Cultes à Môtiers et Couvet
Prière avant les lectures
C’est si facile de laisser nos pensées vagabonder …
C’est tellement humain de penser à toutes les tâches qui nous attendent demain et après-demain…
C’est si confortable de ne pas se sentir concerné par la fulgurance de ta Parole…
Alors Seigneur, nous avons besoin d’une force qui est bien au-delà de nos capacités de femmes et d’hommes… que Ton Esprit nous ouvre aux grandeur, hauteur, profondeur, largeur de ta Parole.
Amen
Psaume 138, versets 1-5
1 De David.
Seigneur, je veux te louer de tout mon cœur !
Devant les puissances des cieux,
je te célébrerai par mes chants,
2 et je m’inclinerai devant le temple qui est le tien.
Je louerai ton nom à cause de ta bonté et de ta vérité,
car tu as fait plus que tenir ta promesse, plus que ce que l’on attendait de toi.
3 Quand je t’ai appelé, tu m’as répondu ;
tu m’as rempli de courage et de force.
4 Seigneur, tous les rois de la terre te loueront
quand ils auront entendu ce que tu dis !
5 Ils célèbreront tes actions en chantant :
« La gloire du Seigneur est immense «
Lecture de l’Evangile de Luc, 17-11-19
11 Tandis que Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa le long de la frontière qui sépare la Samarie et la Galilée.
12 Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tinrent à distance
13 et se mirent à crier : « Jésus, maître, prends pitié de nous ! »
14 Jésus les vit et leur dit : « Allez-vous faire examiner par les prêtres. » Pendant qu’ils y allaient, ils furent purifiés de leur lèpre.
15 L’un d’entre eux, quand il vit qu’il était guéri, revint sur ses pas en louant Dieu à haute voix.
16 Il se jeta aux pieds de Jésus, face contre terre, et le remercia. Or cet homme était un Samaritain.
17 Jésus dit alors : « Est-ce que les dix n’ont pas été guéris ? Où sont les neuf autres ?
18 Il ne s’est trouvé personne pour revenir remercier Dieu, sinon cet étranger ? »
19 Puis Jésus lui dit : « Relève-toi et va ; ta foi t’a sauvé. »
Message en 5 lettres : MERCI
Contexte du message :
Alors que je suis arrivée dans la ville de Marbourg, ma jambe me faisait déjà souffrir. J’étais consciente que j’allais être obligée de prendre une décision : arrêter à 120 km du but ou continuer, au risque d’aggraver ma blessure. Choix difficile ! Je suis entrée dans l’église où se tenait une méditation sur le mot DANKE (MERCI). J’ai eu envie de l’adapter pour vous en établissant des parallèles avec le texte de l’Evangile de Luc !
M comme „méditer“…
Avez-vous noté que le lépreux Samaritain ne va pas directement chez les prêtres pour se faire déclarer guéri. On nous dit qu’il rebrousse chemin pour d’abord remercier Jésus.
J’aime voir dans ce retour en arrière la symbolique d’un temps de retour sur sa vie, comme un temps de réflexion et de bilan.
Peut-être a-t-il vu et réalisé toutes les occasions de remercier pour sa vie, sa guérison. Il devenait dès lors urgent de retourner voir Jésus et de le remercier.
Oui, il y a urgence à exprimer de la gratitude, de la reconnaissance de toutes ces petites choses, des « pas grand-chose ».
Mais exprimer de la reconnaissance, cela ne veut pas dire remercier pour les épreuves et les peines. La reconnaissance n’est pas un vernis à mettre sur nos détresse, deuils et maladies pour les cacher.
Il y a de l’incompréhensible dans notre vie et nous avons le droit d’être fâchés devant les souffrances et les difficultés de la vie.
Dans l’église de Marbourg, ce temps très court de méditation m’a permis de voir ce que j’avais reçu lors de mes 3 1/ 2 mois de marche : des rencontres magnifiques, une bonne santé, une météo favorable, des paysages fabuleux et bien d’autres cadeaux !
Ce petit temps pour méditer m’a aidé à prendre la décision d’écourter mon voyage, et surtout de prendre conscience de tous les cadeaux reçus et d’y voir également la fatigue, la solitude, l’ennui qui commençaient à me peser.
Le lépreux Samaritain nous invite à méditer, à faire des retours en arrière sur nos vies pour y déceler des sujets de gratitude, petits ou grands. Je vous invite à ce retour en arrière pendant l’orgue
E comme „Expérimenter“
Le lépreux reconnaissant a expérimenté une rencontre bouleversante. Il comprend que le miracle a commencé au moment même où Jésus ne s’est pas dérobé à la rencontre.
Le 1er miracle est né dans cette parole d’amour, de dignité, de liberté entendue et reçue par ces lépreux, des hommes rejetés, abandonnés à leur triste sort.
Il n’y a eu aucun produit magique, aucun geste, mais simplement une parole qui annonçait une promesse de vie.
De cette expérience, l’homme tire 2 formes de reconnaissance :
- la reconnaissance, dans le sens de reconnaitre, admettre, réaliser que cette
rencontre l’a profondément changé. Il a réalisé compris le sens du salut.
- la reconnaissance, dans le sens de dire MERCI
Dans mon périple, j’ai expérimenté la confiance, la solitude, la créativité, la peur, la présence, le doute, la solidarité. J’ai beaucoup remercié, dans la prière, mais aussi les gens rencontrés. Dans ces expériences, j’ai vu, senti, perçu Dieu.
Mais j’ai une très bonne nouvelle pour vous : il n’y a pas besoin de marcher autant de kilomètres pour expérimenter Dieu ! Je suis persuadée qu’il nous est donné de vivre ces rencontres dans notre quotidien. Peut-être faut-il simplement laisser une place à l’imprévu, à la surprise, à la remise en question. Et probablement qu’il faut se savoir toujours et encore en chemin avec Dieu.
R comme „Réponse“
La gratitude est la réponse du lépreux au cadeau de la vie. Il a découvert et reconnu que, dorénavant, il pourra voir sa vie portée par Dieu, qu’il ne sera pas seul dans le non-sens et l’absurde de la souffrance.
Le lépreux fait cette découverte extraordinaire qu’il est aimé de Dieu, sans conditions.
Dès lors, la seule réponse qu’il puisse donner à ce cadeau énorme, c’est un chant de louange et un humble MERCI. Car il reconnait que, à vues humaines, il ne pourra jamais donner en retour un tel Amour.
Une des choses fondamentales que j’ai dû apprendre très vite sur mon chemin, c’est de recevoir. Face à la grande générosité de gens, je n’avais que mes mots, mes oreilles, mon sourire pour dire MERCI ! Je n’avais emmené ni chocolat, ni absinthe à offrir à mes hôtes !
Apprendre à recevoir cet Amour de Dieu sans devoir payer en retour le prix fort des efforts sacrificiels !
Apprendre à accepter cet Amour sans la pesanteur prescriptive du « tu dois…, iI faut que… », pour laisser place à ce « oui ! MERCI »
C comme „cultiver“.
Il y a toujours un côté très frustrant dans la plupart des textes bibliques. Nous ignorons tout de la suite de l’histoire de cet homme guéri de sa lèpre ! Il a reconnu le cadeau de la grâce, il a loué et remercié… et après ? Bien sûr, sa vie a changé après son expérience. Il a été réintégré dans la société, il a pu travailler, fonder une famille, voir ses amis. Mais a -t-il cultivé ce cadeau de l’Amour ? A-t-il continué à remercier ? A-t-il témoigné de son changement profond ?
On ne le sait pas, c’est frustrant, mais c’est probablement voulu par l’auteur de l’Evangile.
Car la vie avec Dieu est un changement perpétuel, un cheminement qui ne s’arrête jamais. Il est fait de mystères, d’imprévus, de montées et de descentes.
Mon périple m’a peut-être fait découvrir que la gratitude n’est pas seulement une affaire de politesse ou une tâche éducative.
En tant qu’individus, mais également en tant que communauté priante, il est bon de nous dire MERCI les uns aux autres. C’est bienfaisant de recevoir un petit mot, une parole et un temps d’écoute en guise de remerciement.
C’est oser développer une culture de la gratitude qui montre clairement que le vivre et le vivre ensemble ne sont pas tenus pour acquis, mais qu’il faut en prendre soin, et veiller au grain !
Car la gratitude est importante pour nos vies ainsi que pour nos communautés.
I comme „infini“
La gratitude nous relie à l’infini, à la dimension éternelle, immuable de Dieu.
La gratitude est le regard en arrière sur nos vies.
La gratitude nous aide à tenir dans les tourmentes du présent.
La gratitude nous invite à attendre demain avec confiance et espérance.
La gratitude habite le grand espace de Dieu, dans lequel ni lépreux, ni samaritain, ni toi, ni moi ne sommes perdus.
Amen
Véronique Tschanz Anderegg