Culte du dimanche 28.06.2020 à 10h00 – Temple de Fleurier
13ème dimanche du temps de l’Eglise
Musiciens : Jean-Samuel Bucher (orgue), Emilie Pittet (violon) & Anaïs Bianchi (violon) Lecture et service : Francine Bütschi Célébrant : Eric Bianchi, diacre stagiaire
Accueil – Prière d’invocation
Que la Paix du Seigneur qui nous accueille règne sur nous, sur nos cœurs et sur nos vies.
Que Son amour nous fortifie, nous vivifie et nous inspire.
Seigneur,
L’amour que Tu portes à Tes enfants ne connaît vraiment aucune limite.
Viens vers nous, Toi qui nous acceptes tels que nous sommes.
Irrigue les terres de nos cœurs ouverts à Ta présence.
Ouvre nos yeux à Ta lumière, parfois cachée par nos angoisses, par nos pluies et viens nous libérer de nos carcans.
Oui, Seigneur, viens ! Prends nos mains ; Guide-nous au-delà des cadres qui nous séparent de Toi et qui nous séparent des autres.
Amen.
Acte de repentance
Seigneur Dieu,
Tu connais chacune et chacun dans le secret de son âme, le meilleur, comme le moins bon. Tu sais les paroles que l’on a dites et que l’on a déplorées. Tu sais les actes que nous n’aurions pas dû faire et que malgré tout, nous avons faits. Tu sais les fautes qui nous pèsent et qui nous angoissent ; les gestes, les pensées et les mots qui rendent nos gorges toujours plus serrées et notre esprit toujours moins vivant, toujours plus éloigné de toi.
Seigneur, nous portons ces regrets devant Toi comme autant de pierres dans un sac devenu bien trop lourd.
Prends-le Seigneur, ôte-nous de ce fardeau qui nous empêche d’avancer, de respirer, et de réaliser les œuvres d’amour auxquelles Tu nous convies. Nous te le remettons maintenant, dans le secret de nos bouches, mais dans le cris de nos cœurs.
Amen.
Annonce du pardon
Heureux sommes-nous ! Le Dieu Tout-Puissant par son Fils, Jésus-Christ nous a pardonnés ! Car Il est consolation au milieu des tristesses. Il est proche de nous lorsque nous nous éloignons. Il irrigue de son amour les sillons asséchés de la terre de nos vies. Il nous soutient lorsque nous trébuchons et Il nous relève dans toutes nos chutes. Car Il est la vie dans chacune de nos morts.
Amen.
Message
Quand j’étais haut comme 3 pommes et qu’il m’arrivait de « pousser le bouchon » un peu trop loin, ma mère, pour me faire peur seulement, me désignait une tapette à tapis en osier accrochée au mur et me disait : « arrête Eric, tu dépasses les limites ! ». Je savais alors qu’il y avait une frontière à ne pas franchir, un cadre à ne pas dépasser. Mieux valait alors pour moi et pour mon postérieur de m’en tenir là.
Et puis plus tard, alors que je portais un tout autre habit que celui-ci et que j’avais un képi sur la tête, je devais parfois déterminer quelle limite franchie devait ou non donner lieu à une sanction. Bon, on sait que rouler à 80 km/h dans un village, c’est très largement dépasser les limites, mais il en existe des plus ténues.
Et il en est de même dans notre vie de tous les jours. Nos limites, physiques, psychiques, sont parfois difficiles à cerner et à identifier. Tout n’est pas blanc ou tout noir et il est donc encore plus compliqué de connaître et d’apprécier celles des autres, à moins bien sûr de très bien les connaître.
On le sait, dépasser les limites est perçu assez négativement en général, parce qu’à l’intérieur du cadre, nous sommes protégés. Mais en-dehors, nous sommes dans l’inconnu, dans l’interdit peut-être et donc, dans la crainte d’être puni.
Mais si certaines limites sont là pour notre bien, d’autres en revanche nous enferment, nous empêchent d’aller de l’avant dans la relation avec nous-mêmes, avec les autres et aussi avec Dieu.
On le sait, on le dit : Le Seigneur nous connaît mieux que quiconque, même mieux que nous-mêmes. Et dans le premier texte que nous avons entendu, on peut se demander :
Mais pourquoi Dieu a-t-il demandé à Abram, un homme de 75 ans, marié à Saraï, âgée de 65 ans, de tout quitter : son pays, sa parenté et la maison de son père, pour prendre la route vers l’inconnu ?!
Comment Dieu a-t-il pu lui promettre une si grande descendance alors que cela paraissait impossible physiquement ?
De l’autre côté, je ne sais pas comment vous vous auriez raisonné si vous aviez été Abram ? Parce qu’on peut dire qu’il lui fallait avoir des limites intérieures assez extensibles pour pouvoir accepter de tout quitter aussi brutalement. Et Saraï aussi par ailleurs ! On ne parle presque pas d’elle et pourtant, le texte dit plus loin qu’elle quittera finalement cette terre avec Abram et son neveux Loth.
Mais revenons à Abram… Peut-être que celui-ci ne se sentait plus le corps assez fort pour pouvoir faire ce que le Seigneur lui demandait. Mais il avait en lui une chose très précieuse. Une chose qui évinçait toutes les questions qu’il pouvait se poser. C’était la foi… Et qu’est-ce que la foi si ce n’est une confiance absolue ?
Pas d’avance sur salaire… ou plutôt : pas d’avance sur promesse… Rien. Dieu demande à Abram et Abram le croit et se met en route.
Peut-être avait-il peur…
En tout cas, il avait foi en cette promesse de bonheur venue directement du Très-Haut et qui déjà, s’adressait à l’humanité entière. Car Dieu lui avait dit : « À travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre. ». Libres sommes-nous alors d’accepter ou non cette bénédiction. Libres sommes-nous d’accepter cette confiance, cette foi que Dieu met en chacune et en chacun de nous, comme Il avait foi en Abram.
Et dans nos vies, pauvres humains que nous sommes, il nous arrive fort heureusement d’avoir peur !
Peur d’aller à la rencontre de l’autre lorsqu’il ne nous ressemble pas. Peur de se livrer tels que nous sommes par crainte du jugement des autres. Peur de se mettre à l’écoute de Dieu, parce que l’on se déconsidère, parce que l’on pense que l’on sera parfaitement incapable de faire ce qui nous sera demandé. Ou alors tout simplement parce que l’on pense que l’on ne mérite pas que Dieu s’intéresse à nous. Mais nous pouvons aussi avoir peur de perdre le contrôle de notre vie, peur d’avoir à choisir entre plusieurs options.
Mais avec la foi, nous sommes aidés pour avancer au-delà de nous-mêmes, parfois même, au-delà de nos propres réflexions. C’est une ouverture ! Une porte qui nous permet de sortir du cadre.
Mais attention, pas d’incompréhension !
Je ne suis pas en train de vous dire, bon, Dieu est avec moi, j’ai foi en Lui et Lui en moi, donc demain, je vais descendre les gorges de l’Areuse dans une vieille barque en bois alors que je ne sais pas nager…
Vous ne me verrez pas non plus, dommage peut-être, suspendu au clocher du temple en hurlant ma foi avec un mégaphone…
Non… bien sûr que non… Il faut rester raisonnable et réaliste.
Car c’est en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu dans ce qui nous limite intérieurement, avec notre identité profonde et notre foi, que nous pourrons peut-être, faire un pas de plus en avant, modestement et sans nous mettre en danger.
Maintenant, je souhaiterais que nous prenions le temps, pendant qu’Emile et Anaïs nous jouent un morceau de violon, de réfléchir à ce que la foi nous a déjà permis d’accomplir au-delà de nos limites ou de celles que nous aimerions pouvoir franchir avec son aide.
Interlude de violon
Le texte de l’évangile de Matthieu que nous avons entendu est lui aussi très riche. Il faut savoir que peu avant ce passage, Jésus et ses disciples se trouvaient dans la région de Génésareth. Jésus avait échangé avec des Pharisiens et des maîtres de la loi, sur ce qui était pur et impur. Chez les Juifs en effet, il existait des coutumes qui pouvaient vous garder de devenir impurs, autrement dit : inaptes à vous rapprocher de Dieu.
Et dans cette discussion, Jésus avait indiqué que ce n’était pas la nourriture que l’on consommait qui rendait impur, ou le fait de ne pas se laver les mains avant de la manger, mais bien ce qu’il y avait de mauvais qui sortait du cœur de l’homme qui l’éloignait de Dieu.
Vous voyez, même la religion posait alors un cadre que Jésus invitait à dépasser…
Et c’est après cela que lui et ses disciples se sont rendus dans le territoire de Tyr et de Sidon, qui étaient des lieux païens, dans lesquels les Juifs, pour des raisons de pureté aussi, ne pouvaient s’y rendre. Et pourtant, ils y sont allés… Quelque part au-delà de cette frontière si je puis dire ; au-delà des limites qui étaient admises, au-delà du conformisme de leur religion.
Et ce faisant, c’est en chemin que Jésus se fait interpeller par cette femme, par cette païenne, assaillie par le désespoir de savoir sa fille tourmentée par un mauvais esprit. Mais voilà que Jésus ne lui répond pas, incitant ses disciples à réagir.
Alors ils l’apostrophent, eux qui semblent insensibles, agacés par la situation, et qui demandent au Maître de renvoyer cette femme. Alors Jésus prend la parole et indique à cette mère qu’il n’est ici que pour aider le peuple d’Israël. Mais elle, elle insiste ! Elle sait que Jésus peut lui venir en aide. Elle met en lui toute sa confiance… Elle a foi en lui !
Alors elle se met à genoux et lui demande : « Maître, aide-moi »…
Quelles limites ne dépasserions-nous pas par amour ?
Et là, Jésus a cette phrase très dure : « il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». C’est presque une forme de mépris, une forme d’insulte que lui assène Jésus… À moins bien sûr qu’il veut voir l’étendue de la confiance de cette femme envers lui. Alors, cette maman, elle ne se décourage pas ! Elle continue, elle persévère. Elle ne veut pas la nourriture des enfants, non, mais elle, la païenne, elle se contenterait même des miettes…
Alors lorsque l’on réfléchit à comment la Parole a été reçue dans le monde juif de l’époque, c’est-à-dire assez mal, Jésus est touché. Je dirais même bien plus : Jésus est converti. Là où il ne voyait qu’un panneau « obligation d’aller tout droit », cette femme lui a présenté un panneau « toutes directions » !
Alors oui, Jésus évolue dans son incarnation. Désormais, le peuple élu n’est plus le seul à pouvoir goûter la nourriture apportée par le Christ. Il s’exclame : « Oh ! Que ta foi est grande ! Dieu t’accordera ce que tu désires. ».
Et c’est purement merveilleux ; parce que là où Jésus voyait le cadre de son ministère, lui, le Christ, le Fils de Dieu, il est appelé, par cette femme, à dépasser ses propres limites. Par sa foi, elle a ouvert la porte du cadre du ministère de Jésus. Ce n’est pas rien…
Et nous, quelles limites intérieures sommes-nous prêts à faire voler en éclat par amour ?
Quelles limites pouvons-nous franchir à l’aide de la foi ?
À quelles limites notre Eglise institutionnelle se borne-t-elle et qui pourraient être dépassées en nous concentrant sur la foi, l’espérance et l’amour qui doivent la porter et la constituer ?
Comment puis-je être signe de foi de l’amour de Dieu auprès de quelqu’un qui en a tant et tant besoin ?
Quelles portes s’ouvriront à nous grâce à la foi ? C’est une question qui a le mérite d’être posée. Serons-nous prêts à en franchir les seuils comme Abram ? C’est une toute autre question…
Mais ce discernement, ces questionnements, ils doivent nous interpeller et nous mettre en marche !
Pas n’importe où et pas n’importe comment, mais sans nous mettre en danger, parce qu’il y a des limites qui nous protègent, ne l’oublions pas. C’est là tout le défi…
Mais comment le faire et comment savoir quelles limites intérieures il nous sera bon de franchir ?
Je dirais humblement alors que ces réponses, elles sont individuelles. Elles doivent se trouver dans la prière, dans la méditation personnelle et dans notre quotidien de relations humaines avec les autres.
Lors de cette prochaine semaine, je nous invite à prendre un temps de réflexion à ce sujet. Un moment de face-à-face avec nous-mêmes, un moment de cœur-à-cœur avec Dieu. Laissons mûrir en nous la Parole. Mettons sur la table de notre âme, nos sentiments de craintes, de peurs, mais aussi d’espérance.
Car devenir, c’est en Dieu par le Christ que nous sommes appelés à le faire. Dans la confiance absolue d’un amour gratuit et inconditionnel. Et n’attendons aucune réponse immédiate, mais soyons attentifs aux signes toujours présents et qui jalonnent nos routes. Laissons-nous toucher et à l’image de Jésus, laissons-nous toujours nous réformer et nous convertir à l’amour. Laissons-nous aussi être un signe d’amour dans la vie des gens qui nous entourent.
Amen.
Prière d’intercession
Seigneur notre Dieu,
Nous te prions pour que nous puissions entendre la souffrance de celles et de ceux qui nous entourent, lorsque celle-ci est dite avec les cris ou lorsqu’elle demeure discrète, silencieuse, mais vécue tout aussi difficilement.
Nous te prions pour tes enfants qui à travers notre vaste monde, sont en proie à la violence, à la faim et à la maladie. Donne-leur toujours la chaleur de ta présence. Donne aux responsables des nations l’intelligence du cœur, plus que celle de la bouche.
Nous te prions pour nos proches, nos amis, qui traversent des moments de doute, de douleurs et de deuil. Sois pour eux le refuge au-dedans et au-delà de leurs limites.
Amen.
Notre Père
Seigneur Dieu,
Qu’importe que la nuit vienne, puisque tu dessines chacune des aubes.
Qu’importe la pluie et le vent, puisque tu murmures à nos oreilles que la lumière éternelle brille déjà.
Qu’importe que la peur nous étreigne et nous limite, puisque Tu nous tiens la main et nous conduits dans la liberté absolue.
Rassemblés pour te rendre grâce avec les chrétiens de tous les temps et enseignés par ton Fils, Jésus le Christ, nous disons la prière qu’il nous a apprise :
Notre Père qui es aux cieux,
Que Ton nom soit sanctifié,
Que Ton règne vienne,
Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi,
À ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal.
Car c’est à Toi qu’appartiennent le règne,
La puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles, Amen.
Envoi – Bénédiction
Demain est un souffle de vie qui vous invite à respirer.
Demain est un temps dans le monde qui vous invite à oser.
Demain est un air de musique que l’on fredonne avec le cœur, que l’on partage et que l’on offre avec tendresse.
Que le chemin s’ouvre sous vos pas.
Que le vent vous pousse en avant.
Que le soleil rayonne sa chaleur sur votre visage.
Que les pluies tombent avec douceur sur vos champs.
Et jusqu’à vous revoir, puisse Dieu vous garder dans Sa main et qu’Il vous bénisse,
Lui qui est Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.