Noël : En route dans un dialogue lumineux !

Culte du 25 décembre 2019 au temple de La Côte-aux-Fées.

Culte à deux voix : David Allisson, pasteur & Eric Bianchi, diacre stagiaire.

Prédication : Eric Bianchi

Textes bibliques :

  • Livre du prophète Esaïe 52,7-10
  • Évangile de Jean 1,1-18

Prédication

Nous sommes le 25 décembre 2019, jour de Noël.

Les passages bibliques auxquels on penserait en premier pour une telle célébration seraient plutôt ceux de la nativité, dans lesquels il est question d’anges, d’étable, de bergers et du nouveau-né Jésus, entouré de l’affection de Marie et de Joseph…

En fait, ceux-ci ont été lus hier soir, lors de la veillée de Noël.

Mais ne soyez pas trop déçus si vous n’y étiez pas. Les textes de ce jour les rejoignent aussi merveilleusement.

Aujourd’hui, j’aimerais que l’on se demande qui était Jésus avant son arrivée dans le monde et j’aimerais que l’on puisse repartir aujourd’hui avec en nous, un sens à Noël qui nous parle concrètement dans chacune de nos vies.

Et pour cela, je vous invite à une descente, à une immersion dans les profondeurs de nos êtres, dans les profondeurs… de nos cœurs.

Pour commencer cette plongée intérieure, je vais reprendre quelques éléments du passage d’Esaïe que nous avons entendu avant.

Dans le contexte historique du prophète, nous sommes en 587 avant l’arrivée du Christ. Jérusalem a été détruite par le puissant empire babylonien. Une partie du peuple, forcée à l’exil, ne reviendra pas avant presque 50 ans…

Mais écoutons ce que dit le texte : il dit que l’on voit arriver un messager à pied, porteur de bonne nouvelle. Il annonce la paix, le bonheur et le salut. Ces trois mots, c’est tout simplement ce que souhaitaient les habitants de Jérusalem qui n’avaient pas été déportés.

On nous dit aussi que les sentinelles crient de joie car ils voient le Seigneur revenir. Oui, ça y est : Dieu va enfin libérer Jérusalem.

On appelle aussi les ruines à « crier de joies », sous-entendant que la ville serait reconstruite.

Enfin, Dieu fait part de son amour pour toutes les nations et pas seulement pour le peuple élu.

Il est en effet écrit :

« Aux yeux de toutes les nations le Seigneur s’est donné les mains libres pour réaliser son œuvre divine. Et jusqu’au bout du monde on pourra voir la délivrance que nous apporte notre Dieu ». Ainsi, toute l’humanité reconnaitra Dieu comme son sauveur.

Quand j’ai lu ce texte, ce qui m’a frappé d’abord, c’est que l’on aurait dit que l’on parlait de l’arrivée de Jésus dans le monde. Et c’est peut-être pour cela qu’il est lu aujourd’hui.

Dans l’évangile de Jean, on dit qu’au « commencement », autrement dit : aux fondements de toutes choses, « La Parole » existait déjà.

Et qui est la Parole ? Eh bien, c’est Jésus de Nazareth. Jésus qui était avec Dieu et qui était Dieu.

On nous dit aussi : que rien n’a été fait sans lui, que ce qui a été fait avait la vie en lui, et que cette vie était la lumière des hommes.

On nous dit aussi qu’il n’a pas été reconnu par le monde, qu’il n’a pas été accueilli dans son propre pays, autrement dit : que l’obscurité n’a pas reçu la lumière.

Et qu’est-ce donc que cette « obscurité » ? En réalité, c’est le monde coupé de Dieu, coupé de ce dialogue, qui se trouve dans le noir, dans une nuit profonde.

Il est encore écrit : « Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, lui seul l’a fait connaître ». Ainsi et en regardant Jésus, on regarde Dieu lui-même.

On parle, on communique avec la Parole de Dieu faite homme, dans notre monde.

Et je crois que c’est une chose importante la communication. C’est notamment ce qui lie les deux textes.

En effet, chez Esaïe, c’est un messager qui vient communiquer la paix, le bonheur et le salut. Chez Jean, c’est Dieu qui communique avec nous par son Fils.

Ça veut dire que Dieu veut renouer un dialogue avec l’humanité. Un dialogue coupé maintes fois par elle.

Mais cette fois, c’est par sa venue incarnée dans le monde qu’il le fait. Oui, c’est lui qui vient à notre rencontre. Mais pour nous dire quoi ?

Je vais vous raconter quelque chose. Ces derniers temps, je me suis entretenu avec des gens d’âges et de milieux très différents. Mais ils avaient tous en commun des blessures intérieures.

Vous les connaissez ; ce sont ces blessures qui ne se voient pas mais qui font tellement mal. En fait, on en a tous, de ces blessures. Plus ou moins guéries, plus ou moins vives.

On peut avoir le regret d’années passées trop vites, des remords sur des choses qu’on aurait bien voulu faire différemment ou que l’on n’a pas faites.

Des choses qu’on aurait voulu dire et que l’on n’a pas dites ou inversement.

Et puis, il y a ces questions qui restent dans le cœur et dans la tête et qui tournent en boucle encore et encore : elles commencent toutes par « Et si ? ». Et si j’avais dit ça et si j’avais fait ça et si je ne l’avais pas fait ?

Maintenant, imaginez ceci :

Votre cœur, votre âme, c’est comme une forteresse à l’intérieur de vous. À force, ces blessures et ces questions, elles viennent à la détruire et pour finir, il ne reste plus que des ruines… Un peu à l’image de celles de Jérusalem dans le passage d’Esaïe.

Et dans ce contexte, on peut se sentir sans domicile, vide de sens, comme si une partie de nous s’en était allée ailleurs. On l’a vu pour le peuple juif, l’exil a duré près de 50 ans et pour nous aussi, le temps de nous reconstruire, le temps de se sentir mieux, eh bien ça peut prendre une allure d’éternité.

Et on se demande un jour : ces souffrances vont-elles disparaître ? Ces souffrances vont-elles diminuer ? Ces souffrances vont-elles se taire ?

Et c’est là que je veux en venir. Noël pour nous, aujourd’hui, ça doit pouvoir nous dire que Dieu est là. Il est dans ce monde.

Vous pouvez le laisser entrer dans votre forteresse intérieure et alors souvenez-vous des paroles du prophète :

« Ruines de Jérusalem, lancez des cris de joie ! »

Oui, car le Seigneur aussi vient.

Il vient nous réconforter, nous libérer de ces poids qui nous pèsent.

Il vient reconstruire nos vies. Il conduit avec lui la partie de nous qui s’était exilée ailleurs.

Mais à l’instar des sentinelles qui ont vu le Seigneur : saurons-nous le reconnaître ? Le laisserons-nous franchir les murs de notre forteresse en ruines ?

Souvenez-vous aussi : « il annonce la paix, le bonheur et le salut ». Et cette paix, c’est quelque chose de beaucoup plus large qu’une paix abstraite que l’on souhaite sans grande illusion.

C’est une paix que Dieu amène à l’intérieur de nous ! Un bonheur qui se reconstruit comme nos ruines et qui finalement : nous sauve !

Jésus est venu en pleine nuit. Lui, la lumière du monde qui illumine l’obscurité ! Laissons-le pénétrer dans NOTRE nuit !

Parce qu’il est, celui qui nous libère de nos poids ;

Parce qu’il est, celui qui éclaire nos vies ;

Parce qu’il est, celui qui parle par la Parole d’amour de Dieu et qui ne demande qu’à établir ce dialogue de tendresse avec nous.

Car notre Dieu n’est pas un Dieu perdu dans un ciel immense à des kilomètres en-dessus de nos têtes. Il n’est pas un Dieu inaccessible, un Dieu qui vit loin de nous. Non, il est un Dieu qui s’est fait homme parmi les hommes pour nous dire son amour, et son envie de nous libérer de nos fardeaux.

Par la prophétie d’Esaïe, Dieu lui-même communique son amour universel. Il nous invite par là même à devenir à notre tour, des messagers de sa paix, de son bonheur et de son salut.

Dans nos vies, dans la profondeur de notre cœur, nous sommes libres d’entendre son amour et nous sommes parfaitement libres d’y répondre ou pas. C’est pourquoi parfois, il nous arrive de détourner la tête, de lui tourner le dos, de lui tourner le cœur. Pour plein de raisons différentes.

Peut-être parce que l’on se sent détruit intérieurement.

Peut-être parce que l’on est en colère contre lui. Et je ne blâme personne ; non, personne.

Combien de fois moi aussi, me suis-je détourné de lui ? Oui… il m’est aussi arrivé de lui tourner le dos, il m’est arrivé de ne plus être à son écoute. Il m’est arrivé de lui fermer les portes de ma forteresse.

Mais ce qu’il y a de merveilleux, c’est que Dieu insiste au-delà de nos éloignements.

Non pas pour être absolument adoré par nous, mais parce que c’est lui qui nous aime.

Il ne tient alors qu’aux hommes, femmes et enfants libres que nous sommes, de faire demi-tour, de se tourner face à lui. Et d’ailleurs « demi-tour » dans la Bible, c’est le sens de « conversion ».

Pour ne pas rompre le dialogue avec Dieu, il faut aussi ne pas rompre le dialogue avec nous-mêmes.

Ça arrive parfois ! On n’écoute plus son cœur, on ne s’aime plus, on ne prend plus le temps de se parler, de s’écouter. Et Dieu peut nous aider.

Il reconstruit les ruines en nous et ce faisant, il peut contribuer à faire en sorte que notre dialogue intérieur se renoue aussi.

Ça nous permet de mieux être à l’écoute de Dieu, mieux être à l’écoute de nous, mais aussi, mieux être à l’écoute des autres.

Alors, acceptons le dialogue !

Acceptons de laisser entrer la lumière du Christ en nous !

Et si nous l’autorisons à nous éclairer de l’intérieur, alors partageons-le ce soleil !

Devenons à notre tour, messagers de cette reconstruction divine.

Heureusement ! il n’est plus question ici de courir de colline en colline comme dans le texte d’Esaïe…

Cependant, nous pouvons être ce messager dans notre entourage, dans notre vie quotidienne, tout autour de nous.

Par exemple, appeler une personne en souffrance pour quelques instants d’humanité partagés ; poser une main sur une épaule trop chargée ; offrir un sourire à un visage étranger…

Parce que la réelle richesse s’inscrit au contact bienveillant de l’autre et dans l’amour et dans l’attention qu’on lui donne.

Et c’est dans la réalité des vies de notre prochain, dans la réalité qui nous entoure au quotidien que ce trésor existe par Dieu.

Alors, moi-même :

Je devrai sans cesse ouvrir mes yeux.

Je devrai sans cesse me rappeler, au milieu de toutes mes routines, que Noël se vit chaque jour.

Je devrai veiller à laisser la porte de mon cœur toujours bien grande ouverte, pour que mes chantiers intérieurs puissent avancer. Pour que ma maison se consolide.

Je devrai sans cesse y construire des annexes pour y inviter toujours plus de gens et surtout, surtout :

Laisser la lumière allumée en tout temps, et le téléphone de mon cœur branché sur le dialogue à l’autre. Car porter cette lumière, c’est comme… devenir un signal dans la nuit, c’est comme… devenir un phare dans le brouillard. N’oublions pas : si faible soit la flamme d’une bougie, elle n’éclaire jamais mieux que dans la nuit.

Alors porter cette lumière, c’est déjà témoigner de cet amour reçu, de cet amour échangé. Et donner cette lumière, c’est ouvrir le dialogue à la vie.

Amen.