Portés par le souffle de vie, prédication de Séverine Schlüter lors du culte du souvenir, 20 novembre 2021

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Salutations et Accueil

La paix soit avec vous

Vous avez traversé un deuil ces derniers mois, peut-être même plusieurs.

Vous êtes encore en chemin pour intégrer à votre parcours le manque, l’absence, la tristesse et la reconnaissance pour l’amour partagé.

Que notre rencontre aujourd’hui participe à partager consolation et paix.

Que ce culte soit une occasion de recevoir des uns et des autres et de Dieu lui-même paix et consolation.

Les 3 bougies

Se déplacer vers le grand cierge et les 3 bougies devant la chaire.

Prendre la flamme du cierge pascal : cette bougie est signe de la présence de Dieu, lumière dans nos obscurités et amour plus fort que la mort. Elle éclaire notre passé, notre présent et notre avenir.

Allumer la première bougie : que cette flamme brille en souvenir de nos proches qui ne sont plus parmi nous, parce que la mort les a emportés… Ils ont marqué notre existence et contribué à ce que nous sommes aujourd’hui.

Allumer la deuxième bougie : que cette flamme brille en communion avec les proches qui ne sont pas parmi nous parce qu’ils ont été empêchés par la distance, la maladie ou d’autres circonstances. En pensée avec eux, nous restons cependant un soutien les uns pour les autres.

Allumer la troisième bougie : que cette flamme brille en perspective des proches qui ne sont pas encore parmi nous, parce qu’ils ou elles restent à rencontrer : enfants à naître, compagnes et compagnons de vie, ou tout autre personne qui nous sera donnée. Ces personnes seront portées aussi par ce que nous vivons aujourd’hui.

Ainsi, à la lumière Dieu de tendresse, nous sommes rassemblés en son amour.

Lecture de la Bible

Marc 4,26-29 – La semence qui germe toute seule
Jean 3, 1-8 – Le vent souffle où il veut

Prédication de Séverine Schlüter

Pour mon message d’aujourd’hui, je me suis laissée inspirée par un dessin de Céline Amstutz : une fleur, éparpillée aux 4 vents… Que restera-t-il désormais de cette fleur, qui autrefois égayait avec ses sœurs les champs de ses couleurs éclatantes ?

Ce culte a réuni les participants – et peut-être vous aussi qui lisez ces lignes, autour de cette même expérience : la perte d’un ou de plusieurs êtres chers, depuis peu ou un certain temps déjà. Peut-être avez-vous, à l’image de cette fleur, eu l’impression d’une vie qui s’échappe, qui se perd au loin ; peut-être vous êtes-vous sentis vous-mêmes, à un moment donné, fragiles, dispersés, ballotés, ne sachant pas trop quel tournant votre vie allait prendre désormais.

Pourtant, si on observe bien les boules blanches de pissenlit qu’on s’amuse à souffler, on voit que les aigrettes qui s’envolent sont de petites graines, qui iront se ressemer plus loin… d’autres fleurs en devenir.

Non, on ne peut pas retourner dans le ventre maternel pour tout recommencer… mais pourquoi ce qui faisait l’essence-même de notre vie de trouverait-il pas à germer ailleurs, autrement ? Sans qu’on sache comment, et sans que cela dépende de nous, comme le suggère le passage lu dans l’Évangile de Marc. Comme une force de vie, présente avant notre venue au monde, et qui sera à l’œuvre encore après notre départ.

Si on ne sait pas où ces petites graines s’en vont, et ce qu’elles vont donner, un souffle les porte, et en elles habite tout un potentiel de vie, de renouveau.

Le jardinier, quand il sème, a son rôle à jouer dans le soin à apporter à ses plantes pour qu’elle croissent convenablement.

Mais il y a aussi des aspects qui lui échappent… il lui faut aussi lâcher prise, et laisser la vie suivre son cours.

Sur le chemin du deuil, nous avons aussi une part à faire, une part qui nous appartient. Mais, au-delà de cela, n’y a-t-il pas aussi autour de nous, des forces, des énergies où aller puiser, qui nous poussent à aller de l’avant ?

On ne sait ni d’où il vient, ni où il va se vent. Mais il est là, depuis le commencement, et nul ne peut arrêter sa course. 

C’est ainsi qu’est décrit l’Esprit de Dieu, le Souffle de vie, dans les récits bibliques.

A l’image de cette histoire, intitulée “La boule de vent” (texte adapté du recueil collectif “Tu diras à tes enfants”, aux éditions UEPAL, 2008, p. 46) :

Le Saint-Esprit est comme une boule de vent. Elle vient de très très loin dans le temps. Dès le premier matin du monde, elle était là, la boule de vent. Dieu l’a formée de son propre souffle. Dès que le premier homme est apparu sur la terre, elle était là. Parce que la boule de vent fait respirer comme à pleins poumons.

La boule de vent a parcouru la terre. Elle a roulé ici et là. Elle a rencontré des hommes et des femmes, confrontés à l’adversité. Poussés par la boule de vent, ils ont marché, traversé des déserts, gravi des montagnes, surmonté des obstacles. La boule de vent leur donnait force et courage…

La boule de vent ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Qui donc pourrait arrêter une boule de vent, dites-moi ?

Un jour elle a enveloppé un homme. IL s’appelait Jésus de Nazareth. Il s’est mis en marche lui aussi. La boule de vent lui soufflait les mots pour dire l’amour, le pardon, la joie.

La boule de vent ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Qui donc pourrait arrêter une boule de vent, dites-moi ?

La boule de vent fait voyager les mots jusqu’au bout de la terre. Les mots se posent encore et encore sur des hommes et des femmes. Il faut que ces mots soient connus du monde entier. La boule de vent qui fait voyager les mots de l’amour, du pardon, de la joie, est une boule d’espérance.

La boule de vent ne s’arrête pas en si bon chemin. Qui donc pourrait arrêter une boule de vent, dites-moi ?

Elle s’approche aussi de toi la boule de vent. Tu veux la voir ? Mais tu ne peux pas voir le vent ! Tu ne vois que sa trace lorsqu’une feuille tremble sur une branche d’arbre, ou qu’un drapeau flotte en haut d’un mat. Tu ne sens que son passage, lorsqu’il décoiffe tes cheveux, ou envoie des grains de sable qui te piquent les yeux. Tu veux tenir la boule de vent ? Mais tu ne peux pas tenir le vent ! Referme ta main et rouvre-la : tu n’y trouveras rien. Écarte les doigts : le vent caresse chacun d’eux et poursuit sa route. Alors que peut-on voir ? Des gens à qui la boule de vent souffle des mots de l’amour, du pardon, de la joie. Ouvre tes yeux et tes oreilles. Entends-tu les mots du Souffle de vie ?

C’est à la fois peu, et beaucoup. Quelque chose aux contours indéfini, insaisissable, mystérieux – mais qui pourtant, laisse des traces de son passage. Souvent au travers des mots, ou des gestes échangés avec des proches.

Car ce souffle, c’est aussi celui qui parle, à travers nous.

Je ne sais pas où vous-mêmes, vous en êtes sur ce chemin du deuil. Vous avez tous et toutes votre parcours qui vous est propre.

Mais sur ce chemin, je vous souhaite que cet Esprit, ce Souffle de vie, vous anime.

Qu’il vous accompagne et vous donne l’élan nécessaire pour affronter les défis qui vous restent à traverser.

Qu’il devienne force, semée en vous, et que nul ne peut éteindre.

Amen.