24 décembre 2017 – Culte de la veillée de Noël – Môtiers
Culte célébré par David Allisson
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Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime !
La lumière du Seigneur et sa paix soient avec nous aujourd’hui pour cette veillée de Noël.
Bienvenue à vous ! Bienvenue à vous qui avez passé la soirée en famille et qui choisissez de sortir dans la nuit à la rencontre de la lumière.
Bienvenue à vous qui avez passé la soirée seulE et qui vous réjouissez de trouver du monde et de la chaleur.
Bienvenue à vous pour qui cette soirée est extraordinaire.
Bienvenue à vous pour qui cette soirée est tout ordinaire, tristement ou calmement.
Que la lumière et la paix du Seigneur nous accueillent, les uns et les autres.
Partageons lumière et paix les uns avec les autres.
Lecture de la Bible
Conte – La légende des moutons, Hélène Küng, « Un jour à ne pas manquer » et autres contes de Noël, Labor et Fides, Genève, 2005
Les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les environs ont été invités à rencontrer la présence de Dieu dans cette naissance. Ecoutez cette « légende des moutons » :
En ce temps-là, tout allait mal. Jour après jour on n’entendait que de mauvaises nouvelles. Pourtant, en ce temps-là, il n’y avait ni télévision, ni radio, ni journaux. Mais les mauvaises nouvelles défilaient : inondations, famines, guerres…
Les nouvelles circulaient de village en village, ou d’une région à l’autre, avec les voyageurs. Car en ce temps-là, des gens voyageaient… Tiens, en voici un qui arrive à cheval ! Holà ! Salut, cavalier ! Quelles nouvelles ?
– Mauvaises. La sécheresse persiste au Sud. Lors de la sécheresse précédente déjà, les chèvres avaient brouté le peu d’arbres qui restait. Alors, vous imaginez l’état du sol…
– C’est terrible… »
Eh oui, c’était ainsi, en ce temps-là… Ah, voici encore un voyageur. Son âne n’avance pas vite. Les nouvelles seront-elles meilleures ? Holà ! Salut, voyageur ! Tu viens de loin ?
– De très loin !
– Quelles nouvelles ?
– Mauvaises. La guerre continue en Mésopotamie.
– Encore ? Ce n’est pas possible… ça ne cesse donc pas ?
– Ça va de mal en pis. Des bandes armées que personne ne contrôle ; des morts, des réfugiés en masse…
– C’est terrible… »
Eh oui, c’était ainsi, en ce temps-là…
Les gens en avaient tellement assez d’entendre constamment de mauvaises nouvelles, qu’ils ne savaient plus au monde comment y faire face.
Peu à peu, ils se contentèrent de dire :
– De toute façon, on ne peut rien changer.
– Ils n’ont qu’à se taper dessus : tant pis pour eux. C’est pas nos affaires.
– Là-bas, il y a un mauvais climat ; ça ne peut que mal finir.
– Faut en tout cas se mêler de rien.
– On serait bien au sec chez nous, s’il n’y avait pas tous ces nuages qui nous viennent de l’étranger !
– C’est comme ça. On ne peut rien faire. Chacun chez soi et tant pis.
– Bof… Bah…
– T’en mêle pas…
– Bof… Bah… T’en mêle pas…
– Bâââ… Mêêê… »
Et c’est ainsi que les gens furent changés en moutons !
Partout, dans les champs, dans les villages, dans les rues, dans les maisons même, il n’y avait plus que des moutons. Et dans tout le pays on n’entendait plus que : Bâââ… Mêêê…
Tous les gens avaient été changés en moutons. Tous… enfin, presque. Il y avait aussi quelques bergers et bergères.
Comment avaient-ils fait pour ne pas être changés en moutons en même temps que les autres ? Eh bien, voici ce qui s’était passé : pendant que les gens se lamentaient en disant : « On ne peut rien y faire… Tout va mal… Surtout ne pas s’en mêler… », quelqu’un avait dit tout à coup :
– Pendant qu’ils discutent, moi je m’en vais au moins chercher du bois pour le feu. Sinon, ils vont encore prendre froid en causant ! »
Ou encore, une autre avait dit :
– Je vais chauffer la soupe. Quand vous aurez trop faim pour pleurnicher, pensez à venir à table. Et n’oubliez pas de vous laver les mains ! »
Et ceux-là, c’est étrange, n’avaient pas été changés en moutons comme les autres ; alors ils étaient devenus bergères, bergers.
Mais n’allez pas penser que c’était amusant tous les jours d’être bergère ou berger. Chacune, chacun était seul à s’occuper d’un immense troupeau de moutons. Il y avait fort à faire. Les moutons bêlaient toute la journée. Et si le soir le berger ou la bergère rêvait d’un peu de calme, de silence, pour mâcher un brin d’herbe sans rien faire, pour regarder danser la flamme du feu dans l’âtre, ou pour chanter une chanson tout doucement dans sa tête, vous pouvez être sûrs qu’un mouton commençait :
– Bâââ… »
Et qu’arrive-t-il quand un mouton commence ? Tous les autres s’y mettent ! Ecoutez plutôt :
– Bâââ… Mêêê… »
Ce n’était pas drôle du tout.
Or, une nuit – c’était une nuit qui avait commencé tôt et qui s’annonçait longue – cette nuit-là, un berger se mit en route avec son troupeau. Vers où ? On ne sait pas. Pourquoi ? On l’ignore. Mais il en oubliait d’écouter les bêlements de son troupeau – ou bien peut-être que les moutons oubliaient-ils de bêler, tant ils étaient étonnés de marcher à une heure pareille.
Le berger perçut bientôt une rumeur : le bruit d’un autre troupeau en marche ! D’abord il n’en crut pas ses oreilles. Mais il n’eut pas longtemps à attendre avant de voir approcher un autre troupeau, comme le sien, conduit par un autre berger ! Tous deux se saluèrent, et le premier dit :
« Il faisait tellement sombre ;
ma petite bougie éclairait tellement mal,
que je me suis dit :
Ça ne peut plus durer. Je sors !
Peut-être qu’il fait moins sombre dehors ! »
Et le second berger répondit :
« Il faisait tellement froid ;
mon petit feu chauffait tellement mal,
que je me suis dit :
Ça ne peut plus durer. Je sors !
Peut-être qu’il fait moins froid dehors ! »
Ensemble ils continuèrent leur marche, suivis de leurs troupeaux. Et voilà qu’ils sont rejoints par un troisième berger et un troisième troupeau, marchant eux aussi dans la nuit ! Le troisième berger parut tout heureux de les voir ; il s’écria :
« J’étais tellement seul ;
que je n’arrivais même plus à chanter,
une chanson dans ma tête !
Je me suis dit :
Ça ne peut plus durer. Je sors !
Peut-être que je serai moins seul dehors ! »
Et les voilà en route tous trois, marchant vers on ne sait où. Et les trois troupeaux de moutons, s’habituant à cette marche nocturne (c’est effrayant ce que c’est adaptable, un mouton), bêlaient chacun à leur manière. Quel concert !
Tout à coup, le premier berger dit :
– Regardez ! On dirait que la nuit est moins sombre… »
Et c’est vrai, une sorte de clarté emplissait le ciel. Ils marchèrent encore ; et le deuxième berger dit :
– Sentez-vous ? On dirait que le froid pique moins qu’avant ! »
Et c’est vrai, un air plus doux semblait monter de la terre. Ils marchèrent encore ; et le troisième berger dit :
– Ça y est ! Je me sens moins seul !!
– Evidemment, nous sommes trois ! », dit le premier berger ! Mais le troisième berger reprit :
– Même quand on est plusieurs, il arrive qu’on soit seul. Mais maintenant, c’est différent : on dirait qu’on est… ensemble ! »
Ils arrivèrent près d’une petite ville : des maisons les unes à côté des autres, des maisons bien fermées, bien éclairées, bien serrées. Mais là, en bordure de la ville, se dressait une drôle de baraque tout isolée, toute froide, toute sombre. En s’en approchant, les bergers entendirent qu’un bébé y pleurait. Ils se consultèrent : « Qu’est-ce qu’on fait ? On entre, ou on ne s’en « mê-ê-ê-êle » pas ? T’es « bê-ê-ê-ête » : bien sûr qu’on y va ! »
Ils entrèrent et distinguèrent dans l’obscurité le bébé qui pleurait. Un homme et une femme essayaient de le consoler. Le premier berger dit :
– J’ai pris ma chandelle, à l’abri des courants, dans cette petite cruche : tenez, je vous la donne. Il fait si sombre ici ! »
Et le deuxième berger dit :
– J’ai amené quelques braises de mon feu dans cette chaufferette : en soufflant un peu, avec une bûche ou deux, il va bien repartir ! »
Et le troisième berger dit :
– Vous êtes tout seuls ici dedans, avec le bébé qui pleure : puis-je vous chanter une chanson ? J’en ai une dans ma tête ; je l’ai prise avec moi ! »
Et il chanta de tout son cœur, de toute sa petite voix.
Le bébé ne pleurait plus. A la lueur de la chandelle et du feu qui se ranimait, l’homme, la femme et les bergers échangèrent un sourire soulagé. Vous savez comment ça fait, quand un bébé arrête de pleurer !
Les bergers racontèrent leur marche, la clarté dans la nuit, la douceur dans le froid, le bonheur d’être ensemble après la solitude.
L’homme et la femme semblaient émerveillés :
– On y croyait à peine. C’est donc vrai ? Il paraît qu’une bonne nouvelle a commencé cette nuit : Dieu est là !
– Ne regardez pas tout là-haut : il n’est pas plus grand que ce nouveau-né, mais il va grandir ! Et il n’y aura plus besoin de se résigner devant les mauvaises nouvelles. »
Le premier berger fit :
– Ah bon ? Vous croyez que c’est possible ? »
L’homme et la femme reprirent :
– Nous allons prendre soin de ce bébé – et nous croyons que la bonne nouvelle va grandir avec lui, et se répandre peu à peu partout !
– Nous l’avons appelé « Jésus », qui signifie : « Dieu sauve » !
Le deuxième berger fit :
– Ah bon ? Et qu’est-ce que cela veut dire : « Dieu sauve » ?
– « Dieu sauve », cela veut dire… euh… Dieu donne du courage. Dieu aide !
– Cela veut dire… euh… Dieu n’est pas loin… Dieu agit, et les choses changent ! »
Les trois bergers, émerveillés à leur tour, renchérirent :
– « Dieu sauve » : cela veut dire que Dieu vient quand il fait trop sombre : et on dirait qu’il fait clair !
– Oui, Dieu vient quand il fait trop froid : et on dirait qu’il fait doux !
– Oui, Dieu vient quand on est trop seuls : et alors on est vraiment ensemble ! Tenez : votre bébé, je lui donne un deuxième prénom : « Emmanuel » ; il paraît que cela signifie « Dieu est ici, avec nous » !
Les trois bergers saluèrent l’homme, la femme, et le bébé – tout doucement pour ne pas le réveiller – et se préparèrent à reprendre la route. Au moment de sortir de la cabane, ils se dirent :
– Nous n’allons plus nous laisser décourager par les mauvaises nouvelles !
– Nous allons aussi guetter les bonnes nouvelles : nous en trouverons sûrement !
– Et même, des bonnes nouvelles, nous allons en donner ! »
Ils sortent tous les trois – mais que s’est-il passé ?? Il n’y a plus de troupeaux, plus de moutons, plus un seul : ils ont tous disparus !!!
Au lieu de moutons, merveille : il y a des gens, beaucoup de gens, une foule de gens !
Des enfants, petits et grands, des filles, des garçons – et des adultes, petits et grands, jeunes, vieux, hommes et femmes… Des gens, enfin !
Et c’est depuis ce temps-là qu’il y a à nouveau beaucoup plus de gens que de moutons. Mais oui ! Si vous vous promenez un peu et que vous regardez autour de vous, vous verrez que c’est vrai. Même chez vous.
Et quand vous verrez tous ces gens, dans la rue, dans le bus, dans les magasins, ou à l’école, ou en voiture sur la route… Quand vous les verrez, partout, dans les bouchons de la circulation, ou faisant la queue à la caisse des supermarchés, vous vous direz : quelle chance que ce soient des gens et pas des moutons !
Oh… c’est vrai qu’on entend encore parfois des gens qui disent :
– Tout va mal… Tant pis, on ne peut rien y faire… Faut pas s’en mêler… »
Il y a des gens qui le disent ! Il y a des adultes très sérieux qui disent cela, même à Noël !
Mais voilà, il faut les comprendre : ils ont mal dormi ; ils ont un rhume qui ne veut pas passer ; ils ont trop, trop de travail… ou ils n’ont plus de travail du tout – et c’est pire. Il y a vraiment des gens pour qui ça va mal, pour qui c’est dur, même à Noël… surtout à Noël.
Alors, voici une petite idée, juste pour Noël.
Lorsque vous entendrez une personne dire :
– Tout va mal… On ne peut rien faire, mieux vaut ne pas s’en mêler…
Vous, vous pourrez lui dire :
– Ce que tu dis, c’est B-Ê- Ê- Ê- Ê- Ê-TE ! »
…mais attention : juste pour Noël.
Intercession
A Noël, on attend la paix, la lumière, la chaleur, la joie. Les textes bibliques incluent aussi la plainte et la douleur à Noël.
L’évangéliste Luc note qu’il n’y a pas de place à l’auberge pour Jésus et il doit naître sur la paille. L’évangéliste Matthieu raconte comment l’enfant devient immédiatement la victime de la jalousie du roi Hérode et doit fuir en Egypte, tandis que le roi, furieux, fait tuer tous les enfants de mois de 2 ans dans Bethléem. Au moment de raconter cette horreur de Noël, l’évangéliste se souvient d’un passage du prophète Jérémie : « On a entendu une plainte à Rama, des pleurs et de grandes lamentations. C’est Rachel qui pleure ses enfants, elle ne veut pas être consolée, car ils sont morts. »
[cf. art. de Pierre Bühler, L’Express, 20 déc. 2017 p.2]
Prions.
Seigneur, en voyant le monde aujourd’hui, nous pleurons avec Rachel et nous ne voulons pas être consolés.
Nous pleurons les enfants morts en Syrie, en Birmanie au Sud-Soudan et dans les conflits du monde.
Nous pleurons la solitude, la pauvreté et l’abandon de beaucoup dans nos régions alors que nous pensons vivre dans l’abondance à tous égards.
Nous pleurons ce monde qui ne sait pas aimer.
Nous pleurons, Seigneur et nous te présentons notre douleur et notre peine. Prends soin de nous.
Tes prophètes annoncent que tu sècheras nos larmes et que tu promets la vie.
Eveille en nous l’espérance de ce message de Noël.
Seigneur, fais naître en nous la vie et le partage.
Seigneur, fais naître en nous l’espérance et les gestes, les mots qui transmettent et réalisent l’espoir.
Seigneur, fais naître et vivre en nous cette promesse que la vie est plus forte que la mort. Nous en sommes témoins, Seigneur. Apprends-nous le partage de cette confiance et la construction d’un monde où ton Royaume trouvera sa place.
Le miracle d’une naissance pleine d’espérance nous est rappelé dans chaque cri de nouveau-né.
Ne nous laisse pas résignés, ô Dieu. Fais naître en nous l’espérance, l’action et le partage. Fais naître en chacune et chacun de nous des bâtisseurs d’une Terre Nouvelle.
Amen.