Culte de Samedi Saint, 30 mars 2024, Môtiers, 17h
Organiste : Jean-Samuel Bucher
Lectures : Lucette Bucher
Officiant : Patrick Schlüter
Textes du culte :
Orgue
Accueil et invocation
Bonjour à tous, soyez les bienvenus dans cette église en ce Samedi Saint.
Lors de l’entrée dans le shabbat, le vendredi soir, avant le coucher du soleil, les femmes juives avaient l’habitude d’allumer des bougies à la maison, en prononçant la bénédiction, et en finissant parfois par cette prière :
Mon Dieu, et Dieu de mes pères, fait rayonner notre lumière afin qu’elle ne s’éteigne jamais. Fais briller Ta face et nous serons sauvés.
Pour les Chrétiens, Samedi Saint est pourtant le jour de l’absence… Ce vendredi-là, Jésus est mort. Il nous a été enlevé.
Que ta lumière, Dieu notre Père, vienne éclairer cette absence de ta présence, plus forte que tout. Amen.
Chant « Mystère du Calvaire »
Mise en situation : la mise au tombeau de Jésus
En ce samedi, on imagine les disciples évoquer la mise au tombeau de Jésus : non seulement il est mort, il leur a été enlevé, mais il a fallu vite lui trouver une sépulture, dans la précipitation… pas le temps de le pleurer, de rendre les derniers hommages autour de sa dépouille…
1ère lecture : Jn 19, 38-42 (Traduction Parole de Vie)
Joseph, de la ville d’Arimathée, était un disciple de Jésus, mais en secret. En effet, il avait peur des chefs juifs. Après la mort de Jésus, il va demander à Pilate la permission d’emporter son corps. Pilate est d’accord. Alors Joseph arrive et il emporte le corps de Jésus. Nicodème vient aussi. C’est lui qui était allé trouver Jésus pendant la nuit. Il apporte un mélange de myrrhe et d’autres parfums qui pèse environ 30 kilos. Joseph et Nicodème prennent le corps de Jésus. Ils l’enveloppent dans des bandes de tissu, en mettant le mélange de parfums. Chez les Juifs, c’est la coutume pour enterrer les morts. À l’endroit où on a cloué Jésus sur une croix, il y a un jardin. Dans ce jardin, il y a une tombe neuve, où on n’a jamais enterré personne. C’est le jour où les Juifs préparent le sabbat, et la tombe est toute proche. C’est pourquoi Joseph et Nicodème mettent Jésus dans cette tombe.
Prière
Le tombeau est fermé.
Tout est gris. Tout est triste.
Le silence est partout. La vie semble arrêtée.
Rien ne se passe. Que peut-il arriver de nouveau ?
Comme elle est longue l’attente d’une vie où l’on ne voit rien venir !
Père, reste avec moi.
Garde-moi pendant les heures silencieuses de la nuit.
Laisse-moi reposer en toi.
Amen.
Chant : “Toute vie sur cette terre”, Alléluia n°48-02, strophes 1-3
Mise en situation : le prologue de Jean-la lumière brille dans la nuit
Le début de l’évangile de Jean annonce symboliquement la destinée de Jésus en parlant de la lumière qui brille dans les ténèbres. C’est un texte symbolique, mais qui parle d’un homme bien réel, Jésus de Nazareth envoyé par Dieu vers son peuple. Écoutons le début du prologue de Jean :
2ème lecture : Jean 1, 1-5 et 9-11 (Traduction Parole de Vie)
Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu. Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien fait sans elle. En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains. La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l’a pas reçue.
(…)
La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains. La Parole était dans le monde, et Dieu a fait le monde par elle, mais le monde ne l’a pas reconnue. La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l’ont pas reçue.
Prière
Ô Père,
En ce jour nous faisons silence,
et face à la croix nous regardons en nous-mêmes.
Nous nous rappelons nos lâchetés, nos mensonges,
Nos reniements, nos démissions.
Par nos lèvres, nous avons aussi dit du mal et blessé notre prochain.
Dans nos cœurs, nous avons aussi jugé et condamné.
Par nos gestes, nous avons aussi écarté ceux qui avaient besoin d’aide.
Dans nos pensées et nos actes, nous avons oublié les victimes de la violence et de l’injustice.
Par nos choix, nous avons aussi préféré notre tranquillité
À l’engagement risqué pour la justice et la paix.
Père ne nous laisse pas livrés au désespoir et à la peur, aux tristesses et aux lassitudes, aux tentations et aux doutes, mais gardes-nous afin que notre nuit devienne lumière.
Amen.
Chant : “Ô Jésus ta croix domine”, Alléluia n°33-22
Message : L’obscurité n’a pas saisi la lumière
Tout est achevé : Jésus est mort.
En nous racontant sa mise au tombeau, l’évangile de Jean met en avant quelques détails. Discrètement, il montre que Jésus est enterré comme un roi : ce sont plus de 30 kilos de myrrhe et d’aloès qui sont utilisés.
Ensuite, deux personnages apparaissent en pleine lumière : Joseph d’Arimathée, disciple en secret et Nicodème qui était venu trouver Jésus en pleine nuit. Ils ne semblent plus avoir peur. Leur soin montre leur attachement à Jésus. Leur énergie est peut-être celle du désespoir et leurs gestes sont bien dérisoires face à la mort de Jésus, mais ils sont là et ils font ce qu’ils peuvent.
En les regardant, je pense à tous les petits gestes d’amour et de solidarité. Parfois, ils semblent dérisoires face au malheur qui a frappé. Ils semblent une goutte d’eau fraiche dans un océan de souffrances. Pourtant, de nombreuses personnes ne seraient pas debout aujourd’hui sans ces petits gestes d’amour : sans doute en avez-vous déjà fait l’expérience…
Joseph et Nicodème osent ces petits gestes d’amour. Qui sait si Dieu ne va pas les recueillir pour les transformer ?
Et ce jardin où Jésus est enterré, rappelle aussi un autre jardin en Eden où Dieu créa la vie et où l’être humain fit l’expérience de la liberté. Le temps de la création, c’est justement ce qui est évoqué dans le prologue de Jean. Dieu veut la vie. Il ne cesse de nous y appeler depuis le commencement. Jésus est la parole de Dieu qui incarne pleinement cet appel de Dieu à la vie. Il disait : « Moi, je suis venu pour que les gens aient la vie, et pour que cette vie soit abondante. » (Jean 10, 10)
Jésus est la lumière pour montrer le chemin. Mais c’est un peu raté, non ?
Jésus n’a pas été reconnu par les siens. Son propre peuple l’a rejeté et ses disciples se sont enfuit.
La nuit n’a pas reçu la lumière dit le prologue de Jean (1, 5), mais comme souvent dans l’évangile de Jean, il y a un double sens dans le verbe grec.
L’obscurité n’a pas saisi la lumière. Cela veut dire qu’elle ne l’a pas comprise, qu’elle ne l’a pas reçue.
L’obscurité n’a pas saisi la lumière. Cela veut aussi dire qu’elle n’a pas pu en prendre en prendre possession, se l’approprier.
La Lumière reste la Lumière, même au tombeau.
Mais chut, restons encore en samedi !
Prenons au sérieux ce décalage entre la lumière et la nuit. Pour éclairer nos ténèbres et celles du monde, Dieu passe par la faiblesse, par la mort, par ce qui est petit. Ne l’oublions pas dans les temps que nous vivons !
Seigneur, merci pour tous les gestes d’amour du quotidien qui permettent de faire face au mal ou au moins de faire le pas suivant sur le chemin de la vie.
Amen.
Orgue
Intercession :
Réunissons-nous dans la prière.
Laissons et déposons nos préoccupations du moment.
Faisons place en nous à d’autres préoccupations que les nôtres. Faisons place en nous à la lumière de Dieu, plus forte que nos ténèbres.
Dieu notre Père, Jésus ton Fils est né dans l’humilité pour confondre les puissants et pour élever les humbles, pour être proche, des petits, des méprisés, des sans voix, de ceux qui ne comptent pas. Nous en sommes parfois.
Ce soir, dans l’ombre de ta croix, nous te prions : ne nous laisse pas dans la nuit !
Chant : “Mon âme se repose en paix” (Taizé)
Dieu notre Père, Jésus ton Fils a vécu parmi nous, faisant retrouver un chemin de vie à chacun, guérissant les malades, annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres, aux souffrants et aux endeuillés, donnant du pain aux affamés. Nous en sommes parfois.
Ce soir, dans l’ombre de ta croix, nous te prions : ne nous laisse pas dans la nuit !
Chant : “Mon âme se repose en paix” (Taizé)
Dieu notre Père, Jésus ton Fils est venu pour faire tomber les chaînes de tous les esclavages, pour redonner dignité à ceux qui l’avaient perdue, pour donner son pardon à ceux qui s’étaient écarté de toi. Nous en sommes parfois.
Ce soir, dans l’ombre de ta croix, nous te prions : ne nous laisse pas dans la nuit !
Chant : “Mon âme se repose en paix” (Taizé)
Dieu notre Père, Jésus ton Fils a vécu jusqu’au bout ton amour, jusqu’à la mort sur la croix. Il appelle à toi tous ceux qui sont fatigués et chargés, découragés.
Ce soir, dans l’ombre de ta croix, nous te prions : ne nous laisse pas dans la nuit !
Chant : “Mon âme se repose en paix” (Taizé)
Dieu notre Père,
Que ta lumière pénètre en nous pour y réveiller l’espérance.
Ensemble, nous te disons la prière que Jésus nous a apprise :
Notre Père qui est aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles.
Amen.
Mise en situation : Fin du prologue de Jean
La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l’a pas saisie. Le prologue de Jean ne s’arrête pas là. La lumière brille toujours, et elle est offerte à chacun et chacune, au-delà de nos illusions sur Dieu. En Jésus-Christ, mort sur la croix, c’est l’amour de Dieu qui est offert pour tout être humain de cette terre.
3ème lecture : Jean 1, 12-14 + 16-18 (Traduction Parole de Vie)
Pourtant certains ont reçu la Parole et ils croient en elle. À ceux-là, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Et ils sont devenus enfants de Dieu en naissant non par la volonté d’un homme et d’une femme, mais de Dieu.
La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité.
(…)
Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. Dieu nous a donné la loi par Moïse, mais l’amour et la vérité sont venus par Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l’a fait connaître.
Chant : “Ô Fils de Dieu”
Nous voici au seuil d’une nouvelle nuit. Il est temps d’éteindre les bougies du sabbat… demain, à l’aube, sera un autre jour…
Extinction des bougies, pendant le chant :
Chant “Jésus le Christ” (3x)
Envoi – bénédiction
Une vie s’est terminée, une vie qui se tait …
Ne reste que la nuit et le silence…
Mais ce silence peut être habité d’une présence, habité d’espérance, habité d’une grande paix…
Dieu notre Père, nous te remettons les peines et les joies de notre existence, nous te remettons tout ce que nous sommes et ce bouscule en nous.
Dans ce vide laissé, accorde-nous un espace de paix et de repos.
—
Au seuil de cette nuit, recevons la bénédiction de Dieu :
Que le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu de la vie, qui fait toutes choses nouvelles, nous accompagne tout au long de notre route, et dans tout ce que nous vivons.
Qu’il laisse pénétrer en nous une force de vie nouvelle.
Que sa paix et son amour nous accompagne
Que l’espérance anime notre vie.
Amen.
Sortie en silence sur fond d’orgue