Laissez les petits enfants venir à moi

Prédication

Dimanche 24 novembre 2024 – Noiraigue

Prière

Nous voulons ouvrir notre cœur à Dieu, en priant. Dieu bon, nous nous souvenons aujourd’hui de notre baptême. Nous nous rappelons que Jésus est la lumière du monde, qui illumine tout autour de lui. Que ton Esprit nous donne de reconnaître cette lumière dans notre lecture de la Bible et de la recevoir dans nos cœurs. Amen.

Marc 10, 13-16

13Des gens amenaient des enfants à Jésus pour qu’il les touche, mais les disciples leur firent des reproches. 14Quand Jésus vit cela, il s’indigna et dit à ses disciples : « Laissez les enfants venir à moi ! Ne les en empêchez pas, car le règne de Dieu appartient à ceux qui leur ressemblent. 15Je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui ne reçoit pas le règne de Dieu comme un enfant ne pourra pas y entrer. » 16Ensuite, il prit les enfants dans ses bras et il les bénit en posant les mains sur eux.

Prédication – G. Klauser

Chère famille, chers amis,

Jésus qui dit aux gens autour de lui : « Laissez les petits enfants venir à moi, c’est eux qui ont tout compris », puis qui les prend dans ses bras, voilà le résumé de ce court texte de la Bible.

Je me demande bien ce que vous avez pensé en entendant cela. Avez-vous été attendris dans un élan de choupitude ? C’est quand même si chou, cet accueil des enfants ! Ou avez-vous plutôt ricané intérieurement, du style : « haha, encore un monde de bisounours que véhicule la religion, une infantilisation des fidèles par le pouvoir religieux » ? Peut-être que certains d’entre vous auront même esquissé un mouvement de dégoût, en se disant quelque chose comme : « mmh, voici qui sonne mal, depuis qu’on parle des abus sexuels qui se sont produits dans certaines institutions religieuses. »

L’intéressant avec les textes bibliques, c’est qu’il faut parfois chercher un sens qui ne se révèle pas tout de suite. Essayons de gratter un peu et reprenons le fil de l’histoire. On peut imaginer Jésus quelque part en extérieur, avec des gens autour de lui. Il enseigne, c’est quelqu’un que l’on vient écouter de loin, quelqu’un dont les paroles sont très attendues.

On l’imagine donc assis, qui parle comme à son habitude avec les gens qui sont autour de lui. Tout à coup, voilà un élément perturbateur, ou plutôt des éléments perturbateurs, des enfants. « Roooh, ça y est, encore des enfants qui vont pleurer, qui vont faire du bruit, qui vont nous déconcentrer »… Vous avez déjà entendu ça quelque part ? Ou, si vous êtes parents, n’avez-vous jamais eu peur que vos enfants dérangent, alors même que bien souvent c’est plus une pression que se mettent les parents qu’un véritable dérangement pour les autres… Bref, les réactions des disciples de Jésus, qui sont ses amis et ses proches, ne sont pas très éloignées de celles que l’on trouve encore malheureusement souvent dans notre société.

Les enfants, ça fait du bruit, comme diront certains. Mais la réaction des amis de Jésus s’explique aussi parce que ce ne sont pas que quelques pleurs qui sont en jeu. On amène ces enfants à Jésus pour qu’il fasse sur eux un geste de bénédiction, pour qu’il dise une parole bienveillante sur eux. Mais à l’époque de Jésus, un enfant représente surtout quelque chose de négatif… Car le grand souci, c’est qu’un enfant, c’est une bouche à nourrir… Un enfant, c’est un facteur de risque, risque de pauvreté et de famine. Alors autant dire que les enfants ne sont pas les personnes les plus respectées de la société de l’époque.

Nous avons donc deux blocs, celui des râleurs, qui se soucient surtout du bon déroulement de l’activité en cours et qui préfèrerait envoyer paître ces enfants, et l’autre bloc, qui ose demander à Jésus de changer un peu ses plans, d’arrêter de parler et de poser un geste concret de bienveillance envers les enfants.

Imaginez un peu, pour vous faire une idée, vos enfants qui viendraient perturber la marche du roi d’Angleterre sur son tapis rouge, ou qui viendraient jouer sur les marches du festival de Cannes au moment où les plus grandes stars les montent… Tout de suite, vous auriez une armada d’agents de sécurité et de policiers qui viendraient les déloger. « Allez, qu’on enlève de là ces enfants perturbateurs ».

Mais la réaction de Jésus est toute autre. « Laissez-les venir ! » En disant cela, Jésus fait l’effet que ferait le Roi d’Angleterre de mon exemple s’il s’arrêtait dans ses obligations et qu’il prenait du temps à s’asseoir par terre, tant bien que mal, sur son tapis rouge, pour commencer à jouer avec les enfants. Autour, ce serait la stupéfaction, la même stupéfaction que les gens du temps de Jésus ont dû ressentir et exprimer.

Ce que fait Jésus en s’interrompant et en donnant une place aux enfants, c’est faire quelque chose de révolutionnaire, surtout à l’époque, c’est de renvoyer les adultes propre et net, c’est leur dire : « Vous vous croyez plus intelligents que les enfants, mais êtes-vous sûrs d’avoir vraiment compris le sens de la vie ? Vous vous croyez intelligents parce que vous avez accumulé des années et de l’expérience… mais regardez ces enfants, avec leur peu d’expérience et leur naïveté, ce sont eux qui ont le plus grand trésor, car ils viennent les mains vide pour recevoir la vie et l’amour de Dieu. Vous, vous essayez de régler au mieux votre vie, comme si vous deviez mériter tout ce qui vous entoure. Mais l’amour de Dieu est pour chacune et chacun, sans aucun mérite à avoir ». Voilà ce que dit Jésus, en accueillant près de lui les enfants.

Ce que Jésus invite à faire, c’est d’oser faire ce constat, dans notre vie, jour après jour, que nous pouvons ressembler aux enfants qui viennent vers Jésus sans se sentir obligé toujours d’être dans le « faire », « faire mieux », « faire plus »…

Les amis de Jésus, autour de lui, sont exactement dans cette logique, mais je crois que nous aussi, bien souvent. Nous nous mettons une pression de dingues, même si, comme les amis de Jésus, nous sommes souvent animés par de bonnes intentions.

Alors, chers amis, je ne peux que nous encourager à nous rendre compte de la gratuité de la vie qui nous est donnée, de la gratuité de l’amour de Dieu pour chacun et chacune de nous, pour que nous puissions, comme les enfants, aborder le monde et nos vies avec moins de pression, pour comprendre d’où nous vient cette vie et surtout que nous n’avons rien à prouver pour la recevoir et la vivre. Amen !

Prière d’intercession

Seigneur, Dieu qui m’accueille, donne-moi la force de penser à toi et de vivre de ton amour. Montre-moi que je suis ton enfant, comme tous les autres qui vivent avec moi.

Je te prie pour les gens qui ne comprennent pas que tu es un Dieu bon et que tu appelles chaque enfant, chaque adulte à venir vers toi. Je pense à tous ceux qui ont des problèmes dans leur famille, à l’école. Je te prie pour celles et ceux que j’aime, celles et ceux à qui je tiens, et que je te remets maintenant dans le silence.

Seigneur, écoute ma prière, écoute notre prière, et reçois-la par ton amour pour nous.

Amen !