La vie du ressuscité à partager après l’Ascension – prédication de David Allisson 18 mai 2023

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Jeudi de l’Ascension 18 mai 2023 Les Verrières

Lecture de la Bible

Actes des Apôtres 1,1-11
Mathieu 28,16-20

Prédication

Prédication de David Allisson

L’Église célèbre aujourd’hui l’Ascension et dans cette période de l’année, vit le temps de Pâques, le temps de la résurrection.

Le Christ est ressuscité.

Il est vraiment ressuscité !

Ces acclamations pascales, cette manière de crier la joie de Pâques, nous les disons comme si nous étions tout contents de retrouver le compagnon disparu deux jours et demi plus tôt. Nous les disons comme si nous allions reprendre une relation qui s’était interrompue. Ce qui nous avait anéanti n’est plus. Jésus est ressuscité. Maintenant on continue comme avant.

Mais ce n’est pas le cas. Jésus ressuscité n’est plus le même. Notre relation avec lui n’est plus la même. 

Des fois, je me dis que cela serait plus facile d’en rester au tombeau vide et à cette proclamation que Jésus, le rabbi, le maître est revenu à la vie et que certains ont cru et d’autres non. Ainsi, la résurrection remettrait les choses en ordre un peu comme elles étaient jusqu’avant la crucifixion.

Le tombeau vide et les apparitions du ressuscité sont décrits dans l’évangile. C’est passionnant à découvrir et important dans notre cheminement spirituel d’en chercher la signification. Mais si on regarde les événements de la foi dans leur ensemble on voit et on prend conscience que cet envoi que Jésus donne vient immédiatement après les récits de résurrection. Il y a un lien fort entre ces événements. Cet envoi de Jésus, je l’aurais spontanément situé dans un après, par exemple comme une parole dite au moment de l’Ascension que nous rappelons aujourd’hui. Or l’Ascension est pour l’Eglise dans le temps liturgique de Pâques et l’Ascension se trouve bel et bien dans le mouvement de la résurrection. C’est bel et bien un récit de Pâques.

C’est d’ailleurs comme s’il y avait une explosion de cette vie du ressuscité qui se répand dans le monde.

Ce dimanche matin-là, tout commence au tombeau, dont les femmes disent qu’il est vide et où les anges ont signalé que Jésus était vivant.

Les femmes sont les bonnes personnes pour recevoir et transmettre une nouvelle aussi hallucinante et incroyable. Elles sont les bonnes personnes, parce qu’elle se mettent en chemin pour annoncer cette nouvelle.

S’éloignant à peine du tombeau, alors qu’elle sont encore sur le chemin, Jésus leur apparaît.

La nouvelle commence à se répandre et parvient à Jérusalem, en ville. Les chefs des prêtres sont contrariés par la tournure des événements et paient les soldats pour qu’ils fassent croire que les disciples sont venus voler le corps pour pouvoir dire qu’il est ressuscité.

Du tombeau au chemin à Jérusalem, le vent de la résurrection vient jusqu’en Galilée, où les disciples avaient rendez-vous. Cette Galilée un peu éloignée où les habitants sont encore Juifs, mais d’où on n’attend pas grand-chose de bon quand même.

On s’éloigne du centre de la présence de Dieu qu’est Jérusalem et son temple.

C’est là, en Galilée, sur une montagne ou une colline, que Jésus souffle encore plus loin la vie qu’il promet en envoyant les disciples vers les nations. Vers les nations, cela veut dire vers les non Juifs, les païens, ou vers le monde entier.

Il y a quelques heures à peine, la résurrection bouleversait quelques personnes autour d’un tombeau et maintenant sa nouvelle et ses conséquences se déploient vers le monde entier.

Les prophètes avaient annoncé depuis longtemps l’ouverture universelle de l’action de Dieu en évoquant le retour de toutes les nations vers Jérusalem. La parole de Jésus réaffirme l’attention de Dieu pour le monde entier, mais cette fois, c’est lui qui va aux nations. La bonne nouvelle se répandra dans le monde entier, depuis le tombeau laissé vide par le Christ ressuscité.

Voilà aussi notre mission. Voilà aussi ce qui nous est demandé. Faire dans toutes les nations des disciples en baptisant et en enseignant à pratiquer ce que commande Jésus.

Nous entendons ces paroles et nous les vivons dans la célébration du culte et dans nos vies personnelles. Comme les disciples, quand nous entendons ces paroles, nous sommes en train de rencontrer Jésus, le crucifié ressuscité.

Comme les disciples, nous réagissons de manières diverses : « ils l’adorent mais certains hésitent à croire ».

Nous sentons la force de la résurrection qui fait vivre l’Église depuis bientôt 2000 ans. Nous sentons aussi la fragilité et la faiblesse de l’Eglise dans le doute et les erreurs.

Hé, bien. C’est sur cette Église-là que le Christ a compté pour être présent dans le monde. Il a pu faire autrement, parce qu’il s’est déjà manifesté avant, comme nous pouvons le lire dans l’Ancien Testament. Il est venu lui-même pour y vivre et y mourir. 

Pourtant, le Christ partage cette vie intense et vraie dans cette Église fragile, qui hésite à croire et qui se trompe. Il partage la Vie avec ses disciples pour qu’ils manifestent à leur tour la présence vivante de Dieu dans le monde. Par la présence des disciples, le Christ est présent. Par notre présence, le Christ est présent.

La promesse de Pâques, c’est la réalisation de cette promesse que nous lisons à Noël au tout début de l’Évangile de Matthieu : « « La jeune fille attendra un enfant. Elle mettra au monde un fils. On l’appellera Emmanuel, ce qui veut dire « Dieu avec nous » » (Mt 1,23). En général, nous faisons comme si le récit de Noël était la réponse à cette annonce, sans trop souligner le fait que Joseph nomme le nouveau-né Jésus et non Emmanuel. En fait, la dernière ligne de l’évangile de Matthieu est un rappel de cette annonce et marque le fait que Jésus réalise cette annonce dans sa promesse « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »

Le Christ est ressuscité.

Il rencontre ses disciples, sur la montagne dans cette Galilée où il a marché avec eux, où il a donné des enseignements, où il leur a indiqué le cœur de l’enseignement à pratiquer. Souvenez-vous, quelques pages plus haut dans l’évangile de Matthieu, un maître de la loi est venu demander à Jésus quel est le plus grand commandement de la loi. « Jésus lui répondit : « « Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ton intelligence. » C’est le plus important et le premier des commandements. Et voici le deuxième commandement, qui est aussi important que le premier : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. » Toute la loi de Moïse et tout l’enseignement des prophètes dépendent de ces deux commandements. » » Mt 22,37-40

« Les disciples l’adorent mais certains hésitent à croire »

Nous voilà exactement au même point que les disciples. Nous sommes nous-mêmes disciples. Nous avons reçu le baptême, nous avons entendu l’enseignement de Jésus. Nous recevons aujourd’hui la nouvelle que le Christ est vivant et qu’il est avec nous chaque jour de notre vie.

Avec joie et adoration, avec nos doutes et nos hésitations, nous sommes priés de faire passer la nouvelle. Nous sommes priés de respecter ce commandement d’aimer Dieu, d’aimer les autres et de nous aimer nous-mêmes.

La demande est précise. Elle laisse aussi beaucoup de place à notre créativité. Répandre la nouvelle, c’est en parler autour de soi, à ses proches, à ses voisins. Cela peut aussi être saisir des occasions publiques de parole ou de service. Par une attention à l’autre et le respect de la création, répandre la nouvelle que la vie de Dieu est présente dans notre monde. Cela se traduit dans 1000 petits gestes ou paroles du quotidien. Cela est aussi mis en grandes actions avec des buts précis comme nous sommes invités à le faire dans les informations et soutien aux projets de la campagne de carême dont nous parlons beaucoup chaque printemps. Ces actions participent aussi à répandre cette nouvelle que la vie du Christ nous fait vivre aujourd’hui d’une manière plus vraie, plus profonde et que cette respiration de vie divine est disponible pour chacune et chacun.

Le Christ est ressuscité et nous vivons de sa vie.

Accueillez la nouvelle, réjouissez-vous, respirez cette résurrection, partagez-la.

Amen.