Le mouton perdu et retrouvé

Cultes des 10 et 11 septembre 2016

Lectures bibliques: 1 Timothée 1,12-17; Luc 15,1-7  lectures-bibliques

Prédication à télécharger: Luc 15,1-7 prédication

La véritable joie de Dieu se trouve là où ceux qui disent le connaître le mieux ne ressentent qu’une sainte indignation

Jésus est montré du doigt, parce qu’il pactise avec ceux que la religion et la société écartent clairement.

Sous les termes de « collecteurs d’impôts et de pécheurs », il y a la foule de tous ceux qui

ne respectent pas la loi de Dieu, sciemment ou non : tous ces impurs, tous ces moutons noirs,

tous ces marginaux incapables de plaire au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

Avec ces gens-là, M’sieur, y’a rien à faire ! : c’est le refrain officiel.

Mais avec ce sacré Jésus, il faut plus que déchanter ! Non seulement, avec ces gens-là, M’sieur, lui, il cause – et il les écoute – mais en plus il mange avec eux, chez eux ! Il est cul et chemise avec ces moins que rien, ces impurs, ces exclus, et c’est au nom du Dieu d’Israël, qu’il nomme son Père, qu’il fait celà !

Le murmure des dignitaires religieux est bien plus qu’une désapprobation : c’est une condamnation adressée à celui qui s’exclut lui-même du peuple saint, en agissant de manière si scandaleuse – scandaleuse dans le premier sens du terme, c’est-à-dire quelque chose qui fait trébucher la foi, qui peut faire tomber la confiance en Dieu. Très grave ! On parlerait d’un blasphème aujourd’hui.

 

Et Jésus leur répond par cette parabole du mouton retrouvé. Il y ajoutera celle de la pièce d’argent retrouvée et celle du fils perdu et retrouvé. Trois histoires à la suite, comme trois OUI

qui s’opposent aux « NON, NON et NON » de ses contradicteurs. Il est conscient de ce qu’il déclenche par ces paraboles.

A ses accusateurs, il dit : « Je persiste et signe ! Ce Dieu pour lequel je brûle, il est vraiment chercheur et accueillant comme ce berger. Sa joie de retrouver chacun de ses enfants,

elle est d’une intensité inimaginable. Et c’est cette joie sans borne que je ressens quand je parle avec ces exclus, avec ces mauvais, avec ces « tombés dans l’ornière ». Et c’est cette joie qui les retourne et leur donne envie de se relever, de recommencer et vivre autrement. Amen ! je vous le dis ! »

 

Jésus a su très tôt qu’avec un tel comportement, de tels propos, il ne deviendrait pas vieux. Il a vite compris qu’il risquait sa sécurité et sa vie en allant si loin dans son accueil, dans son franchissement des barrières de la société et de la religion.

C’est ce Jésus-là que l’Eglise chrétienne a reçu comme Seigneur et Sauveur, il y a plus de vingt siècles. Or, s’il est pour nous Seigneur, sa parole exerce encore une autorité dans notre façon de voir, de vivre et d’agir. S’il est pour nous Sauveur, son attitude et son message ont encore une force de libération par rapport à nos œillères, à nos ornières, à nos limitations naturelles et culturelles de penser et de nous comporter.

 

Deux questions nous sont posées ici :

1.- Qui suis-je, moi qui écoute ceci ? Un des 100 moutons du troupeau rassemblé, ou le 100ème

qu’il recherche pour le retrouver ?

2.- Quelle attitude Jésus notre berger nous enseigne-t-il à avoir pour notre responsabilité de berger, notre responsabilité « pastorale », nous qui sommes ses disciples aujourd’hui ?

 

Si je me sens membre de ce troupeau, alléluia ! Quelle paix, quelle sécurité ! Dans ce cas, est-ce que je connais bien et j’apprécie la joie du berger qui me garde ? Est-ce que cette joie me nourrit et me pousse à me  réjouir de cette appartenance ? Suis-je ravi des efforts que Jésus-mon-berger déploie pour aller chercher d’autres brebis et les rallier à cette joie ?

Oh ! la joie de la prière du mouton pour son berger dans ses efforts de recherche, elle doit être une vraie source d’encouragement pour lui ! Bêêêê oui !

 

Ou alors : il peut arriver que je me sente, sinon un mouton perdu, du moins un mouton un peu égaré, connaissant la solitude d’un désert, la chute dans une ornière, et goûtant alors avec amertume la solitude et l’absence du troupeau des moutons à l’abri ?

Dans cette situation, aussi souvent qu’elle se présente, et dans la variété des déserts qu’il peut m’arriver de connaître, saurai-je me rappeler la joie de celui à qui j’appartiens,  la joie qui lui donne les forces de me rejoindre là où j’en suis ?

Lui, Jésus mon berger, il est sans cesse en route pour me ramener vers ce qui est la source de ma vie, la maison où je me sens chez moi : compris et pardonné, consolé, aimé.

 

Que je sois aujourd’hui un des 99 ou le 100ème mouton, Jésus notre berger a la même ollicitude pour chacun et chacune de nous.

Et il est le berger de tout son troupeau, un troupeau qui dépasse le nombre des chrétiens,

un troupeau qui est à la taille de son cœur de Fils, à la taille du cœur de son Père, et donc à la taille du cœur de l’Esprit Saint qui souffle sur notre monde aujourd’hui comme sur un voilier.

La joie de Dieu que Jésus a vécue avec ses contemporains, une joie qui rassemble et qui retourne, c’est avec nous que, ressuscité et présent par son Esprit, il veut la vivre dans l’aujourd’hui de chacune de nos vies.

Connaissant cette joie comme le bien le plus précieux, comme l’énergie qui nous porte et nous transporte, c’est à nous de la partager entre nous, et aussi avec tous ceux que Dieu nous donne de côtoyer.

Elle est là, notre responsabilité « pastorale » : aussi prenante, essentielle qu’elle le fut pour Jésus, elle est notre raison de vivre dans la suite de notre bon Berger : un seul troupeau à rassembler dans une même joie.

Rejoindre chaque 100ème mouton que Dieu nous indique ; chercher ceux que la religion officielle

et la morale commune nous indique comme perdus, sans valeur, méprisables.

Y risquer notre tranquillité, voire notre bonne réputation – je ne crois pas que nous y risquions encore notre vie.

Nous trouverons dans cette attitude, dans cet engagement, la joie qui animait le Christ, la joie qui nous emplit quand nous vivons cette communion avec lui, d’autant plus vive si nous avons vécu le passage du mouton perdu et retrouvé !

 

« Mes lunettes, c’est Fieldmann ».

Notre slogan à nous est plutôt celui-ci : nous sommes bénéficiaires et porteurs du regard de Dieu : il a comme horizon un seul monde où chacun peut vivre, debout et reconnaissant d’être ainsi compris et pardonné, consolé, aimé. Amen