jésus.
Je dois maintenant vous dire que j’ai beaucoup réfléchi et enquêté de mon côté, en particulier sur cette histoire de la marche sur l’eau que vous avez découverte au camp.
Mon cerveau rationnel et extrêmement logique a, tout comme vous buté, sur ce qui me semblait impossible dans cette histoire : comment en effet, peut-on marcher sur les eaux ?!
J’ai envisagé toutes sortes de possibilités :
- Les disciples n’ont-ils pas eu le mal de mer, là au milieu des vagues ? Ils auraient alors bien pu avoir une hallucination !
- J’ai aussi imaginé qu’il y aurait pu avoir des pierres soigneusement cachées sous la surface de l’eau, des pierres que Pierre aurait alors manqué au moment où il a commencé à s’enfoncer !
Oui, j’ai réfléchi longtemps autour de cette histoire et aucune de ces hypothèses ne pouvait me satisfaire. J’avais l’intuition qu’il fallait chercher ailleurs. Je me suis alors lancé dans une soigneuse étude littéraire et j’ai alors constaté que dans l’évangile de Marc, la même histoire était racontée, mais avec une différence de taille : aucune trace chez Marc de l’épisode de Pierre qui essaie de marcher sur l’eau. J’en ai alors déduit que c’est l’évangéliste Matthieu qui a ajouté cette aventure de Pierre qui s’aventure sur les eaux au risque de couler.
Mais dans quel but ?
Matthieu dans l’écriture de son évangile est un homme très logique et rigoureux : en parlant de Pierre qui va à la rencontre de Jésus sur les eaux, il veut nous transmettre un message.
Matthieu nous pose la question de la confiance en ajoutant, par rapport à la même histoire racontée par Marc, l’épisode de Pierre qui coule quand il doute.
Pierre est une image de toute personne qui cherche, qui doute, qui se risque. Tous les lecteurs de cette histoire peuvent s’identifier à lui et découvrir que Jésus leur tend la main à eux aussi dans toutes les tempêtes de la vie.
J’ai conclu, moi Sherlock Holmes, que l’essentiel de cette histoire n’est pas de savoir si la marche sur les eaux est possible ou non, mais que l’essentiel de ce récit est l’aventure de la foi qui est proposée à tous ceux qui le lisent.
Et là, malgré ma prodigieuse logique qui me permet de résoudre les enquêtes, je suis à égalité avec tous les êtres humains. Est-ce que je veux faire confiance à Jésus pour la traversée de ma vie ?
Cette aventure me semble passionnante, probablement bien plus que toutes mes enquêtes.
Chers catéchumènes, moi Sherlock Holmes, je ne suis qu’un personnage de roman et de cinéma et je ne pourrai pas vivre cette aventure à votre place. Il est donc temps que je me retire.
A vous de jouer !
Votre dévoué Sherlock. »
(Retirer la casquette de Sherlock Holmes.)
Chers catéchumènes,
Vous avez commencé l’aventure de la foi et de la confiance en Dieu et dans les autres. Comme les disciples, vous avez commencé à reconnaître Jésus qui s’approche de nous sur les chemins de nos vies, parfois même au cœur de la tempête.
La foi est une aventure pour celui qui choisit de s’y lancer. Ceux qui sont en chemin à la suite du Christ peuvent en témoigner. Dieu se manifeste à nous de manière surprenante et souvent, on ne reconnaît sa présence qu’après la traversée.
La foi est aussi une aventure qui se vit à plusieurs. L’Eglise se réjouit aussi de vous accueillir, dans sa barque, pour l’aventure de la communauté chrétienne.
Amen.