Textes bibliques :
La sagesse selon Salomon, inspiration pour notre temps
Prédication prononcée au temple de Travers, le 30 juillet 2023
Pasteur Jean-Jacques Beljean
Chers frères et sœurs,
Il y a fort longtemps que je n’avais pas relu ce texte sur le début du règne de Salomon, 970 ans avant notre ère. La sagesse n’est pas très à la mode car notre époque a plutôt privilégié des textes socio-politiques durant la fin du 20ème siècle et des textes spirituels et psychologiques en ce premier quart du 21ème. La sagesse biblique intéresse peu de monde, on la considère démodée et peu reliée à la foi.
Mais voilà, quand on m’a donné les informations pour ce remplacement, l’on m’a signalé la liste de lecture pour les cultes et la sagesse de Salomon était à l’ordre du jour de ce 30 juillet. Cela m’a rappelé des souvenirs, d’école du dimanche et des leçons de religion. Puis de mon maître de stage qui aimait bien la sagesse.
Mais voilà, que faire de cette sagesse d’il y a trois mille ans !
Je pense que, comme moi, l’état du monde vous inquiète. Comment se situer dans ce qui se passe ? Je pense aux catastrophes climatiques, à la chute drastique de la biodiversité, aux guerres et troubles en Ukraine, au Soudan, au Niger et bien ailleurs. Je pense avec émotion à nos amis chaux-de-fonniers victimes de ce soudain et terrible orage.
Devant ce marasme local et mondial, devant l’état du monde, je ne peux m’empêcher de me dire que nous manquons de sagesse. Surtout de sagesse. Nous, simples citoyens, paroissiens, habitants de nos villages, mais aussi ceux et celles qui détiennent les clés de l’avenir parce qu’ils exercent des responsabilités politiques, sociales, économiques. Tous, nous manquons de sagesse.
Et Salomon dans tout cela. Malgré la distance chronologique et culturelle, il pourrait nous inspirer dans sa manière de rechercher la sagesse. Pourtant il commence mal son règne. Il est contesté. Son père David a perdu les pédales et les intrigues et chausse-trappes sont nombreuses. Il a bien essayé la géopolitique en épousant la fille du pharaon d’Égypte. Mais son propre frère, son demi-frère, le conteste. Bref c’est le marasme.
Alors en quoi pourrait-il nous inspirer ?
Étrangement Salomon commence sa demande par un aveu : je ne sais pas gouverner. En fait il ne s’agit pas d’un aveu d’incompétence, mais d’un acte d’humilité. Gouverner n’est pas simple, c’est prévoir. Et prévoir c’est difficile. Il a besoin d’aide.
Ce qu’il demande d’abord à son Seigneur, c’est de l’entendement. Tout le contraire d’une idéologie, ces idéologies qui sont tant à la mode aujourd’hui, ces idéologies qui désignent des coupables (réfugiés, migrants, banques, multinationales, gouvernements…).
Salomon demande avant tout de l’entendement. Il veut savoir et comprendre ce qui se passe. Analyser objectivement la situation. C’est seulement ainsi qu’il pourra accomplir sa tâche de dirigeant responsable.
Comprendre est primordial.
Ensuite, et l’on ne s’y attend pas, il demande de discerner entre le bien et le mal. Il veut comprendre l’ensemble des problèmes et veut gouverner avec droiture.
A la veille de notre Fête nationale du 1er août, cela m’a fait penser au préambule de la Constitution suisse dont nous fêtons cette année les 175 ans, avec ces mots clés extraits du préambule : paix, solidarité, ouverture au monde, respect de l’autre, équité, etc. et ce motto qui conclut le préambule : « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Quelle sagesse dans ce préambule et quel beau programme reste encore à accomplir.
Ce qui est intéressant chez Salomon c’est qu’il ne demande pas ce qu’on demande habituellement : l’argent, la richesse, le pouvoir, la sécurité, la mort ou la disparition de l’adversaire comme le désirent certains dirigeants….
Le début de son règne se fera sous les auspices de la sagesse. Les troubles seront vaincus. Le chroniqueur relatera encore le fameux jugement de Salomon, arbitrant entre deux femmes se disputant le même enfant. Il rapportera tous ses actes de justice mais aussi ses découvertes scientifiques et de science politique.
Mais soyons objectifs. Tout cela ne durera qu’un temps. Séduit finalement par le pouvoir, il préfèrera la compagnie de ses nombreuses maîtresses ou encore fusionnera tous les cultes de son Royaume, mécontentant ainsi toute la population au lieu de respecter chacun dans ses options et opinions.
Mais une piste fondamentale pour notre conduite face aux évènements du monde demeure à la lecture de ce récit : apprendre à comprendre ce qui se passe, savoir discerner le bien du mal, le juste du faux, le prospectif du régressif, tout cela demeure comme la meilleure piste en vue de l’avenir. Certes, nous ne sommes pas des grands de ce monde. Mais nous sommes citoyens, électeurs, parents, grands-parents, voisins…. Et nous sommes appelés à nous forger une opinion, à l’exprimer, voire à voter.
Salomon a régné sur un petit royaume relativement insignifiant à l’échelle du monde et du temps. Pourtant l’on se souvient de lui, non à cause de son royaume mais à cause de sa sagesse, ce trésor qu’il a demandé au Seigneur de lui remettre.
Les échéances sont devant nous. Nous avons à nous forger une opinion et à exprimer, sachant discerner le juste du faux et le bien du mal.
Ainsi, que la sagesse selon Salomon soit celle qui va nous inspirer. Ce sera comme découvrir le trésor de la petite parabole de Matthieu que nous venons de lire tout-à-l ‘heure. Ce trésor nous sera bien utile pour l’avenir. Ce trésor c’est le Royaume de Dieu, modèle pour nous ouvrir à des pistes pour l’avenir de notre monde. Le trésor nous donnera la clé de la volonté divine pour notre monde
Notre sagesse sera d’un apport modeste, car nous sommes peu nombreux et nous avons peu de pouvoir. Mais saurons-nous tirer du trésor du Règne de Dieu la sagesse pour nous exprimer avec justesse et compétence, pour voter quand nous le pourrons, pour agir là où nous sommes placés ? Saurons-nous la demander avec humilité et la rechercher avec vigueur en y mettant le prix nécessaire ?
C’est ce que l’on peut se souhaiter de mieux dans ce temps troublé. Mettons tous nos moyens à disposition pour acquérir la sagesse de comprendre, de discerner le bien du mal et d’agir.
Amen