Le pouvoir de la douceur – culte du 5 juillet à Fleurier

Dimanche 5 juillet 2020, Fleurier 10h, 14ème dimanche du Temps ordinaire

Culte présidé par Patrick Schlüter

Textes bibliques :

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Avec une indignité tranquille

A tous les épuisés, à tous ceux qui doutent d’eux-mêmes, à tous ceux dont les journées sont vides de sens, il est dit : la grâce et la paix vous sont données.

Entrez dans la paix, entrez dans l’amour du Père, entrez dans le pardon du Maître, avec la tranquille sérénité des petits pauvres jouant sur de riches pelouses.

La grâce et la paix sont ces épis que l’on récolte lorsque l’on n’a plus rien dans le grenier. La grâce et la paix sont pour ceux qui n’ayant plus de toit à réparer ni de murailles à replâtrer, découvrent que le jour et la nuit sont plein de messages et que tout un ciel peuplé d’étoiles brille pour eux.

Le chrétien peut vivre à découvert, sans protection ni sécurité[1]. Il se sent partout chez lui, parce qu’il est partout chez Dieu. Il lui suffit de poursuivre son bonhomme de chemin avec un peu d’humour, un faible pour l’amour et une indignité tranquille.

Tiré de Alain Houziaux, mon silence te parlera, p 11.

[1] Le livre d’Alain Houziaux date de 1993. Le texte est reproduit tel quel pour inviter à la confiance face à la vie. Bien évidemment, il ne faut pas y lire une invitation à ne pas respecter les précautions sanitaires en vigueur pour contrer la pandémie de COVID-19 ! Prenez soin de vous et des autres en respectant les consignes ! Patrick Schlüter

Prière d’ouverture

Source intarissable

Ô notre Dieu, notre Père,

Source intarissable de toute vie,

sans toi nous ne serions que poussière.

Nous chantons à ta gloire 

La vie que tu nous as donnée.

Ô notre Dieu, notre Père,

Source intarissable de tout bien ;

Sans toi il n’y aurait pas d’espérance pour demain et après-demain.

Nous chantons à ta gloire 

Ce matin neuf que tu nous offres et nous renouvelles chaque jour.

Ô notre Dieu, notre Père,

Source intarissable de toute charité ;

Sans toi nous serions vides et asséchés

Incapables de donner et d’offrir.

Nous chantons à ta gloire 

la joie que tu nous accordes en Jésus-Christ 

d’aimer et d’être aimés.

Tiré de Alain Houziaux, mon silence te parlera, pp 13-14.

Acte de repentance

Introduction :

Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » 

En silence, confions à l’accueil et à la douceur du Christ tous les fardeaux qui nous pèsent en ce moment.

Prière :

Seigneur,

je viens à toi dimanche matin lourd-e de ma semaine

assoiffé-e de détente et de repos

– et je ne peux pas les accueillir,

assoiffé-e de vie et de joie

– et je ne peux pas les recevoir,

assoiffé-e de partage et de justice

– et je ne peux pas les vivre

Ecoute-moi!

je crie à toi, Seigneur, tends-moi ta main pour qu’elle remplisse la mienne!

Amen.

Annonce du pardon

Va, dit Dieu

Va en paix.

Je suis à tes côtés

Pour veiller sur toi

Je te ferai signe

Au détour de ta route

Pour t’inviter à la confiance

Au repos

Pour t’appeler à retrouver

L’esprit d’enfance.

Amen !

Prière avant les lectures :

Dieu notre Père,

accorde-nous ton Saint-Esprit :

que ta Parole soit pour nous Bonne Nouvelle,

qu’elle soit la source de notre joie,

qu’elle nous permette de vivre toujours mieux

comme des enfants de Dieu.

Amen

Première lecture : Zacharie  9, 9-10 (traduction selon www.aelf.org)

Ainsi parle le Seigneur :

« Exulte de toutes tes forces, fille de Sion !

Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !

Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse.

Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations.

Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. » – Parole du Seigneur. 

Deuxième lecture : Matthieu 11, 25-30 (traduction selon www.aelf.org)

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit :

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.

Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » 

Prédication « Le pouvoir de la douceur »

Quel temps étrange que celui que nous vivons ! Nous sortons d’une période de confinement avec un début de retour à la normale, l’envie d’oublier et en même temps, nous vivons une grande incertitude avec la pandémie qui se développe dans le monde et de nouvelles précautions à appliquer dans notre pays.

Ces derniers mois, nous avons vécu une situation que je trouve paradoxale. Nous avons été confinés avec nos proches, avec des défis et aussi de belles redécouvertes des liens. Nous avons été recentrés sur notre cercle proche, un peu coupé du monde extérieur et en même temps cela nous reliait au monde entier qui était frappé par la même maladie.

Oui, quel temps étrange que celui que nous vivons, avec toutes les questions de la suite que nous nous posons. Comment avancer vers l’avenir ? Quel monde va sortir de ce temps de crise ?

J’ai ressenti une proximité de ce que nous vivons avec l’oracle de Zacharie 9. Le prophète attend un temps nouveau fait de de justice, de paix et de joie.

Il est difficile de dater précisément cet oracle, mais c’est la période du retour de l’exil, une période faite d’espoir, de déception, de questions multiples sur ce qui va advenir du peuple d’Israël.

Il y a plusieurs choses que j’aime et qui me touchent dans cet oracle.

D’abord, le prophète tient ensemble le proche et le lointain. Pour lui, dans le temps messianique à venir, il ne peut pas y avoir d’oubliés. Il y a la joie pour Jérusalem et la paix pour les nations. Il y a la mention des 2 Royaumes divisés du peuple d’Israël, le nord et le sud. Celui du nord, appelé ici Ephraïm, n’est pas oublié, même s’il a disparu depuis longtemps.

Ensuite, la force de ce roi qui vient instaurer cette nouvelle ère ne réside pas dans un pouvoir qui écrase. Elle repose sur l’action de Dieu. Le roi est pauvre et monté sur un âne, plutôt que sur un cheval de bataille. Les moyens qu’il utilise sont ceux de la justice et de la paix.

Quel monde va-t-il sortir de la crise que nous vivons ? 

Nous ne le savons pas, mais l’oracle de Zacharie nous invite à faire des choix qui tiennent les choses et les gens ensemble. La crise touche tout le monde. Si un virus a pu frapper le monde entier, celui de l’espérance active et de la solidarité peut aussi grandir par les choix que nous faisons.

N’oublions pas les petits de notre pays, n’oublions les pays défavorisés, n’oublions pas notre responsabilité quand nous faisons des choix. L’initiative sur les multinationales responsables soutenue par de nombreuses associations dont notre paroisse nous donne l’occasion de faire un choix de vie. Il s’agit, comme l’oracle de Zacharie de tenir les réalités ensemble, de dire « nous et les autres », par les moyens de la solidarité et de la justice. Et chacun compte dans ce processus, en particulier le pauvre et le petit.

L’oracle de Zacharie attend un roi qui vient instaurer cette nouvelle ère. Pour nous les chrétiens, ce roi attendu est venu en la personne de Jésus-Christ. Il est entré à Jérusalem sur un âne. Il a annoncé la présence du Règne de Dieu. Il a relevé le plus petit. Il a été fidèle à son enseignement jusqu’à en mourir sur la croix. Il est ressuscité et c’est lui qui nous rassemble aujourd’hui.

L’évangile que nous avons entendu aujourd’hui nous montre Jésus louant son Père de la révélation accordée aux tout-petits et cachée aux sages et aux intelligents. C’est la bienveillance de Dieu qui l’a voulu ainsi. Dieu a tout remis à Jésus.

Dans l’évangile de Matthieu, cette louange de Jésus survient en plein cœur des difficultés. En effet, Jésus commence à rencontrer l’opposition. Les chefs et personnes instruites de son peuple sont choquées par son enseignement et cherchent à le faire mourir.

La louange, c’est la capacité à s’émerveiller même au cœur des difficultés et des incertitudes. Pour cela, Jésus nous invite à lui confier nos poids d’aujourd’hui : tout ce qui nous fatigue et nous charge, nous décourage, les poids de toutes sortes, les exigences de la société, les reproches des autres ou ceux que nous nous adressons à nous-mêmes, nos fatigues, nos peurs et nos découragements, tout ce que nous nous évertuons à porter.

Souvent nous voulons être forts. C’est pourtant dans nos faiblesses et notre besoin d’appui que nous pouvons rencontrer Dieu et aussi les autres. Rappelons-nous ce qui a amené à la foi, à être ici ce matin. Il y a probablement quelque part le sentiment que nous ne pouvons pas nous suffire à nous-mêmes.

Les défis de notre monde et nos vies sont multiples. Oui, nous avons notre rôle à jouer, notre part à prendre. En premier, nous sommes invités à confier nos poids à Jésus. Le pauvre, le petit, c’est moi quand je m’abandonne à Dieu. Quand j’accepte mes faiblesses, j’ai besoin de cette douceur de Jésus qui m’accueille et me remet en route. Jésus est à la fois doux et exigeant. Le jugement de Dieu, c’est son amour. Jésus parle d’un joug, parce que son accueil réoriente la vie.

Cette période de semi-confinement nous a sans doute questionnés sur le sens de la liberté. La liberté, ce n’est pas pouvoir faire tout ce que je souhaite sans limite. Le joug du Christ, c’est le joug de l’amour. Cela ouvre à une autre forme de liberté et cela rend possible les sacrifices et l’ouverture à l’autre.

J’aimerais m’arrêter sur le Christ qui se présente comme doux. Ce mot revient plusieurs fois dans l’évangile de Matthieu. Cette douceur, ce n’est pas de la mollesse, ce n’est pas de l’indifférence. C’est un amour profond et exigeant qui ouvre un avenir. Jésus dit dans les béatitudes : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. »

Celui qui est doux, c’est le Christ et tous ceux et celles qui se mettent à sa suite.

Dans ce temps que nous vivons, je suis convaincu que nous avons besoin de vivre et de transmettre cette douceur du Christ.

Nous n’avons pas les réponses aux défis de notre monde. Nous sommes invités à aller à la suite de Jésus qui est avec nous. Nous sommes appelés à agir avec ses moyens à lui pour que chacun ait sa place. Le repos promis, c’est s’abandonner au Christ pour aller vers les autres. C’est être « avec » parce que lui est « avec nous ».

Amen.

Confession de foi

Vivre reste d’une grande douceur

Vivre reste d’une grande douceur. Douceur inexplicable puisque tout semble engagement, combat, incompréhension. Et pourtant il y a une grande douceur à ce que tout cela se passe, se joue, ait lieu.

Il y a une Paix qui surpasse toute intelligence et qui nous accompagne même lorsque nous crions ou ruminons. Les chemins les plus ardus baignent dans une lumière pacifique et comme ouatée. La bénédiction de Dieu est un manteau de lumière, de paix et de douceur pour chacun de nous.

Et puis, dans la trame du monde, dans l’intervalle laissé par ce qui provoque un émoi et par ce qui prend figure d’événement, il restera toujours la grâce et la douceur de ce qui n’est ni grand ni notable, mais qui simplement est là, neutre comme le pain qui accompagne chaque repas, comme le tic-tac de la pendule, comme le soleil qui se lève chaque matin. Et il y a une infinie sérénité dans cette continue et silencieuse respiration du monde.

Lorsque nous savons la prendre avec un cœur d’enfant, la vie constitue une « histoire » au sens où l’entendent les enfants. Une amitié nous lie aux événements quels qu’ils soient.

Père, tu nous donnes, chaque jour, ce pain du quotidien et ce manteau de la sérénité.

Christ, tu es maître de notre barque et de notre « histoire » ; tu es havre de silence, de quiétude et d’humour lorsqu’elle nous secoue.

Esprit saint, tu es souffle de douceur, bercement de notre âme, chant de route dans notre cœur.

Tiré de Alain Houziaux, Mon silence te parlera, pp 160-161.

Prière d’intercession

Seigneur,

Dieu d’Abraham et de Sara,

Dieu d’Isaac et de Rébecca,

Dieu de Jacob et de Rachel,

accorde-nous ta miséricorde.

Seigneur, Dieu, père de Jésus-Christ

accorde-nous ta grâce,

pour que nous puissions t’approcher

et te présenter nos questions, nos faiblesses,

nos peurs et nos angoisses.

Seigneur nous te prions pour les réfugiés,

pour ceux qui sont chassés de leur foyer,

pour ceux qui errent ici et là,

et pour ceux qui s’en reviennent et se retrouvent.

Nous te prions pour les réfugiés du temps et de l’espace,

pour les réfugiés du cœur,

tous ceux qui souffrent doublement

parce qu’ils sont comme toi, doux et humbles de cœur.

Nous partageons leurs douleurs.

Seigneur, nous savons que tu es le Dieu qui sauve

dans les circonstances les plus désespérantes :

nous crions vers toi

en te demandant de fermer la porte

à l’hypocrisie, à la haine,

aux malheurs, à l’intolérance.

Nous te demandons de fermer la porte à la peur

et d’ouvrir celle de l’amour, de la paix,

de la justice et de la vérité.

Envoi

Même la caresse que tu donnes à ton chien

ne se perd pas sans laisser de trace

l’univers y gagne en douceur

le Royaume de Dieu s’en réjouit.

Même les graines que tu donnes aux oiseaux

diminuent la faim de la terre

l’univers se trouve nourri de ta simple aumône.

Même l’eau que tu donnes à tes plantes

fait pousser les racines de la Vie

l’univers se trouve anosé du petit geste de ta main.

Même le sourire adressé au passant ne s’estompe pas

sans avoir engendré de la tendresse

au coeur du monde

et Dieu lui-même en sourit.

Bénédiction

Que le chemin s’ouvre sous vos pas.

Que le vent vous pousse en avant.

Que le soleil rayonne sa chaleur sur votre visage.

Que les pluies tombent avec douceur

sur vos champs.

Et jusqu’à vous revoir,

puisse Dieu vous garder dans sa main.

Amen