Marchons sur l’eau – prédication du 12 août 2023

Culte du 12 août 2023, 17h30, Môtiers, baptême d’Elisée

Texte biblique :

Matthieu 14, 22-33

Prédication sur : « Marchons sur l’eau »

De Patrick Schlüter

Jésus marche sur l’eau et Pierre le rejoint sur la mer ! Voilà un récit de l’évangile de Matthieu qui peut nous sembler bien extraordinaire !

Ce côté extraordinaire a même donné une expression dans notre langue : quand tout réussit à une personne, on peut dire d’elle qu’elle marche sur l’eau !

Cet événement de Jésus qui marche sur l’eau est raconté à 3 reprises dans les évangiles. Le récit le plus ancien est celui de Marc. Matthieu au moment où il rédige son évangile connaît le récit de Marc et en reprend de nombreux éléments. C’est Matthieu qui nous raconte en plus dans ce récit l’épisode de Pierre qui rejoint Jésus sur l’eau.

Ainsi, je crois que Matthieu nous invite à nous détourner de ce côté extraordinaire de la marche sur l’eau pour nous poser des questions beaucoup plus intéressantes pour nos vies. Il nous invite à nous placer avec Pierre et à nous demander :

Comment faire confiance à Jésus dans ma vie ? Comment avancer alors que parfois les événements semblent comme un vent contraire qui nous fait peur ?

Ces questions sont aussi au cœur du baptême d’Elisée que nous venons de vivre.

Baptiser, c’est un acte de foi qui est choisi par le baptisé ou ses parents et qui est porté par toute la communauté. C’est entrer dans l’Église qui croit que l’amour de Dieu est pour chaque être humain et aujourd’hui en particulier pour Elisée. L’Église croit que cet amour peut porter et motiver nos vies.

Il arrive souvent que l’Église soit comparée à une barque parfois ballotée par les flots. Si on entre dans ce symbole, nous pouvons dire aujourd’hui qu’Elisée est montée dans la barque avec nous, une barque dans laquelle nous voulons être solidaires les uns des autres. C’est la dimension communautaire du baptême.

Le baptême a aussi une dimension personnelle : il dit que Dieu veut nous rencontrer en Jésus-Christ pour avancer et cheminer avec nous dans nos vies. C’est une invitation à la foi, à la confiance et à l’engagement qui est adressée à chaque baptisé.

Pierre qui est avec ses compagnons dans la barque peut ainsi devenir l’image d’un chemin de foi auquel nous sommes tous invités. Au-delà du côté extraordinaire du récit de la marche sur l’eau, les étapes que Pierre vit peuvent être celles de toute personne qui se met en route avec le Christ dans un chemin de confiance :

D’abord, la question de la foi survient : elle est posée par une rencontre, par un événement. Mais tout n’est pas évident immédiatement comme les disciples ne reconnaissent pas Jésus. Ils le prennent pour un fantôme, peut-être comme face à certaines questions de la vie, le chemin à suivre peut sembler fantomatique, irréel : on ne voit pas par où passer.

Pourtant, l’appel à la confiance est là. Pour le vivre, il faut se mettre en route, se mouiller, faire le pari que le Christ chemine avec nous.

C’est ce que fait Pierre en sortant de la barque. Qu’est-ce qui lui permet de se lancer ?

Peut-être est-ce ce qu’il a vécu auparavant dans le groupe des disciples qui ont suivi Jésus ou son goût du défi…

Si le chemin de Pierre est personnel, je crois cependant que la dimension communautaire reste présente : la barque n’est pas loin et à la fin du récit, ce sont tous les disciples qui reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu. Pierre avec son cheminement personnel est relié à eux qui s’essaient à suivre le Christ.

L’apôtre Paul l’exprimait à travers l’image du corps du Christ avec plusieurs parties, cela fait écho à l’image du puzzle choisie par les parents d’Elisée pour illustrer la signification de son baptême pour eux.

Relevons la foi de Pierre qui se met en route vers le Christ, mais aussi le fait que la peur et le doute font partie du chemin de foi. La prière aussi. C’est le cri de l’appel au secours : “ Seigneur, sauve-moi ! ” Prier, c’est remettre à Dieu, à travers le Christ, tout ce que nous sommes : nos peurs, nos doutes, nos besoins personnels et ceux des autres.

Avec la prière, la peur et le doute ne sont pas le contraire de la foi et de la confiance : ils sont simplement des émotions que nous pouvons vivre devant Dieu pour avancer et laisser grandir la confiance.

C’est après le chemin parcouru, une fois revenu dans la barque que les disciples peuvent reconnaître que Jésus est le Fils de Dieu. Dans nos vies, c’est souvent aussi après un passage difficile que nous pouvons reconnaitre la présence de Dieu au fil du chemin.

Alors avec ce récit de l’évangile, puissions-nous chacun et chacune « marcher sur l’eau », non dans pas le sens que tout nous réussisse, mais plutôt dans le fait d’oser avancer dans la confiance avec le Christ en lui remettant nos réussites comme nos difficultés et nos échecs.

Bonne marche !

Amen.