La pasteure Véronique Tschanz Anderegg est en congé sabbatique de 5 mois du 7 juin au 6 novembre 2023. Elle a choisi de suivre à pied l’itinéraire sur les pas des Huguenots de Poët-Laval (France) à Bad Karlshafen (Allemagne). Nous publions ici les messages qu’elle nous transmet.
Il y a courage et courage.
Me revoici !
J’ai franchi une barrière importante : les rösti Graben ! Mais entre mon allemand hésitant, la bonne volonté des suisses allemands et l’anglais universel, je peux trouver de quoi boire, manger, dormir et faire des rencontres ! Dommage pour les longues discussions philosophiques ! Ça viendra en cours de route.
J’ai désormais franchi le cap des 700 km, avec quelques bobos légers (genou écorché, coupure légère à un doigt, piqûres d’insectes). Mon dos est très vigilant, il me fait signe si je « tire trop sur la corde ». Alors Anna (mon hôtesse à Berne) m’a concocté une série d’exercices que je fais tous les matins. Merci Anna !
Remo a tiré le chariot pendant deux jours, ce qui m’a fait voyager léger ! Merci Remo !
Après la Sarine, je longe l’Aar depuis quelques jours. C’est une très belle rivière, qui me fournit chaque soir la possibilité de détendre mes muscles, voire de me laver !
Cette marche facile sans dénivelés me permet de réfléchir, notamment sur la remarque que je reçois souvent : « Quel courage tu as de faire cela ! »
Mais j’aime marcher ! Dès lors, est-ce que c’est réellement du courage de faire (certes beaucoup et longtemps !) ce que l’on aime ??
Je pense tous les jours aux gens que je croise, à ceux qui m’accueillent. Je pense également à vous famille, amis, paroissiens qui me suivez d’une façon ou d’une autre. Je repense à vous qui devez vous reconstruire après un deuil ; à vous qui avez comme tâche de vous occuper d’une maman malade, d’un conjoint dépressif ; à vous qui avez perdu un enfant, un mari, un travail ; à vous qui ne recevez plus de nouvelles de vos proches ; à vous qui êtes atteints dans votre santé ; à vous qui devez échapper à la maltraitance et reprendre confiance.
Je pense également à vous, qui chaque jour, vous levez pour assumer le quotidien d’une famille, la lourdeur du travail, le poids de la solitude…
Tous les jours, je songe aux exilés d’antan et d’aujourd’hui qui sont partis non pas par courage ou par choix, mais par peur, par obligation, pour survivre et espérer une vie meilleure.
Et ça pour moi c’est le courage !
Moi, j’ai choisi de partir cinq mois pour marcher. J’ai choisi d’avoir les désagréments liés à la pluie et aux incidents techniques. J’ai choisi de me priver de confort certains jours et de manger simplement. Certes, je consens à admettre qu’il m’a fallu du courage pour lancer le projet et pour quitter famille, amis, Paroisse.
En fait, ce sont tous les évènements qui nous arrivent dans la vie, ces événements que nous n’avons pas choisis et que nous devons prendre à bras le corps qui font de nous des femmes et des hommes de courage.
Vous êtes nombreux à me dire que mes petits textes vous font voyager par procuration.
Alors je vous invite à bourlinguer et à revisiter tous vos courages.
Belle semaine, en pensée et prières avec vous,
Véronique
Tous les jours, je songe aux exilés. Dont on est d’aujourd’hui qui sont partis non pas par courage ou par choix, mais par peur, par Obligation, pour survivre et espérer une vie meilleure.
De Morat à Gummenen
De Gummenen à Berne
Petite merveilles de la nature
De Berne-Büren
De Büren à Soleure