Lecture biblique – Jean 1,1-5,10-14 (traduction « Parole de Vie »)
Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu. Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien fait sans elle. En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains. La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l’a pas reçue. La Parole était dans le monde, et Dieu a fait le monde par elle, mais le monde ne l’a pas reconnue. La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l’ont pas reçue. Pourtant certains l’ont reçue et ils croient en elle. À ceux-là, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Et ils sont devenus enfants de Dieu en naissant non par la volonté d’un homme et d’une femme, mais de Dieu. La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité.
Prédication (Maxime a été baptisé ce samedi à Môtiers)
D’où venons-nous ? Ou dit autrement : où étions-nous avant notre naissance ? Et avant notre conception ? Tenter d’y répondre ensemble demanderait du temps et aussi de la confiance, car on touche là à ce que nous croyons, et nous n’avons pas forcément les mêmes idées et croyances sur cette question.
Où était Maxime avant sa conception ? Là, avec un peu d’imagination ou d’intuition affectueuse, nous pouvons dire : il était dans le désir de ses parents. Maxime n’existe-t-il pas depuis que vous avez souhaité sa venue ? Et cela peut remonter à des temps avant sa conception, non ? Sans en faire tout un fromage, je prétends que ce désir que vous avez eu de Maxime, avant-même sa venue à l’existence, ce désir est important pour lui, comme il l’est pour vous. Un jour, Maxime pourra dire avec ses mots à lui qu’il a été désiré et aimé avant qu’il ne vienne au monde. Et cela sera une grande force, comme une fondation en lui, comme une source d’énergie qu’il utilisera tout au long de son existence. Mais aujourd’hui déjà, et depuis que Maxime existe, il le sent et le sait, il l’éprouve, comme on éprouve l’amour que l’on reçoit, même quand on ne peut pas encore le dire.
Le texte d’Evangile que nous avons lu dit quelque chose de semblable, mais dans un langage moins « terre à terre » que ce que je viens d’exprimer. Ce texte est une confession de foi : ce sont des paroles qui chantent ce qui habite le cœur de celui qui les écrit, des paroles pour enchanter ceux qui vont lire cette déclaration. Je relève de ce texte trois choses importantes :
– Premièrement : Jésus existe depuis avant le commencement de tout ce qui existe.
Ce Jésus de Nazareth, dont la vie et la destinée nous sont bien connues par les Evangiles ; Jésus, fils de Marie et Joseph le charpentier ; Jésus qui se dit être le Fils de Dieu ; Jésus qui se dit être le Christ, c’est-à-dire celui que Dieu enverrait pour apporter aux humains l’amour et la vérité qu’il leur destinait. Ce Jésus dont nous avons tant de récits, depuis avant sa naissance et jusqu’après sa mort et sa résurrection, voici qu’on le dit exister bien avant toute son histoire parmi nous.
L’auteur de ce texte est un peu comme les parents de Maxime. Il veut dire depuis quand existe celui qu’il aime par-dessus tout, mais qui ici n’est pas son fils, mais son ami, son Libérateur, celui en qui il a mis sa confiance la plus forte. Vous voyez l’amour qui alimente cette intuition, cette imagination de l’évangéliste Jean : Jésus existe depuis plus loin que toujours ! Depuis avant le début de tout, même du Temps et de l’espace. Comme un cadeau.
– Deuxièmement : Jésus est appelé ici la Parole.
Dieu le Père a tout créé par la Parole ; cela nous renvoie au premier récit de la Création de l’univers, dans le premier chapitre de la Bible, dans le livre de la Genèse.
Nous connaissons le grand pouvoir qu’a une parole en nous. Par exemple, quand on dit à un enfant qui fait ses de- voirs d’école : « T’es un bon à rien, t’es nul, tu n’y arriveras jamais, tu vas tout rater. » Est-ce que nos paroles ne pro- duisent rien sur l’enfant, sur sa motivation à étudier, sur son courage à affronter les difficultés, déjà à son niveau ?
Si au contraire, nous lui disons, à lui qui peine sur ses mêmes devoirs : « Vas-y ! tu peux y arriver ; je sais que tu as l’intelligence pour comprendre ce qui t’est demandé. J’ai confiance en toi, tu as du talent pour réussir. » Il nous semble évident que cet enfant ne va pas travailler dans les mêmes conditions, suivant qu’il entende des paroles négatives ou des paroles positives.
La parole que nous choisissons de prononcer a un effet sur ceux à qui nous parlons. Elle peut les aider à se remettre en question, à retrouver du courage ; elle peut aussi les rabaisser, les freiner dans leur élan. Elle peut également les endormir, les rendre indifférents ; elle peut tant de choses, notre parole, même la plus quotidienne !
Jean l’Evangéliste s’extasie que Jésus est bien la Parole par laquelle Dieu a tout créé de ce qui existe. Telle est sa puissance et sa volonté bonne. Ce Jésus connu pour le bien qu’il nous a donné par son existence, il nous est donné depuis avant notre début et il est à la racine de toute créature. La vie, bien suprême de tout vivant, est don de Dieu. Notre vie à chacun est le fruit d’une volonté aimante de Dieu.
– Troisièmement : Jésus est la lumière qui vient nous éclairer.
Être vivant ne suffit pas : encore faut-il « voir jour » ! Quelle valeur y a-t-il y à une existence qui n’est là que pour dormir, manger et boire, travailler, se reproduire puis vieillir et disparaître ? C’est une existence de « bête », et on parle d’une telle existence pour des esclaves, pour des gens traités comme des parias.
Mais vivre et vouloir faire quelque chose d’utile de ses jours et années ; se savoir aimé et appelé à une tâche bonne pour la société dans laquelle nous sommes ; bénéficier d’une confiance pour réaliser un projet qui nous motive et révèle les talents qui sont en nous. N’est-ce pas là une tout autre vie ? Il n’est pas besoin de connaître le succès ou la richesse pour vivre une existence dont nous pouvons être heureux.
La lumière qui éclaire nos pas, c’est une image pour dire ce qui nous fait avancer, et nous permet de choisir notre chemin dans des carrefours parfois délicats. Cette lumière nous est donnée par notre éducation, par notre entourage, par notre information aussi.
Ici, Jean l’Evangéliste nous invite à le rejoindre dans cette découverte de la lumière que représente Jésus. Cette lumière vient à nous comme une proposition pleine de respect pour notre choix, et non comme une lampe braquée sur nos yeux. Cette lumière est l’offre d’un sens à notre vie qui va toucher tous les aspects de notre parcours et de notre personnalité.
J’ai connu des gens que je décrirais comme « lumineux » (et non « illuminés » !) : ils connaissaient des idées qui me seraient utiles et bonnes, mais ils ne me les donnaient que quand je le souhaitais. Ils ne m’imposaient rien ; mais ce que je recevais d’eux me convainquait que ce qu’ils m’apportaient m’était profitable, voire essentiel.
Jésus est par excellence un « lumineux » ; il est décrit ici comme la lumière qui nous éclaire, si nous l’acceptons, au-delà de ce que nous pouvons imaginer et espérer.
Louange à Dieu le Fils, Jésus premier existant, Parole créatrice et Lumière pour notre monde et nos vies ! Amen.
L’icône de la Trinité d’après Roublev
Extraits du texte du montage audio-visuel du Centre Œcuménique de Documentation, 1986
DIEU LE FILS
Introduction. L’icône (du mot grec signifiant l’image) est une peinture sur bois et représente des sujets religieux.
Bien plus qu’une représentation, elle est présence de Dieu. Elle prend sa source dans le Fils, Verbe incarné, qui est « l’image (icône) visible du Dieu invisible » (Colossiens 1.15). L’icône est « une fenêtre ouverte sur l’éternité. »
Dieu le Fils, personnage du centre de l’icône.
Le bleu de sa tunique ressemble à une cascade ; le rouge ressemble au sang, au don de sa vie.
« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurait prié
et il t’aurait donné de l’eau vive. »
C’est lui, Jésus-Christ, qui est venu par l’eau et par le sang. Lui qui nous aime et nous a lavés
de nos péchés par son sang.
Cette eau vive, nous la recevons aujourd’hui par sa présence au cœur du monde, sur cette table
(de communion) qui représente aussi le monde.
Des mains agissantes :
Les mains du Fils : sa main droite est bien placée sur la table-monde. Non seulement la main, mais aussi l’avant-bras, pour bien montrer qu’il est dans le temps, dans l’Histoire. Ses deux doigts posés sur la table sont le signe de sa double nature : pleinement Dieu et pleinement homme. De la main gauche, il tient
son bâton-sceptre, même attitude que le Père.
« Moi, le Fils, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je suis le Pain vivant descendu du ciel ;
qui mangera de ce pain vivra à jamais. Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. »
Les trois têtes penchées, comme pour un dialogue perpétuel.
Au milieu d’eux, cette coupe, signe du sang versé, de la vie offerte du Christ.
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