De Frère Aloïs, prieur de Taizé, rencontre de Strasbourg, lundi soir 30 décembre 2013
Pendant l’année qui vient, nous allons nous demander : que devons-nous faire pour que l’Eglise soit davantage communion ? Tant de gens, souffrant du stress de l’existence quotidienne, cherchent un réconfort spirituel, ont une soif de paix intérieure. Que faire pour que, par sa vie, l’Église dégage mieux la source de l’Evangile où les gens puissent venir se désaltérer ?
Nous voudrions tellement voir se dessiner cette image de l’Église que frère Roger décrivait par ces mots : « Quand inlassablement l’Église écoute, guérit, réconcilie, elle devient ce qu’elle est au plus lumineux d’elle-même, une communion d’amour, de compassion, de consolation, limpide reflet du Christ ressuscité. Jamais distante, jamais sur la défensive, libérée des sévérités, elle peut rayonner l’humble confiance de la foi jusque dans nos coeurs humains. »
Pour que l’Église devienne toujours mieux ce lieu d’accueil et de communion, le temps n’est-il pas venu de faire de nouveaux pas concrets de réconciliation entre chrétiens séparés ? Des chrétiens réconciliés font entendre la voix de l’Evangile tellement plus clairement, dans un monde qui a besoin de confiance pour préparer un avenir de justice et de paix.
Actuellement, nous risquons de nous arrêter à une simple tolérance. Mais le Christ veut nous rassembler en un seul corps.
Je voudrais alors trouver les mots justes pour demander aux chrétiens des différentes Églises : n’y a-t-il pas un moment où il faudrait avoir le courage de nous mettre ensemble sous le même toit, sans attendre que toutes les formulations théologiques soient pleinement harmonisées ?
N’est-il pas possible d’exprimer notre unité dans le Christ (qui, lui, n’est pas divisé), en sachant que les différences qui demeurent dans l’expression de la foi ne nous divisent pas ? Il y aura toujours des différences : certaines seront des sujets normaux de discussion, d’autres pourront même être un enrichissement.
Faisons avec les chrétiens d’autres confessions tout ce qu’il est possible de faire ensemble, ne faisons plus rien sans tenir compte des autres.
Pour faciliter cette démarche, nous avons à notre portée deux chemins. Le premier : dans une prière simple nous tourner ensemble vers le Dieu vivant. Le deuxième : nous retrouver ensemble dans le service des plus pauvres. Alors, vraiment, ainsi nous annonçons ensemble l’Evangile !
En nous mettant sous le même toit, n’ayons pas peur que la vérité de l’Évangile soit diluée. Faisons confiance à l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas de nous mettre ensemble pour être plus forts, mais pour être fidèles au Christ doux et humble du cœur. De lui nous apprenons que la vérité se fait entendre par l’humilité.
Le pape François ne nous indique-t-il pas la direction en mettant comme priorité pour tous l’annonce de la miséricorde de Dieu par nos vies ? Ne manquons pas le moment providentiel qui se présente pour exprimer la communion visible de tous ceux qui aiment le Christ.
Chercher comment rendre plus visible cette communion autour du Christ, ce sera la réflexion de demain et vous vous interrogerez sur cette parole de Jésus : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »
Chercher comment rendre plus visible cette communion et, par là, devenir mieux capables de créer une nouvelle solidarité parmi les humains, ce sera aussi l’objectif de notre pèlerinage de confiance pendant l’année qui vient. Comment va-t-il continuer ?
Lien vers une vidéo de présentation de la rencontre européenne de Taizé à Strasbourg