Véronique Tschanz Anderegg
Conte de Noël
Il était une fois, en haut d’une montagne, trois petits arbres qui rêvaient à ce qu’ils voudraient devenir quand ils seraient plus grands.
Le 1er regarda les étoiles qui brillaient comme des diamants au-dessus de lui. « Je veux abriter un trésor, dit-il. « Je veux être couvert d’or et rempli de pierres précieuses. Je serai le plus beau coffre à trésor du monde ».
Le 2ème arbre regarda le petit ruisseau qui suivait sa route vers l’océan. « Je veux être un grand voilier, dit-il. Je veux naviguer sur de vastes océans et transporter des puissants. Je serai le bateau le plus fort du monde.
Le 3ème petit arbre regarda dans la vallée au-dessous de lui et il vit la ville où des hommes et des femmes habitaient. « Je ne veux jamais quitter cette montagne, dit-il. Je veux pousser si haut que lorsque les gens s’arrêteront pour me regarder, ils lèveront les yeux au ciel et penseront à Dieu. Je serai le plus grand arbre du monde ».
Les semaines, les mois, les années passèrent. Les saisons succédèrent aux saisons. Les pluies tombèrent le soleil brilla.
Les petits arbres sont devenus grands. Un jour, des bûcherons montèrent dans la montagne.
Les bûcherons regardèrent le 1er arbre et dit : « C’est un bel arbre. Il est parfait ! »
En un éclair, abattu d’un coup de hache, le 1er arbre tomba.
« Maintenant, je vais être un coffre magnifique », pensa le 1er arbre. « J’abriterai un trésor merveilleux ».
Les bûcherons regardèrent le 2ème arbre et dirent : « Cet arbre est vigoureux. Voilà ce qu’il nous faut ».
En un éclair, d’un coup de hache, le 2ème arbre tomba.
« Désormais, je vais naviguer sur de vastes océans », pensa le 2ème arbre. «
« Je serai un grand navire digne des rois ».
Le 3ème arbre sentit son cœur flancher dans les bûcherons le regardèrent. « N’importe quel arbre conviendra et nous prendrons celui-là », dirent les bûcherons.
En un éclair, d’un coup de hache, le 3ème arbre tomba.
Le 1er arbre se réjouit lorsque les bûcherons l’apportèrent chez le charpentier. Mais celui-ci était bien trop occupé pour penser à fabriquer des coffres à trésor. De ses mains calleuses, il transforma le 1er arbre en mangeoire pour animaux. L’arbre qui avait autrefois été très beau n’était recouvert ni d’or, ni de diamants. Il n’était pas rempli de trésor, mais recouvert de sciure et rempli de foin pour nourrir les animaux affamés de la ferme.
Le 2ème arbre sourit quand les bûcherons les transportèrent vers le chantier naval. Mais ce jour-là, nul ne songeait à construire un navire. A grands coups de marteau et de scie, le 2ème arbre fut transformé en simple bateau de pêche. Trop petit, trop fragile pour naviguer sur un océan ou même sur une rivière, il fut emmené sur un petit lac. Tous les jours, ils transportant des cargaisons de poissons morts qui sentaient affreusement fort.
Le 3ème arbre devint très triste quand les bûcherons le coupèrent pour le transformer en grosse poutres qu’ils empilèrent dans la cour.
« Que s’est -il passé ? se demanda l’arbre qui avait été autrefois très grand. « Tout ce que je désirais, c’était de rester sur la montagne en pensant à Dieu »
Beaucoup de jours et de nuits passèrent. Les 3 arbres oublièrent leurs rêves.
Mais une nuit, la lumière d’une étoile dorée éclaira le 1er arbre au moment où une jeune femme plaçait son nouveau-né dans la mangeoire.
« J’aurais aimé pouvoir lui faire un berceau », murmura son mari. La mère serra la main du père et sourit tandis que la lumière de l’étoile brillait sur le bois poli du 1er arbre.
« Cette mangeoire est magnifique », dit-elle.
Et soudain le 1er arbre sut qu’il abritait le trésor le plus précieux du monde.
D’autres jours et d’autres nuits passèrent, mais un soir, un voyageur fatigué et ses amis s’entassèrent dans la vieille barque de pêcheur. Tandis que le 2ème arbre voguait tranquillement sur le lac, le voyageur s’endormit. Soudain l’orage éclata, la tempête se leva. L’arbre trembla. Il savait qu’il n’avait pas la force de transporter tout le monde en sécurité dans le vent et la pluie.
Le voyageur s’éveilla. Il se leva, écarta les bras et dit : « Paix » ! La tempête se calma aussi vite qu’elle était apparue.
Et soudain le 2ème arbre sut qu’il transportait un roi… le roi des cieux et de la terre.
A quelques temps de là, un vendredi matin, le 3ème arbre fut fort surpris lorsque ses poutres furent arrachées de la pile de bois oubliée. Transporté au milieu des cris de la foule en colère et railleuse, il frissonna quand les soldats clouèrent sur lui les mains d’un homme. IL se sentit horrible et cruel.
Mais le dimanche matin, quand le soleil se leva et que la terre toute entière vibra d’une joie immense, le 3ème arbre sut que l’amour de Dieu avait tout transformé. Il avait rendu le 1er arbre magnifique. Il avait rendu le 2ème arbre fort. Il avait vaincu la mort.
Et à chaque fois que les gens penseraient au 3ème arbre, ils penseraient à Dieu.
Cela était beaucoup mieux que d’être le plus grand arbre du monde !
Conte traditionnel russe