Prédication du 6 août 2023

Culte du 6 août 2023 à Noiraigue – accueil de Cyprien Mbassi

Lectures :

Prédication de René Perret :

La transfiguration de Jésus. Quelle scène forte et belle ! Sur la montagne sainte, comme il est dit dans la deuxième épitre de Pierre, ces trois disciples ont vu la gloire du Christ et entendu la voix-même de Dieu. Cette voix que Pierre recommande de garder comme une lampe brillant dans l’obscurité jusqu’à ce que paraisse le jour. À la suite de Pierre, nous admirons ce qu’ils ont vécu là, cette vision du dessein de Jésus accomplissant la volonté de son Père. 

     Mais faisons comme un pas en arrière, et mettons-nous dans la peau de ce disciple de la première heure. Jésus, débutant son ministère, rencontre 4 pécheurs du lac au travail. Il les appelle pour le suivre et devenir « pêcheurs d’hommes ». Avec André, son frère, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, ils n’hésitent pas un moment à changer de vie sur ce seul appel. Plus tard, Matthieu, le collecteur d’impôts, fera pareil : « Suis-moi » lui dit Jésus en passant près de lui. Et Matthieu le suit. Les autres disciples seront nommés seulement au moment d’être envoyés en mission de guérison, au chapitre 10.

     Mais revenons à notre trio, engagés de la première heure, invités ici à monter sur la montage avec Jésus ; et suivons particulièrement Pierre, le bouillant de cœur, le premier à s’exprimer dans le groupe. Juste avant notre récit, c’est lui qui a donné la bonne réponse à Jésus interrogeant ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Sa spontanéité traduit l’évidence de sa pensée et de son cœur brûlant : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Cette réponse est non seulement juste et agréée par Jésus, mais pour les disciples, c’est toute leur foi et leur espérance qui est contenue ici. Comme tous les Juifs, ils attendent depuis si longtemps Celui que Dieu enverra pour libérer son peuple !

     Il faut prendre le temps de rester à ce cri de foi exaucée ! Car cela fait un moment qu’ils ont donné leur existence pour Jésus, et qu’ils l’ont vu à l’œuvre, réalisant de grandes choses, parlant avec une autorité qui lui vient de plus haut. Ils ont aussi remarqué que Jésus pour autant ne fait pas l’unanimité, et qu’au contraire, il rencontre de l’hostilité de la part des responsables religieux et de leurs supporters. Alors, savourer qu’ils ont raison d’avoir mis leur vie et tous leurs espoirs en Jésus, que c’est bon ! Jésus les réjouit encore en promettant à Pierre que c’est sur cette pierre (non pas la Pierre qu’il est mais sa confession de foi) qu’il bâtira son Église ; et qu’il lui confiera les clés du Royaume des cieux et leur pouvoir. 

     Mais en pleine liesse, voici que Jésus poursuit et leur annonce – pour la première fois – ce qu’il va vivre à Jérusalem : sa passion et sa résurrection. Une douche si froide est impensable pour les disciples. Et Pierre, au sommet de sa joie, ne peut empêcher sa stupéfaction d’éclater : Dieu ne peut pas permettre cela ! Et Jésus de le remettre à sa place aussi sévèrement ; autant il a vu juste avant, autant il a tout faux ici. 

     C’est donc un Pierre pour le moins chamboulé qui monte sur la montage et assiste à la Transfiguration. Cette vision permet aux disciples de voir que les deux représentants de la Première Alliance – Moïse pour la loi, Ésaïe pour les prophètes – sont là et parlent avec Jésus. Le Christ est donc bien dans la lignée de la volonté de toujours de Dieu pour son peuple. Son visage et ses vêtements ont déjà montré qu’il est investi de la présence et de la gloire de Dieu. Puis quand la nuée couvre les disciples, et qu’à la proposition des trois tentes par Pierre, la voix de Dieu leur parvient, c’est pour leur redire combien Dieu et Jésus sont unis, en concluant par cet ordre : « Écoutez-le ! » Jésus, les relevant et les apaisant, leur ordonne en redescendant de ne parler de cette vision à personne avant qu’il soit ressuscité. 

     Et nous voilà, connaissant cette vision dévoilée après la résurrection de Jésus. Mais comme Pierre, nous sommes habités tant par la joie que par le chamboulement que nous procurent notre chemin avec notre Maître. Qui croit en Jésus n’est pas promis à une montée régulière vers la zénitude et la délivrance de tous soucis et épreuves. Au contraire, suivre le Christ – c’est mon avis et mon expérience du moins – nous apporte plus de questions que de réponses. Les questions nous ouvrant l’esprit et le cœur pour que nous le cherchions encore et encore. Dans nos joies et encore davantage dans nos peines, celles que nous vivons et partageons, de cette vision retenons cet ordre : « Écoutez-le ! » Gardons foi en Celui qui est mort et ressuscité pour nos réponses à trouver, nos choix à faire, notre chemin à parcourir. Car comme Jésus est uni à son Père, ils sont unis à nous pour nous parler, nous porter, nous libérer. 

     Dans la vie de notre paroisse, de notre Église, gardons également le cap de cette écoute croyante en notre Christ. Nos délibérations et nos prévisions sont utiles, mais c’est lui qui nous montre le chemin à suivre, et nous en avons bien besoin dans ces temps chamboulés. 

     Il en va de même pour la vie de notre Terre et de ses habitants. Face à ces montagnes de remise en question, d’appel à changer notre mode de vie destructeur et injuste pour tant de vivants, gardons nos sens ouverts à ce que Jésus nous dit, nous inspire, nous montre, par sa parole et par tant d’autres moyens. Il nous empêche de céder à la panique, à la fuite vers des discours aveuglants. Il nous garde ouverts à la réalité et nous donne son regard pour que nous soyons ses disciples aimants et créatifs comme lui. 

Amen.