L’amour absolu de Dieu pour chaque être humain de cette terre – Prédication des 23-24 février 2019

23 février 2019, Môtiers 17h, culte musical et chanté
24 février 2019, Fleurier 10h

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Prédication de Patrick Schlüter

Textes bibliques :
1 Corinthiens 15, 45-49
Luc 6, 27-38

Prédication sur « L’amour absolu de Dieu pour chaque être humain de cette terre »
Où va le monde ?
Quelqu’un me disait récemment « ça va mal partout ! ».
Il faut sans doute relativiser ce constat car la tendance médiatique est de majorer les mauvaises nouvelles par rapport aux bonnes, mais il n’en demeure pas moins que certaines tendances actuelles sont inquiétantes :
Il y a plus souvent la volonté de construire des murs plutôt que des ponts.
Les États-Unis et la Russie ont annoncé leur sortie du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire,
Un peu partout, la tendance semble à la polarisation politique, religieuse, sociale, etc.
Dans le contexte qui est le nôtre, comment entendons-nous ces paroles de Jésus sur l’amour des ennemis, sur le don sans attendre de retour, sur le pardon et la miséricorde ?
J’ai imaginé plusieurs réactions possibles :
Elles peuvent nous apparaître comme un doux rêve que nous évacuons presque aussi rapidement que nous les avons entendues. « C’est bien joli, mais si on parlait sérieusement ? »
Elles peuvent aussi nous apparaître comme un idéal général dans nos relations interpersonnelles. « Faisons ce que nous pouvons, en sachant que c’est impossible de vivre pleinement ces paroles. »
Elles peuvent aussi nous apparaître comme importantes pour diriger notre vie, mais nous ressentons alors une certaine culpabilité car finalement, nous n’y arrivons pas dans notre vie de tous les jours.
Aujourd’hui, quand nous les entendons, n’évacuons pas les paroles de Jésus. Laissons-les nous déranger, nous interpeller. L’amour des ennemis et la non-violence font partie des spécificités de l’enseignement de Jésus. Il y a là quelque chose d’original, de nouveau, de profondément radical dans ce que dit Jésus.
Quand il prononce ces paroles, Jésus est convaincu que ce qu’il dit est réalisable. Il fait d’ailleurs ce qu’il dit sur la croix en priant pour ses ennemis : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Dans le livre des Actes, écrit par le même auteur que l’évangile de Luc, Etienne prie aussi pour ses ennemis au moment où il est lapidé : « Seigneur, ne les tiens pas coupables de ce péché ».
Martin Luther King disait que cet amour de l’ennemi était non seulement possible, mais nécessaire pour briser la chaine du mal et de la course à l’armement qui conduirait l’humanité à sa destruction.
Alors, oui, il y a de quoi être interpellé par ces paroles, nous qui nous réclamons du Christ.
Si nous entendons ces paroles de Jésus comme une morale à suivre, un idéal de vie, elles ne pourront que nous sembler inaccessibles ou culpabilisantes.
Ce que Jésus annonce, c’est l’amour absolu de Dieu. Dieu est miséricordieux. Dieu ne compte pas : la mesure qu’il utilise est large, généreuse et abondante. Jésus vit de cet amour et à sa suite, il nous invite à en vivre. C’est la relation vivante à Jésus-Christ qui permet d’entrer dans cette logique d’amour. La prière, c’est le lieu où cette relation avec le Dieu de Jésus-Christ se vit. Prier, c’est d’abord l’abandon de la confiance. C’est ce qui reste au persécuté face à son ennemi. La prière, c’est un lieu où la réalité de Dieu peut faire irruption dans nos vies, où le Christ est proche de nous dans nos difficultés pour nous donner sa vie.
Jésus le dit sous forme de promesse : quand nous entrons dans cette logique, nous devenons les fils et les filles de Dieu, les frères et sœurs du Christ.
Avec les paroles du Christ qui nous interpellent, vient une promesse de vie selon une autre logique, celle de l’amour absolu de Dieu pour chaque être humain de cette terre.
Dans le contexte qui est le nôtre, comment entendons-nous ces paroles de Jésus sur l’amour des ennemis, sur le don sans attendre de retour, sur le pardon et la miséricorde ?
Laissons Dieu être Dieu et ne cherchons à accommoder trop vite ces paroles. Laissons-les en avant comme une offre de vie toujours possible. Laissons-les en dedans de nous comme le témoignage de l’amour de Dieu pour nous et chaque être humain de cette terre, quelles que soient ses actions. Chacun et chacune, nous savons pour nos vies, quel pouvoir un regard d’amour peut avoir.
En faisant cela, nous posons un signe au cœur de notre monde troublé pour y dire l’offre de vie en Jésus-Christ.
(2ème volet de la prédication prononcé le dimanche à Noiraigue) :
Paul le proclame au chapitre 15 de la lettre aux Corinthiens : le Christ est ressuscité des morts ! Et cela donne une perspective aux chrétiens, une espérance.
Parce que le Christ est ressuscité, ceux qui croient en lui ressusciteront. Avec des mots qui se cherchent, Paul parle de la résurrection du corps. Il arrive ensuite au passage que nous avons entendu qui parle d’un premier homme terrestre et d’un 2ème homme spirituel qui vient du ciel : le Christ.
« Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. »
Ce que j’aime dans ce passage, c’est qu’il dit une ouverture, une espérance. Il dit le sens de la vie humaine. Oui, nous sommes pleinement sur cette terre, pleinement dans nos corps, mais en Jésus-Christ, Dieu est venu nous chercher. Nous sommes déjà à lui, mais la pleine réalité du sens de nos vies est encore à venir. Nous sommes en devenir par Jésus-Christ.
Le sens et la valeur de notre vie ne dépend pas de nous. Il nous est donné par Dieu. C’est lui qui a le dernier mot sur notre vie. Ainsi, aucun discours ne peut réduire l’être humain à sa valeur économique, à sa santé, à son âge, à son ethnie, à ses réussites et ses échecs, au jugement des autres.
Avec Jésus-Christ, une ouverture et une espérance sont données. D’ores et déjà, nous pouvons la revêtir et en être témoins dans notre monde. Être témoins que le possible de Dieu ne s’arrête pas à ce que nous voyons.
Amen