Culte du 6 mai 2018 aux Bayards
Lecture biblique et message en pdf
Lecture biblique: Evangile selon Jean 15,9-12
Dans son dernier enseignement à ses disciples, Jésus dit : « Je vous ai aimés comme le Père m’a aimé. Restez dans mon amour. J’ai obéi aux commandements de mon Père et je reste dans son amour. De la même façon, si vous obéissez à mes commandements, vous resterez dans mon amour. Je vous ai dit cela pour que vous ayez ma joie et pour que votre joie soit complète. Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Message
Dans le calendrier de nos saisons, nous sommes au printemps – tout heureux de profiter d’un dimanche de beau temps, avec cette splendide éclosion de la nature !
Dans le calendrier de nos jours et de nos mois, nous sommes proches de l’Ascension, un grand week-end en perspective. Puis, le suivant sera celui de Pentecôte, encore un week-end prolongé. Ces fêtes – de l’Ascension et de Pentecôte – ont une origine et un sens religieux : l’Ascension est la fête de Jésus quittant ses disciples pour retourner vers Dieu son Père. Et Pentecôte est la fête de la venue du Saint-Esprit, ce cadeau du Souffle vivant de Dieu donné à son peuple.
Aujourd’hui, nous sommes au 6ème dimanche de Pâques, ce temps où Jésus ressuscité rencontre ses disciples pour les affermir dans leur foi en lui. Jésus va bientôt quitter visiblement ses disciples. Et nous savons d’expérience l’importance des dernières paroles échangées avec celui ou celle qui va nous quitter. Ces mots, ces gestes, ces regards resteront gravés dans notre mémoire. Et bienheureux sommes-nous quand cet échange nous procure une paix, un sentiment d’accomplissement dans la relation nouée avec celui ou celle qui s’en va.
Jésus ici me parait résumer tout ce qu’il a voulu vivre et enseigner à ceux qui l’ont suivi. Et le résumé est fait de peu de mots, c’est un concentré de paroles fortes et essentielles : l’amour – aimer – le commandement – la joie – rester, ou « demeurer ». Ces paroles essentielles appartiennent à notre vocabulaire courant, il n’y a rien ici de spécial, de secret, d’abstrait. C’est comme quand, au jour du mariage, on s’engage l’un envers l’autre : on dit l’essentiel en des paroles qui viennent du cœur. Ou aussi dans le baptême que nous venons de vivre : cette alliance entre Thaïs et Dieu se dit dans des gestes et des mots simples mais forts ; Thaïs est aimée de Dieu, elle est appelée à en découvrir les bienfaits.
Jésus a vécu enraciné dans cet amour filial avec Dieu ; et il a tout fait pour montrer que cet amour-là était offert à tout vivant, quel qu’il soit. Son ouverture d’esprit, sa capacité d’accueil, son respect libérateur sont tels qu’aujourd’hui encore, des vies y trouvent leur sens. Être aimé inconditionnellement est vital pour chacun ; et pouvoir vivre d’amour est tout autant indispensable.
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Je compare ce commandement de Jésus à l’exercice d’un instrument de musique : si je joue de la flûte, plus je m’améliore, plus je vois le chemin qui me reste jusqu’à jouer à un très haut niveau. Et je crois que les meilleurs flûtistes restent très humbles par rapport à la perfection dans leur domaine.
Ainsi pour nous. S’aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, cela nous entraine dans un exercice sans cesse renouvelé de nous découvrir nous-mêmes, et les autres pareillement. Plus on a le cœur ouvert, plus on est sensible à ceux qui nous entourent. Plus aussi, je crois, on mesure que l’on reçoit davantage que l’on donne, que l’on s’enrichit humainement de manière inattendue.
Et cette joie dont Jésus parle, ce sentiment de dilatation du cœur, nous la vivons déjà un peu, beaucoup, passionnément. Mais Jésus nous la souhaite toujours plus présente, nourrissant notre marche au quotidien, ressourçant nos énergies pour aimer dans les bons et les moins bons moments.
Rester, ou « demeurer » dans cet amour, ce n’est pas statique ; comme demeurer dans une relation vivante et aimante n’a rien de figé. On évolue ensemble, on grandit et on tisse des liens nouveaux, on ne cesse de se découvrir l’un l’autre. Ainsi dans l’amour que Jésus nous porte : nous ne cessons de nous voir autrement dans son regard, souvent moins sévèrement que nous nous regardons naturellement.
Habitons toujours mieux nos relations aimantes : celle de Dieu avec nous, celles que nous tissons ensemble, celles qui nous seront encore données de vivre.
Jésus aurait pu être l’auteur de ce refrain si connu : « Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai. ». Amen.