La foi, donnée et choisie tout à la foi(s)!-Prédication du 26 août 2018

 

2417674_03657e14Culte du 26 août 2018 – Couvet

Baptême de Rebecca Cirillo

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Lecture de la Bible

Josué 24, 1-2a.15-17.18b

Jean 6, 60-69

Prédication de Julie Paik et Patrick Schlüter

Julie :

« Il a la foi. », « Ma grand-mère était très croyante », « J’admire ceux qui y croient tout simplement, alors que pour moi, ce n’est pas aussi simple avec le doute qui est toujours là ! »

Ces quelques phrases, je les ai entendues récemment et même à plusieurs reprises durant ma vie, sous une forme ou sous une autre. C’est qu’il y a un mystère dans la foi : elle semble selon ces phrases données à certains et pas à d’autres. Ce matin, en baptisant Rebecca, nous sommes au cœur de ce mystère. Dans le baptême, quelque chose lui est donné que personne ne peut enlever. Et, en même temps, elle aura le choix plus tard de se situer.

Alors, la foi est-elle donnée ou choisie ?

Patrick :

Croire, c’est donné !

Regarde le peuple d’Israël qui est entré dans le pays promis, Dieu leur a donné la liberté après l’esclavage en Egypte. Il les a protégés tout au long du chemin avec des signes importants de sa présence. Pourraient-ils choisir autre chose que de servir le Seigneur ?

Dans ma vie, j’aimerais souvent être le seul maître à bord, penser que je peux me faire moi-même, comme nous le promet le monde dans lequel nous vivons ! Mais dans le fond, je sais aussi que ma vie m’est donnée, que je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui sans tous ceux qui m’ont précédé, dans ma famille ou dans l’Eglise. Il y a dans ma vie, dans mon chemin de foi, quelque chose qui m’est donné. Je n’y suis pour rien !

Rebecca qui a reçu le baptême ne serait pas là sans ses parents qui ont choisi de la faire entrer dans l’Eglise. C’est l’amour de Dieu qui la porte et elle reçoit ce signe de la grâce de Dieu sur lequel elle pourra s’appuyer toute sa vie.

Croire, c’est donné !

Jésus dit à ses disciples : « Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père ». C’est l’Esprit qui fait vivre quand Dieu vient habiter nos vies. Sans lui, notre réalité humaine n’est capable de rien.

Dans ma vie, je cherche trop souvent Dieu ailleurs. J’aimerais l’atteindre, trouver le chemin spirituel qui me convient, mais avec Jésus, je découvre que c’est lui qui est venu habiter notre humanité. C’est Jésus qui nous est donné en plein cœur de tout ce qui fait nos vies : les peurs, les joies, les difficultés, les espoirs. Quand je réalise que Dieu est là, c’est comme la parole d’un ami qui m’encourage, comme la nourriture qui me donne des forces, comme l’air que je respire à chaque instant.

Croire, c’est reconnaître la vie du Christ qui souffle en moi. Cela ne vient pas de moi.

Avec le baptême, Rebecca est entrée dans cette grande famille de ceux qui reconnaissent en Jésus celui nous fait vivre comme le dit Pierre : « Seigneur à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle »

Julie :

Oui ! mais… croire, c’est aussi un choix !

Vivre, c’est faire des choix, à chaque instant. C’est faire des choix qui peuvent être aussi anodins que de se décider entre le plateau de fromages et le dessert au restaurant, et aussi décisifs et exigeants que de se marier ou de devenir parents, de s’engager pour la vie vis-à-vis de quelqu’un d’autre. Depuis l’instant où Rébecca est venue au monde, elle aussi, elle apprend à faire des choix, à découvrir ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas, à affirmer sa personnalité. Et peut-être que le plus important des choix qu’elle aura à faire, c’est celui du sens qu’elle donnera à sa vie. Ce choix-là, personne ne pourra le faire à sa place. Et si elle commence un jour à tisser une relation avec ce Dieu qui lui offre sans condition sa présence et son amour, si elle commence à se poser des questions, à lire la Bible, à essayer de le rencontrer dans la prière – elle fera le choix, consciemment ou inconsciemment, de lui dire oui, d’entrer dans son projet pour notre monde. Un peu comme lorsqu’on choisit des lunettes de soleil pour l’été, en choisissant de croire, nous choisissons de porter sur notre monde, sur les hommes et les femmes que nous croisons, un certain regard : celui qui essaie de distinguer les traces de l’amour de Dieu dans leur histoire et dans la nôtre. C’est le regard du peuple d’Israël, qui relit son passé et qui peut dire : « Oui, Dieu était là ! C’est lui qui nous a guidés ! »

Croire, c’est un choix !

Et je crois aussi que c’est un choix courageux. Dans le texte de l’Evangile, les douze apôtres en font l’expérience, quand ils se retrouvent seuls, abandonnés par les autres pour qui les paroles de Jésus sont trop dures à avaler. Il faut du courage pour rester quand tout le monde s’en va. Parfois, quand je discute avec des amis ou des membres de ma famille qui ne sont pas croyants, je suis surprise de voir qu’ils pensent que la foi est un peu comme du sucre glace : si on en saupoudre un peu sur ce qui est trop amer ou trop acide, on l’avale plus facilement. Pourtant, mon expérience est différente. Quand je fais le choix de placer ma vie sous le regard de Dieu, j’apprends à reconnaître les traces sa présence, mais je m’aperçois aussi que je ne peux pas le faire sans regarder la réalité en face, dans tout ce qu’elle a de beau mais aussi de terrible. Et ce n’est pas toujours facile de se confronter à la vérité, en particulier à la vérité sur soi-même. Mais si la foi ne masque pas le goût du mal ou de la mort, elle leur donne la perspective de l’espérance. Elle me dit de refuser jour après jour de croire que le mal vaincra, que la mort est le dernier mot posé sur une vie humaine. Elle me dit de rester, et de tenir bon même quand cela paraît sans espoir, comme le fait Pierre lorsqu’il répond à Jésus qui lui propose de partir : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Patrick :

Finalement, on pourrait dire que la foi est un peu des deux ! C’est le don gratuit de Dieu, c’est l’amour sans condition qu’il nous offre, c’est la présence du Christ dans nos vies. Et cette présence fidèle et aimante, cette tendresse qui nous accompagne, nous permet de faire le choix de l’espérance. Elle nous aide à rejoindre une grande famille de frères et sœurs, qui dépasse les époques et les continents. C’est la famille de l’Eglise, qui reçu l’immense amour de Dieu et qui décidé d’entrer dans son projet, afin que le dernier mot qui sera posé sur nos existences soit celui de la vérité, de l’amour, et de la vie.

Amen.