« Et si on prenait le temps de penser à nos morts ? »
Bonjour à vous, heureuse de vous retrouver sur ce blog !
A la demande de plusieurs d’entre vous, j’ai décidé d’écrire encore quelques réflexions sur le blog ! Merci de vos intérêt et confiance.
Nous approchons de la Toussaint. Il se trouve que durant mon périple, j’ai beaucoup pensé à de nombreuses personnes disparues. Je me suis demandé pourquoi ces évocations surgissaient durant mon parcours. J’y vois plusieurs raisons :
- Mon esprit avait suffisamment d’espace libre pour ces pensées.
- J’avais besoin de relire mon parcours de vie et forcément, les personnes décédées en font partie.
- Je suis entrée dans beaucoup de cimetières et j’étais très touchée par la vie qui s’y dégage : non seulement les fleurs, les arbres, les insectes, mais aussi toutes ces histoires de vie qui ont contribué à l’Histoire avec un grand et un petit h.
- Avec une prudence toute réformée, je dirais que la cohorte de mes anges est peut-être plus vaste que je ne pouvais l’imaginer et que, par un fil invisible et au-delà de ma compréhension rationnelle, les personnes qui nous ont précédées gardent un lien avec nous ?
Que m’ont apporté ces pensées et ces souvenirs ?
D’abord beaucoup de reconnaissance ! Nos parcours sont toujours guidés, et conditionnés par celles et ceux qui nous ont précédés. Parfois pour notre bonheur et parfois pour notre malheur. J’aime à dire que nos disparus nous laissent des héritages (je ne parle pas de l’aspect financier). Nous devons gérer ces transmissions : nous pouvons garder et faire fructifier ce que nous avons reçu, mais nous pouvons également refuser des héritages trop lourds à porter. Ce n’est pas toujours facile, ni dans un sens, ni dans l’autre.
Mais on peut aussi éprouver de la colère envers nos décédés : ils nous ont quitté trop tôt, ils nous ont conditionné dans des pensées ou fonctionnements inappropriés, ils nous ont délaissés, maltraités, ignorés. Que faire avec ces sentiments de colère et de rancœur ? Je dirais qu’avant tout, il ne faudrait pas laisser ces sentiments nous étouffer et ne pas les cacher sous un masque de courage ou de fausse indifférence. Dans l’idéal, nous devrions nous en occuper et les affronter en face. Les morts ne devraient pas nous empêcher de vivre !
J’ai remarqué que de prendre le temps de penser aux disparus m’avait aidé à mieux comprendre mon parcours de vie et éventuellement à changer de cap ! Cela a été une réelle libération pour moi.
Mes pensées m’ont aussi amenée à me questionner sur une énigme que je n’ai pas réussi à résoudre jusqu’à ce jour : « Pourquoi la plupart des gens sont-ils si attachés à respecter la volonté des morts ? ».
En côtoyant de nombreux endeuillés, j’assiste souvent à « l’emprisonnement » des vivants dans des promesses faites aux morts. Un exemple frappant est le vœu des décédés de programmer une cérémonie dans l’intimité (ceci par humilité, pour ne pas faire de « chichis » ou pour éviter tous les hypocrites à la cérémonie !) Or, peut-être que les vivants auraient besoin d’être encouragés, soutenus et faire de cet adieu un acte hautement social. Finalement, ce sont les vivants qui devront vivre avec cette perte et ce deuil. Il me semble que c’est à eux de pouvoir choisir la façon dont ils souhaitent vivre cette étape. Mais la plupart des gens se retranchent derrière le respect inconditionnel des souhaits des morts. J’ai posé cette question du respect des morts à des psychologues, ethnologues, sociologues, pompes funèbres. Aucun n’a pu me donner une réponse satisfaisante ! Je suis preneuse si vous avez des pistes !
Se souvenir des morts permet également de prendre du recul face à l’Histoire. Visiter des cimetières, penser aux morts (outre le fait que cela paraisse étrange et macabre !) devrait nous permettre de tirer des leçons de notre histoire et de l’Histoire. C’est probablement un vœu pieux en regard de notre actualité, mais je persiste dans l’espoir que nous pouvons apprendre de nos erreurs et de nos succès et transformer le futur.
Suivre les traces des Huguenots et des Vaudois du Piémont m’a forcément amenée à m’intéresser à leur histoire, à leurs ancêtres, à leur courage et combats. Et je ne peux qu’éprouver de l’admiration et du respect. Et aussi de l’espérance pour que leur engagement dans la foi, dans la liberté perdure et leur survive.
Bon temps de la Toussaint à vous !
Je vous envoie quelques photos prises sur ma route en France, Suisse et Allemagne, au gré de mes rencontres et de mes réflexions !
Regards vers les cieux :
Pour se souvenir :