Jour de Noël
Eglise de Môtiers – 25.12.2024
Prière
Béni sois-tu, Seigneur. Enfin il est venu, le jour où tu visites les tiens.
Tu l’avais promis à Moïse, tu l’avais juré à David, le voilà enfin qui vient.
Dieu, tu entres dans la pâte humaine, et quel grand cadeau tu nous fait ! Car ainsi, mon frère, ma sœur, mon ami, celui qui est loin comme celui qui est proche, est ton visage, Seigneur.
Quand toi, le Très Haut, tu te fais tout proche, quand toi, le Très Grand tu te veux petit, le monde n’est plus le même.
Dieu avec nous, Dieu en chacun de nous, seul l’amour pouvait oser cela.
Je tombe à genoux, émerveillé, muet, mais tu m’ouvres les lèvres et je peux dire : « Béni soit le Seigneur » !
Lecture biblique : Esaïe 11, 1-10
1Un rameau sort du vieux tronc de Jessé, une nouvelle pousse sort de ses racines. 2L’Esprit du Seigneur est sans cesse avec lui, l’Esprit qui donne la sagesse et le discernement, l’aptitude à décider et la vaillance, l’Esprit qui fait connaître le Seigneur et enseigne à l’honorer. 3Il lui inspirera d’honorer le Seigneur. Il ne jugera pas selon les apparences, il ne décidera rien d’après des racontars. 4Mais il rendra justice aux défavorisés, il sera juste pour les pauvres du pays. Sa parole, comme un bâton, frappera le pays, sa sentence fera mourir le méchant. 5La justice et la fidélité seront pour lui comme deux ceintures qu’on porte toujours autour des reins. 6Alors le loup séjournera avec l’agneau, la panthère se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau se nourriront ensemble et un petit garçon les conduira. 7La vache et l’ourse se lieront d’amitié, leurs petits seront couchés côte à côte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. 8Le nourrisson jouera sur le nid du serpent, et le petit garçon pourra mettre la main dans la cachette de la vipère. 9On ne commettra ni mal ni destruction sur toute la montagne qui appartient au Seigneur, car la connaissance du Seigneur remplira la terre tout comme les eaux recouvrent le fond des mers. 10Ce jour-là, le descendant de Jessé sera comme un signal dressé pour les peuples du monde. Ils viendront le consulter. Et du lieu où il s’établira rayonnera la gloire de Dieu.
Méditation
Plus de deux mille ans se sont écoulés depuis qu’un enfant est né dans une pauvre étable. Et nous voici une fois de plus réuni pour fêter la naissance de cet enfant !
Cet enfant sera plus tard appelé « Christ » ou « Messie » et, par la puissance de Dieu, il apporte la paix. Mais comment ? Et quand ? C’est les questions du parcours que nous faisons nôtre en ce jour de Noël. Car de façon mystérieuse, cette promesse de paix vaut pour aujourd’hui encore !
Chers amis, c’est un contexte de guerres intenses qui a vu naître ce texte biblique que nous trouvons chez le prophète Esaïe. Des guerres entre grands et petits Royaumes. Des guerres donc toutes tactiques, toutes humaines. Pour les petits, peu de chance de gagner quoi que ce soit. C’est alors la peur qui prend le dessus. Une peur viscérale, une peur qui fait douter de tout. L’enjeu alors est de se souvenir de l’Alliance que Dieu a faite. C’est bien la foi qui peut tout sauver : seule la foi en la fidélité de Dieu permettra de surmonter le danger. Mais s’en remettre comme cela à Dieu, n’est-ce pas simplement suicidaire ? Mais Dieu, loin de rester lointain à nos questionnements humains, donnera lui-même de quoi soutenir cette foi. Il donnera lui-même un signe, et son nom dit déjà tout : Emmanuel, Dieu avec nous. Celui qui va naître sera le témoin de Dieu qui se penche sur nous et qui ne cassera jamais ce lien.
La paix, projet qui nous dépasse en soi, ne peut commencer qu’avec cette foi tenace, mais toute simple, pour que cesse la peur, la peur qui nous ronge de l’intérieur.
Le prophète Esaïe a très bien saisi cela : en nous s’opposent le loup et l’agneau, la panthère et le chevreau, le lion et le veau… Tant de forces se disputent le contrôle de notre vie et remplissent tout notre espace intérieur… Mais Dieu nous promet alors autre chose que l’inéluctable effondrement intérieur. Le texte est magnifiquement imagé ! Essayez de vous représenter la scène : « Le loup séjournera avec l’agneau, la panthère se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau se nourriront ensemble et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse se lieront d’amitié, leurs petits seront couchés côte à côte. »
La paix, peut-être avant de faire un pas de plus, c’est déjà de saisir qu’à Noël, la paix commence en soi, par Dieu qui vient guérir et briser les peurs, ces peurs qui minent tout en nous et autour de nous. Ces peurs qui, au fond, ne reflètent que le loup et l’agneau qui s’affrontent. Saisir qu’à Noël, Dieu vient pacifier toutes ces voix discordantes et nous rendre la paix. Amen !
La Paix avec les autres
Lecture biblique : Romains 12, 12-16
12Réjouissez-vous à cause de votre espérance. Soyez patients dans la détresse. Priez avec fidélité. 13Venez en aide à vos frères et vos sœurs dans le besoin. Pratiquez sans cesse l’hospitalité.
14Demandez la bénédiction de Dieu pour ceux qui vous persécutent ; demandez-lui de les bénir et non de les maudire. 15Réjouissez-vous avec les personnes qui sont dans la joie, pleurez avec celles qui pleurent.
16Vivez en bon accord les uns avec les autres. N’ayez pas la folie des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages.
Méditation
Plus de deux mille ans se sont écoulés depuis qu’un enfant est né dans une pauvre étable. Et nous voici une fois de plus réuni pour fêter la naissance de cet enfant !
Cet enfant sera plus tard appelé « Christ » ou « Messie » et, par la puissance de Dieu, il apporte la paix. Mais comment ? Et quand ? C’est les questions du parcours que nous faisons nôtre en ce jour de Noël. Car de façon mystérieuse, cette promesse de paix vaut pour aujourd’hui encore !
« Vivez en bon accord les uns avec les autres ! » Quel bon conseil nous donne l’apôtre Paul. Sarcastiquement je dirais : « Tiens, c’est étrange, je n’y aurais pas pensé tout seul ! ». Et pourtant ! Les fêtes de Noël mettent toujours en évidence les conflits. Les conflits dans le monde, mais aussi les conflits qui apparaissent tout proche, autour de la table du repas de famille notamment.
« Vivez en bon accord les uns avec les autres ! ». Cela ne signifie en rien que tout doit être lisse et que nous ne devons pas discuter des sujets qui fâchent. Justement, nous devons discuter ! Continuer le dialogue. Et c’est peut-être cela qui est l’un des enjeux majeurs aujourd’hui. Arrivons-nous encore à discuter ? Ce soir, la lecture de ce verset me paraît être tout sauf une parole en l’air. Depuis toujours, mais particulièrement depuis le COVID-19, des avis tranchés se sont imposés sur différents sujets. Des croyances, aussi, non fondées scientifiquement. Tout cela participe au débat, dans une société démocratique saine et libre. Mais que faire quand le dialogue est rompu ? Que faire lorsqu’on se déchire car incapables de se comprendre ?
Si Noël, c’est Dieu qui nous apporte la paix, cette paix doit aussi prendre le visage de l’écoute de l’autre, de l’instauration de principes aujourd’hui à l’agonie, comme celui qui dit qu’on peut être amis, qu’on peut rester unis même si l’on n’est pas d’accord. Peut-être même : surtout si l’on n’est pas d’accord. « Vivez en bon accord les uns avec les autres » n’est rien d’autre qu’un plaidoyer pour une paix avec les autres envers et contre tout. Amen.
La paix avec Dieu
Lecture biblique : Psaume 19, 2-11+15
2Les cieux proclament la gloire de Dieu, la voûte étoilée révèle ce qu’il a fait. 3Chaque jour en parle au jour suivant, et chaque nuit l’annonce à celle qui la suit. 4Ce n’est pas un discours, ce ne sont pas des mots, l’oreille n’entend aucun son. 5Mais leur message parcourt la terre entière, leur langage est perçu jusqu’au bout du monde.
Dieu a dressé dans les cieux une tente pour le soleil. 6Le matin, celui-ci paraît, tel un jeune marié qui sort de sa chambre, un champion tout heureux de prendre son élan. 7Il surgit à une extrémité des cieux, sa course le mène à l’autre extrémité, rien n’échappe à ses rayons.
8L’enseignement du Seigneur est parfait, il redonne la force de vivre. Les ordres du Seigneur sont sûrs, ils rendent prudents les gens ignorants. 9Les exigences du Seigneur sont justes, elles remplissent le cœur de joie. Les commandements du Seigneur sont limpides, ils aident à y voir clair.
10Reconnaître l’autorité du Seigneur est une chose pure qui persiste à travers les siècles. Les décisions du Seigneur sont fondées, toutes, sans exception, sont justifiées. 11Elles sont plus attirantes que l’or, qu’une quantité de métal précieux, et plus agréables que le miel, que le miel le plus doux. 12Seigneur, moi qui suis ton serviteur, j’y trouve un avertissement ; on a tout avantage à suivre tes avis.
15Ce que j’ai dit, ce que j’ai médité devant toi, j’espère que cela te sera agréable, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Méditation
Plus de deux mille ans se sont écoulés depuis qu’un enfant est né dans une pauvre étable. Et nous voici une fois de plus réuni pour fêter la naissance de cet enfant !
Cet enfant sera plus tard appelé « Christ » ou « Messie » et, par la puissance de Dieu, il apporte la paix. Mais comment ? Et quand ? C’est les questions du parcours que nous faisons nôtre en ce jour de Noël. Car de façon mystérieuse, cette promesse de paix vaut pour aujourd’hui encore !
« Reconnaître l’autorité du Seigneur est une chose pure qui persiste à travers les siècles. Les décisions du Seigneur sont fondées, toutes, sans exception, sont justifiées »… voilà qui pour beaucoup de gens dans la société d’aujourd’hui, pour nous aussi parfois, paraît non seulement difficile à croire, mais surtout très faux. Non seulement parce que la part d’agnostique et de croyants augmente, et aussi parce que nous pouvons très bien vivre sans penser que les décisions du Seigneur sont justes. Au fond, cela nous importe-t-il de savoir cela ? A quoi cela servirait-il de reconnaître l’autorité de Dieu ? A rien, diront beaucoup.
Et d’une certaine manière, difficile de leur donner tort. Nous vivons très bien notre vie en oubliant un peu Dieu, dans une forme d’indifférence.
Cette indifférence, elle se comprend. Lorsqu’on s’est vu présenter un Dieu lointain, au ciel, absent, comment en faire un axe central de la vie ? Parfois, c’est bien au-delà de l’indifférence. Parfois, Dieu est un mot qui résonne avec jugement, exclusion, église rigide… et même abus, spirituel, psychologique, sexuel. Alors oui, dans ce cas, l’indifférence ou le rejet est parfaitement compréhensible et légitime.
Et pourtant… Quelle force dans ce texte. Quel témoignage ! On peut être sûr d’une chose, Dieu n’a pas laissé l’auteur du texte indifférent. Quelle poésie, dans ce Psaume, dans ce chant d’un croyant, pour dire à quel point Dieu est beau et digne de louange. Quelle image magnifique, celle de Dieu qui dresse « une tente pour le soleil, qui chaque matin en sort, tel un jeune marié qui sort de sa chambre, heureux de prendre son élan. » !
La voilà la conviction : « Les exigences du Seigneur sont justes, elles remplissent le cœur de joie » ! Le chemin de la foi ne peut s’amorcer en nous que si nous reconnaissons le visage de celui qui vient à nous à Noël, un Dieu bienveillant ! Alors, le suivre nous remplit de joie. Suivre le Seigneur met notre cœur, notre être, en joie !
Noël, c’est donc aussi redécouvrir le vrai visage de Dieu. Parfois, cela prend du temps ou reste impossible, et Dieu n’en prend pas ombrage.
Noël, c’est découvrir ce que l’auteur de ce texte dit avoir lui-même découvert du visage de Dieu : Faire confiance à Dieu est plus agréables que le miel, que le miel le plus doux.
Amen !
La paix dans le monde
Lecture biblique : Luc 2, 1-18
1En ce temps-là, l’empereur Auguste donna l’ordre de recenser tous les habitants de l’empire romain. 2Ce recensement, le premier, eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de la province de Syrie. 3Tout le monde allait se faire enregistrer, chacun dans sa ville d’origine. 4Joseph lui aussi partit de Nazareth, une ville de Galilée, pour se rendre en Judée, à Bethléem, là où était né le roi David ; en effet, il était lui-même un descendant de David. 5Il alla s’y faire enregistrer avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 6Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le jour de la naissance arriva. 7Elle mit au monde un fils, son premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle destinée aux voyageurs.
8Dans cette même région, il y avait des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leur troupeau. 9Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur les entoura de lumière. Ils eurent alors très peur. 10Mais l’ange leur dit : « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple : 11cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un sauveur ; c’est le Christ, le Seigneur ! 12Et voici le signe qui vous le fera reconnaître : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. »
13Tout à coup, il y eut avec l’ange une troupe très nombreuse d’anges du ciel, qui louaient Dieu en disant : 14« Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! »
15Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons donc jusqu’à Bethléem : il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » 16Ils se dépêchèrent d’y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l’ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant. 18Toutes les personnes qui entendirent les bergers furent étonnées de ce qu’ils leur disaient.
Méditation
Plus de deux mille ans se sont écoulés depuis qu’un enfant est né dans une pauvre étable. Et nous voici une fois de plus réuni pour fêter la naissance de cet enfant !
Cet enfant sera plus tard appelé « Christ » ou « Messie » et, par la puissance de Dieu, il apporte la paix. Mais comment ? Et quand ? C’est les questions du parcours que nous faisons nôtre en ce jour de Noël. Car de façon mystérieuse, cette promesse de paix vaut pour aujourd’hui encore !
C’est Noël, fête de la naissance de Jésus. Fête des enfants, fête des familles et des retrouvailles pour beaucoup. Un temps béni, parce que pour quelques jours, il est possible de s’arrêter et de se poser, même si ce n’est pas toujours de tout repos. Il est possible de venir au culte, comme vous ce soir, et c’est rassurant de pouvoir écouter une nouvelle fois le récit de la nativité.
A cette fête, les choses sont à leur place, nous nous sentons transportés en arrière, transportés en enfance, et tout y est : les crèches de différentes formes avec l’enfant, Marie et Joseph, les anges et les bergers. C’est devenu une scène figée, année après année.
Tout y est comme toujours, sauf peut-être … il manque quelque chose ou il manque quelqu’un qui n’est plus là … Tout y est comme toujours, sauf peut-être … qu’il y aussi un peu de nostalgie. La madeleine de Proust n’est peut-être plus aussi fraîche, aussi innocente que dans nos souvenirs d’enfant.
Mais cette histoire du bébé, des bergers et de Marie n’a pas vocation à se figer. Elle n’a pas vocation à nous « bercer » et elle n’est pas là pour nous transporter dans nos souvenirs d’enfance et dans le passé.
Il est plutôt question d’un mouvement, un mouvement tourné vers l’avant, tourné vers l’avenir. A vrai dire, les bergers et Marie nous encouragent à garder nos cœurs en mouvement, quels que soient nos bonheurs ou nos malheurs.
Les bergers sont mus par l’annonce des anges. « Aujourd’hui, un Sauveur vous est né ! » C’est cette curieuse nouvelle qui les jette sur la route pour voir de leurs propres yeux et comprendre que Dieu ne les a pas oubliés. Pourtant, quel est ce Sauveur qu’ils trouvent à Bethléem ? Un nouveau-né, enfant de pauvre condition. 20 ans minimum seraient nécessaires pour qu’il devienne adulte pour pouvoir changer concrètement leur existence…, si toutefois ils étaient encore en vie. Cela suffit pourtant pour rallumer leur flamme et être mis en mouvement vers les autres.[1]
A l’heure où nous nous parlons, diverses situations dans le monde suscitent souffrance et incompréhension. Autour de nous, en nous, la résignation semble grignoter du terrain. Affirmer un combat pour la paix devient aujourd’hui source de moquerie. On se coupe des sources d’information, tellement l’information négative nous submerge. On se coupe de l’autre qui souffre, au loin, si loin. Le message de Noël, c’est cette mise en route des bergers, malgré tout. Malgré le brouillard autour d’eux quant à ce qu’un petit bébé pourrait réellement apporter dans leur vie de bergers.
Noël, c’est chaque année la même chose… mais c’est aussi chaque année une remise en route. Une remise en route pour espérer mais aussi pour nous garder éveillés dans le combat pour la paix dans le monde. Amen !
[1] En italique : prédication du pasteur Jürgen Grauling, Sélestat, 25 décembre 2014, téléchargeable ici : https://acteurs.uepal.fr/culte/predications/nouveau-testament/luc