La vie c’est plus grand qu’on croit – prédication des 15-16 septembre 2018

20180901LaVieCestQuoiAldebert

Lors du culte du 15 septembre, trois enfants ont été baptisés. Les parents ont demandé à écouter une chanson d’Aldebert: « La vie c’est quoi? ». La prédication a été inspirée par le texte de cette chanson. Lien pour écouter Aldebert – « La vie c’est quoi? ».

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Lecture de la Bible

Actes 17,1-9
Marc 8,27-35

La vie, c’est plus grand qu’on croit

Prédication de David Allisson

La vie, c’est quoi ?

La question titre de la chanson d’Aldebert, c’est la base.

Si nous avons un doute sur ce qu’est la vie, nous risquons de faire flâner les fantômes du remords ou de laisser se faner les envies dans la routine. La vie sans les couleurs, c’est indifférent.

Jésus demande : « qui dites-vous que je suis ? »

La chanson d’Aldebert demande : « la vie c’est quoi ? »

Pour moi, c’est un peu la même question.

Bien sûr, au moment où Jésus discute avec ses amis, c’est un peu différent. Jésus est un personnage public et les gens se font leur petite idée sur lui. La rumeur colporte même pas mal de chose différentes et leur contraire à propose de qui est Jésus ! Pour lui, cela va d’ailleurs mal finir, parce qu’il va être mis à mort.

Jésus demande : « qui dites-vous que je suis ? »

Et Pierre donne la bonne réponse de catéchisme : « tu es le Christ ». Et le livre des Actes donne la même bonne réponse de catéchisme : « ce Jésus que je vous annonce, c’est lui le Messie ».

Le défi est de faire entrer dans la vie cette bonne réponse de catéchisme.

Le mot Christest d’origine grecque et le mot Messievient de l’hébreu, mais ils disent la même chose : c’est celui qui est oint par Dieu, c’est-à-dire choisi et désigné pour libérer la vie de ceux vers qui il est envoyé.

Parce que vous le savez bien, vie n’est pas seulement les belles couleurs, le bonheur et les moments fabuleux. Il y a de la joie dans l’accueil et la naissance d’enfants. Et il y a aussi les soucis, les nuits interrompues, la fatigue. C’est la vie dans toutes ses dimensions. Aldebert, dans sa chanson, est discret sur les contrariétés, mais elles sont bien présentes : c’est quoi le remords ? c’est quoi la routine ? c’est quoi l’indifférence ? c’est quoi le racisme ?

L’espoir et le bonheur doivent se faire un chemin aussi dans ce qui vient les contrarier.

Certains courants de pensée nihilistes affirment que dès que nous sommes nés, nous ne progressons plus que vers la mort. Cela a un côté cruellement réaliste, mais en même temps nous sentons en nous la vie bien plus forte que cela.

Dans la vie, il y a une générosité, il y a une ouverture, il y a des relations qui nous dépassent et qui nous portent. Nous sentons bien que nous sommes davantage que de la viande qui pense.

« Qui dites-vous que je suis ? » demande Jésus.

Pierre répond : « Tu es le Messie ».

Pierre attend quelqu’un. Il attend quelqu’un que sa tradition a appelé le Messie ou le Christ, ce qui est la même chose. Il attend bien autre chose que la mort. Il n’est pas dans cette vision du monde pessimiste, même s’il va se faire remettre en place par Jésus parce qu’il réagit de façon trop humaine. Le Messie que Pierre attend, c’est l’envoyé de Dieu. Le Messie, c’est celui qui vient ouvrir le monde de Dieu dans le monde des humains.

Oui, c’est dans le monde des humains que le Messie vient ouvrir le monde de Dieu.

Là aussi tout se mélange. Comme dans nos destins la mort vient se mêler à la vie au point de nous faire trouver cela glauque parfois.

Le fait que Dieu avance avec nous dans la vie, cela n’enlève pas toutes les difficultés de notre parcours. Nous tombons parfois. Nous devons nous relever et recevoir les ressources et les forces de nous remettre à avancer.

Perdre sa vie pour la sauver, c’est peut-être cela. C’est admettre que nous ne maîtriserons pas les contrariétés et les malheurs de la vie. Pierre essaie de maîtriser le malheur pour ne garder que le bonheur. Il essaie de le faire en remettant en place Jésus quand il se met à annoncer ses souffrances, sa mort et sa résurrection. Il aimerait probablement mieux que Jésus fasse plus qu’ouvrir le monde de Dieu dans ce monde humain avec ses douleurs et ses souffrances. Il aimerait que Jésus soit un Messie bien plus spectaculaire et qu’il transforme carrément le monde humain en un monde de Dieu comme lui, Pierre, se l’imagine : plus de mort, plus de malheur, seulement le bonheur de vivre en présence de Dieu.

Oui, vivre en présence de Dieu est bien un bonheur. Mais ce bonheur-là n’a jamais éliminé, à aucun moment de l’histoire, les différentes tensions de la vie humaine.

C’est ce qu’essaie de dire à sa manière ce poème brésilien bien connu :

« Une nuit, j’ai eu un songe.

J’ai rêvé que je marchais le long d’une plage, en compagnie du Seigneur.

Dans le ciel apparaissaient, les unes après les autres, toutes les scènes de ma vie.

J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à chaque scène de ma vie, il y avait deux paires de traces sur le sable : L’une était la mienne, l’autre était celle du Seigneur.

Ainsi nous continuions à marcher, jusqu’à ce que tous les jours de ma vie aient défilé devant moi.

Alors je me suis arrêté et j’ai regardé en arrière. J’ai remarqué qu’en certains endroits, il n’y avait qu’une seule paire d’empreintes, et cela correspondait exactement avec les jours les plus difficiles de ma vie, les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur et aussi de plus grande douleur.

Je l’ai donc interrogé : « Seigneur… tu m’as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie et j’ai accepté de vivre avec Toi. Mais j’ai remarqué que dans les pires moments de ma vie, il n’y avait qu’une seule trace de pas.

Je ne peux pas comprendre que tu m’aies laissé seul aux moments où j’avais le plus besoin de Toi. »

Et le Seigneur répondit : « Mon fils, tu m’es tellement précieux ! Je t’aime ! Je ne t’aurais jamais abandonné, pas même une seule minute !

Les jours où tu n’as vu qu’une seule trace de pas sur le sable, ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien : c’était moi qui te portais. » »

Je crois que ce poème est une image de ce que veut dire Jésus avec ces mots : « Si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il cesse de penser à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive. En effet, qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour la Bonne Nouvelle la sauvera. »

Reconnaître que je ne maîtrise pas tous les aspects de ma vie. Accepter que mon engagement et mes capacités dépendent aussi des autres et de la source de ma vie. Prendre les contrariétés et les malheurs avec la confiance que je recevrai aussi les ressources pour y faire face et les traverser. Reconnaître aussi bien mes qualités que mes erreurs. Revenir toujours à nouveau à la rencontre des autres et de Dieu.

Tout cela fait partie de porter ma croix : c’est reconnaître à la fois mes limites et tout ce que j’ai reçu pour aller de l’avant.

Et la Bonne Nouvelle, c’est ce qu’il y a juste au milieu de ce passage de l’Évangile : « …après trois jours, il se relèvera de la mort. »

Ce que je crois et proclame du destin de Jésus, le Christ, me donne la confiance que la vie est plus forte que la mort et que la force qui me vient de la vie me donne les ressources pour avancer dans une vie qui a un sens.

Et ce n’est pas une question d’être pratiquant ou non pratiquant. C’est une question de sens, de quête, d’exploration.

Vous n’êtes pas pratiquant, vous. Non, les gens qui viennent à l’Église ne sont pas des pratiquants. Ce sont des chercheurs, ce sont des exploratrices, des coureurs d’orientation. A l’Église, on ne pratique pas. On s’y ressource, on s’y oriente, on s’y décentre, on se met à l’écoute d’une autre Parole que la nôtre, on y affûte notre esprit critique, c’est essentiel !

La pratique, c’est une fois qu’on est sorti de l’Église : c’est dans le monde et dans notre relation aux autres et à la création que l’on est appelé à pratiquer !

Le papa de la chanson d’Aldebert a réponse à tout.

Mais vous avez remarqué ? les réponses sont toujours ouverte à une exploration, à un chemin qui continue. Quand nous sortons de la chanson, c’est comme quand nous sortons de l’Église : c’est à ce moment-là que commence la pratique. Si l’émotion c’est l’âme qui s’allume, cette lumière va éclairer nos expériences et nos relations. Si grandir c’est fabriquer des premières fois, nous sommes tous en train de grandir dans la vie.

Allons-y joyeux et confiant, le sourire aux lèvres : un sourire c’est du vent dans les voiles.

Amen.