Justice climatique, maintenant ! De quel monde voulons-nous être responsables ?

Culte du 11 mars 2023 à Môtiers

Officiante :  Séverine Schlüter

Culte du 12 mars 2023 à La Côte-aux-Fées

Officiant :  Patrick Schlüter

Introduction

Les événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses, les fortes précipitations ou les ouragans nuisent à la production de denrées alimentaires et menacent le droit à l’alimentation de millions de personnes, notamment celui des familles paysannes des pays du Sud, qui sont confrontées à la faim et à la pauvreté. Cette situation révèle une injustice : ce sont les personnes qui contribuent le moins au réchauffement climatique qui en sont les principales victimes. Nous sommes donc appelés à  prendre nos responsabilités, à modifier nos habitudes de consommation et notre mode de vie de manière à préserver la Création, afin de maintenir le lien d’amour voulu par Dieu et qui unit  tous les êtres vivants.

Notre réflexion s’appuiera sur des textes choisis par le groupe Terre Nouvelle de la paroisse et tirés de la Campagne œcuménique de Carême (documents et autres infos à trouver sur le site www.voir-et-agir.ch : Info-Campagne / Calendrier / Tenture de Carême).

L’ image de la tenture de Carême, de l’artiste Nigérian Emeka Udemba du Nigeria a pour titre 

« Qu’est-ce qui est sacré pour nous ?  »

Présentation de la tenture

La tenture aux couleurs intenses de l’artiste Emeka Udemba raconte la beauté du « miracle bleu», mais aussi de sa destruction. Climat, guerres, pandémies: les grandes crises de notre époque se renforcent mutuellement et se superposent les unes aux autres. Cela nous met face à des défis
particuliers.


Cette tenture est un collage de nombreuses coupures de presse déchirées: des nouvelles, des informations et des fake-news. Couche après couche, l’artiste déchire et colle ces fragments, composant quelque chose de nouveau à partir de ceux-ci. De loin, la Terre scintille sur la tenture comme un joyau turquoise. Dans l’espace rouge et chaleureux qui l’entoure, quatre bras se tendent. Leurs mains effleurent ensemble le globe terrestre, avec douceur, en lui laissant de l’espace.


D’un point de vue biblique, Dieu nous confie la Création. Elle est à la fois don et mission; un cadeau qui nous est offert et placé sous notre responsabilité. Nous la tenons entre nos mains comme Dieu nous demande de le faire, à son image. Nous sommes au cœur d’un nouveau récit de la Création, décisif… avec ce titre qui nous est donné sous forme de question : « Qu’est-ce qui est sacré pour nous ? »

Observation de la tenture et texte « un jour nouveau »  (Texte de Jacqueline Keune)

Au sixième jour
Dieu regarda tout cela
Et vois comme c’était bon.

Et vois les nomades qui nagent pour survivre

La montagne qui tremble
Sous le vent des Andes
La rose si vulnérable.

Et vois la vérité́ déformée

Les océans plastifiés
Les forêts inanimées
La sœur déshonorée

Le frère éteint
Le sacré devenu marchandise.

Et vois un·e enfant

Qui a foulé la Terre.

Un jour nouveau se lève.

Prière :  « La Terre en héritage »   (Texte de Jacqueline Keune)

Heureuses et heureux
Celles et ceux qui n’ont pas besoin de vaincre

Ne vivent pas au-dessus de leurs moyens
Ne cherchent pas à̀ posséder
Ce qui ne leur appartient pas
Ne récoltent pas ce qu’ils n’ont pas semé́.

Heureuses et heureux
Celles et ceux qui écoutent les cris des abattoirs

S’enchaînent fraternellement aux arbres
Se postent sur le terril d’une mine de charbon

Opposent leurs prières à la guerre.

Heureuses et heureux
Celles et ceux qui se sentent invité·e·s sur cette Terre

Récoltent la semence de la lumière
Remercient la pluie
Reconnaissent le ciel dans le grain de riz.

Car la Terre leur sera donnée en héritage.

Lecture : Genèse 1, 1-2

1ère brève méditation de la tenture (texte de Judith von Rotz)

Les fondements de la réalité, qui est aussi notre réalité, sont déjà là dès le début. C’est de ces fondements que naît ce qui est. Mais au cœur de cela réside la force créatrice de Dieu. La force qui traverse la Création et permet le devenir et la vie, hier et aujourd’hui.

Désormais, c’est à nous autres êtres humains, ici et maintenant, qu’il incombe d’influencer le monde et notre vivre ensemble afin que les commencements et la vie soient toujours possibles.

Des journaux. Des pages de journaux, des extraits. Des journaux d’aujourd’hui. De nos latitudes. L’artiste en recouvre la superficie blanche. Il commence par notre réalité. Elle constitue le fond. Le fond sur lequel tout le reste se construit. Les textes ne sont plus visibles. Les gros titres « de grands espoirs, de gros obstacles », « une culpabilité sans expiation », « d’égal à égal », « une alimentation pour une longue vie ». Ils restent derrière le visible.

Qu’est-ce qui me marque ?
Quelles phrases intérieures constituent la base de mes actions ?
Sur quels gros titres se fondent nos sociétés ?

Prière – Déposer ce qui est difficile

« Devant toi Seigneur,

nous confessons que nous sommes pris dans des spirales de consommation et de gaspillage.

Tout ce qui nous entoure : les animaux, les insectes, les plantes, les forêts, les cours d’eau, nous est nécessaire et nous émerveille.

Mais trop souvent, nos cycles de production et notre consommation vont à l’encontre de ton projet de Création.

Notre patrimoine d’espèces vivantes est menacé.
Nos rivières et les mers souffrent.

Seigneur, aie pitié́ de ce monde que tu as fait si beau.

Viens à notre aide pour comprendre les conséquences de nos actes.
Ouvre nos yeux à la réalité́ et nos cœurs au changement pour prendre soin de ta Création, au nom de Jésus. Amen. »

Lecture : Genèse 1, 11-13

2ème brève méditation de la tenture (texte de Judith von Rotz)

Une nouvelle structure voit le jour. L’artiste dessine cette boule. D’abord, c’est un réseau de lignes qui se croisent et se recoupent. Un lacis qui maintient tout ensemble. Tout est relié à tout. Le réseau s’arrondit pour devenir une boule. Le mouvement entre alors en jeu. La boule est identifiable comme globe terrestre. Elle sera bientôt dominée par des morceaux de journaux peints en bleus comme l’eau et en vert comme les prairies.

Mais le rouge chaud, trop chaud de l’environnement saute aussi aux yeux. La structure du réseau située en dessous porte et relie le tout. Le lacis maintient ensemble ce qui appartient à la terre. Rien n’existe en lui-même.

Dans quels rapports est-ce que je vis ?
Où prenons-nous conscience du fait que nous sommes à la fois liés et indépendants ?

Comment sommes-nous impliqués dans l’exploitation de la terre et le réchauffement climatique ?
Où nourrissons-nous la vie ? Où veillons-nous au bleu et au vert de notre planète ?

Lecture : Genèse 1, 26-28

3ème brève méditation de la tenture  (texte de Judith von Rotz)

On peut observer deux paires de mains. Des mains humaines, grandes et fortes. Deux d’entre elles sont plus mates que les autres. La terre se trouve en leur sein. On ignore si la balle est passée de main en main ou attrapée, si elle fait un va-et-vient ou se déplace uniquement dans une direction précise. Les mains ont été dessinées soigneusement et avec précaution. Ouvertes, pour porter tout ce qui est déposé en elles.

Où suis-je porté·e, et où est-ce que je porte ?
Sommes-nous sur la balle ou sommes-nous les mains qui la portons ?
Comment pouvons-nous transmettre notre terre soigneusement et avec précaution ?

Prière d’intercession en 3 temps

Mon Dieu
Donne-moi
Le courage
De changer les choses que je peux changer

La sérénité́

D’accepter les choses que je ne peux changer

Et la sagesse
D’en connaitre la différence

Mais donne-moi aussi

De désirer moins
Afin d’entrer joyeusement

Dans cette sobriété́
Qui nous remplit
D’une autre plénitude ici-bas

(Tiré du carnet de route de Détox’ la Terre)

Comme les laboureurs qui retournent la terre, tracent le sillon, et sèment, donne-nous Seigneur la force de voir loin, espérer le jour de la moisson,

et avoir assez de force pour entretenir le champ que tu nous demandes de cultiver : notre famille, notre environnement, notre pays, notre Église.

[…] Qu’à Madagascar, en Suisse, et partout ailleurs, tu continues à tracer dans le cœur de chacun, des sillons d’espoir !

(Brigitte Rabarijaona, Madagascar, extrait de sa prière dans : FAMA 2/20, « Gebete »)

Seigneur, bénis nos oreilles afin qu’elles soient attentives

et entendent les soupirs de la Terre

et le cri des personnes souffrant de la faim.

Seigneur, bénis nos yeux afin qu’ils soient ouverts

et voient la beauté́ de la Création

et la menace qui plane sur la vie.

Seigneur, bénis nos mains

pour qu’elles se mettent en action énergiquement

là où cela est nécessaire

et se montrent généreuses avec les personnes précarisées d’ici et d’ailleurs.

Seigneur, bénis nos cœurs

afin qu’ils battent pour la sauvegarde de la Création

et s’engagent pour toute vie.

Bénis-nous…

Amen.

Notre Père

Enfants d’un même Père, et membres d’une même création, nous pouvons dire ensemble la prière qui nous rassemble :

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton règne vienne.

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses,

Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Et ne nous soumets pas à la tentation,

Mais délivre-nous du mal,

Car c’est à toi qu’appartiennent

Le règne, la puissance et la gloire,

Aux siècles des siècles.

Amen.

Bénédiction

Puissions-nous laisser la vie circuler en nous,

Être reconnaissants pour le cadeau de la terre,

Nous laisser porter avec précaution et porter nous-mêmes,

Être bénis et devenir nous-mêmes des bénédictions

« Allez dans la lumière.

Participez au renouvellement du monde.

Que Dieu, le commencement, vous accorde un jour nouveau,

Que Dieu, le Christ, vous prenne par la main,

Que Dieu, l’Esprit, vous donne force et paix.

Amen. »