Culte du 29 octobre 2022 à 17h30 à Môtiers
Textes bibliques :
Prédication sur : N’aie pas peur !
De Patrick Schlüter
Le 31 octobre, c’est Halloween, veille de la fête catholique de la Toussaint. Je n’ai jamais eu beaucoup d’attirance ou de sympathie pour Halloween, cette fête aux origines mélangées chrétiennes et païennes qui a été importée d’Amérique dans les années 1990.
J’ai un peu changé mon regard depuis que nous avons accueilli nos enfants. Pour eux, en particulier pour le plus jeune, il y a un plaisir à jouer à se faire peur en riant. Cela rejoint sans doute le besoin d’apprivoiser ses peurs pour les dépasser.
J’ai eu envie ce week-end d’explorer le thème de la peur dans ce culte.
La peur est probablement une des plus anciennes émotions humaines et aussi du monde animal. Elle est liée à l’instinct de conservation de l’être humain. Elle sert à nous préparer à affronter un danger. On peut avoir peur de beaucoup de choses. La peur de la mort est sans doute la peur par excellence, la peur ultime. La peur de l’abandon est aussi l’une des grandes peurs. On peut encore avoir peur de l’inconnu, ou d’éventuels malheurs à venir, ce qui génère un sentiment d’angoisse. On réagit en sursautant quand on est surpris par quelque chose. Il y a aussi les phobies de toutes sortes.
La peur a un effet sur notre corps. Elle nous prépare à affronter un danger : fuir, combattre ou se figer sont les réactions communes face à la peur. Et c’est très utile dans certaines circonstances. Mais la peur provoque aussi une inhibition de la pensée. Elle peut nous empêcher d’apprécier une situation de manière globale en regardant à plus long terme. Nous restons alors bloqués sur notre peur première qui nous empêche de vivre une expérience nouvelle ou de faire le bon choix. On dit d’ailleurs que « la peur est mauvaise conseillère » selon l’expression bien connue. Cela arrive dans tous les domaines, y compris le domaine financier : des marchés qui peuvent « avoir peur ». Cela peut même aller jusqu’à déclencher une crise économique. La peur ou le courage peuvent déterminer l’issue d’une guerre. Il faut souvent de l’aide pour aller au-delà de ses peurs quand elles encombrent notre vie.
La peur fait partie de l’humanité. Il n’est donc pas étonnant que la peur apparaisse dans très nombreux textes bibliques. Les personnages de la Bible ont peur :
L’homme et la femme dans le jardin d’Eden quand ils découvrent qu’ils sont nus. Jacob a peur à de nombreuses reprises, Moïse aussi, tout comme Gédéon, David, Elie, Joseph, Pierre et les disciples de Jésus. Peut-être même Jésus lui-même a-t-il peur à Gethsémané avant d’être arrêté, avant de décider de suivre la volonté de son Père.
Dans la Bible, on parle aussi de la peur de Dieu. Il y a semble-t-il 2 types de peur de Dieu : Une bonne peur ou crainte qui fait prendre Dieu au sérieux et donne une direction à sa vie. Mais il y a aussi une peur de Dieu quand on se situe en opposition à lui ou qu’on suit un mauvais chemin. La peur de Dieu peut aussi empêcher d’entrer en relation avec lui. Des mauvais choix, une mauvaise image de Dieu quand on le perçoit comme un juge sont des obstacles à une vraie relation avec Dieu. A la peur de la mort s’ajoute alors la peur de l’enfer.
La peur est liée à des mécanismes psychologiques très profonds et elle touche aussi à notre rapport avec Dieu.
Le message de l’Évangile, de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, c’est que Dieu est notre ami : un vrai ami. Il nous invite à aller vers le meilleur de nous-même. Quand il met en lumière nos mauvais choix ou actions, c’est pour nous appeler à aller vers la vie. Le Dieu de Jésus-Christ est un ami qui dérange. Cela peut faire peur, mais aussi nous libérer de toutes nos fausses sécurités.
La bonne nouvelle de Jésus-Christ peut nous libérer de nos peurs de la mort, du non-sens. Ce n’est pas une baguette magique qui nous est offerte, mais le choix de la foi, de la confiance en lui pour avancer dans la vie. C’est un choix à réaliser chaque jour. Ainsi, nous pouvons passer de la peur de Dieu à l’accueil de sa présence aimante qui vient fonder nos vies. Nous pouvons passer de la peur de la mort à la confiance que Dieu donne sens à ce que nous vivons et prend soin de nos vies même au-delà de ce que nous voyons.
Ce n’est pas l’absence de risque qui est la réponse à la peur. Un système d’alarme ou un contrat d’assurance ne libéreront pas de la peur de la mort, même s’ils ont leur utilité. La réponse à la peur, nous dit l’Évangile, c’est la confiance en ce Dieu, ami, Père et force de vie que nous annonce Jésus.
Surmonter sa peur libère, en particulier dans ce temps que nous vivons qui est habité par un climat de peur. Surmonter sa peur libère aussi pour faire de meilleurs choix sur le long terme.
Le récit de l’évangile de Matthieu avec Pierre qui rejoint Jésus en marchant sur l’eau nous invite à un cheminement intérieur que je vous invite à vivre en conclusion de ce message.
Si nous sommes ici, c’est que nous avons fait le premier pas de la confiance, que nous avons laissé Dieu prendre place dans notre vie. Prenons le temps de nous situer dans cette histoire.
Sommes-nous dans la barque avec les disciples ou déjà en marche à travers les flots comme Pierre ? C’est à chacun et chacune de le déterminer.
Il y a autour de nous les flots et la force du vent qui sont effrayants. Et nous, qu’est-ce qui nous fait peur ? Faisons silence pour y méditer :
Silence
A l’image de Pierre, nous crions à Dieu : « Seigneur, sauve-moi ». Je crois à ta présence qui m’accompagne dans tous mes défis et toutes mes craintes. Donne-moi confiance et courage pour aller de l’avant !
Et recevons ces mots du Seigneur :
« Moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, je tiens fermement ta main droite, je te répète :
« N’aie pas peur, j’arrive à ton secours. »
Amen.
Versets distribués à la fin du culte pour inviter à la confiance quand on a peur :
Voici le Dieu qui m’a sauvé ; je me sens en sécurité, je n’ai plus peur.
Ma grande force, c’est le Seigneur ; il est mon sauveur.
Esaïe 12, 2
N’aie pas peur maintenant, car je suis avec toi.
Ne lance pas ces regards inquiets, car ton Dieu, c’est moi.
Je viens te rendre courage, j’arrive à ton secours et je te protège,
ma main droite tient sa promesse.
Esaïe 41, 10
Quand j’ai peur, je mets ma confiance en toi. Je loue Dieu pour la parole qu’il a dite,
je lui fais confiance, je n’ai plus peur. Quel mal pourrait me faire un simple mortel ?
Psaume 56, 4-5
Dieu n’oublie pas un seul moineau. Et vous, même vos cheveux sont tous comptés. N’ayez donc pas peur : vous valez plus que beaucoup de moineaux !
Matthieu 12, 6-7