Jour à part, vie à partager – prédication des 12 et 13 janvier 2019

Cultes présidés par Séverine Schlüter, le 12 janvier au temple de Môtiers et le 13 janvier au temple de La Côte-aux-Fées.

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Lectures bibliques : 

 

Prédication

«Dieu, après avoir achevé son œuvre, se reposa le septième jour de tout son travail». Voilà comment le livre de la Genèse conclut son récit évoquant la Création de la terre, et de tout ce qui y vit.

Le cycle de la création ne s’arrête pas une fois l’œuvre de Dieu achevée… mais seulement après qu’il ait pris le temps du repos !

Dieu décide de se retirer.
Premièrement en se reposant de son œuvre. Comme s’il avait besoin de prendre un temps de recul, pour considérer ce qu’il a fait, mesurer le travail accompli, l’apprécier à sa juste valeur. Il est dit à plusieurs reprises dans le récit que Dieu regarde sa Création, et se réjouit de ce qu’il voit.
Il se retire aussi dans le sens qu’il laisse sa place à l’homme : il lui confie la garde de sa Création. En quelque sorte, il se repose sur lui !

Non seulement Dieu s’accorde ce temps, mais il bénit et consacre ce 7ème jour. Il en fait un moment spécial, à part. Comme un rappel que cette respiration fait partie de ce qu’il a voulu.

Dans l’histoire de l’Exode, on apprend que ce mot d’ordre sera repris dans les 10 commandements, qui seront à la base des règles de vie des Israélites.

« N’oublie jamais de me consacrer le jour du sabbat.
Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage.
Le septième jour, c’est le sabbat qui m’est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu…»
(Exode 20, 8-10a)

Jésus, comme les autres juifs de son époque, se rend donc ce samedi-là à la synagogue. Là, il est ému par un homme à la main paralysée, et le guérit…
provoquant ainsi la colère des maîtres de la loi et des Pharisiens présents.
Cela fait longtemps déjà que les spécialistes de l’Écriture et de la loi juive, pour être sûrs de respecter le commandement de Dieu, avaient dressé une liste des activités indispensables et permises le jour du sabbat… et guérir n’en faisait pas partie.
Qui est-il donc, celui-là, pour transgresser la loi de Dieu ?

Jésus leur a donné sa réponse, sa vision des choses :
«Que permet notre loi ? de faire du bien le jour du sabbat ou de faire du mal ? de sauver la vie d’un être humain ou de la détruire ? »

Cette liste de ce qui est autorisé ou interdit durant le sabbat a été faite, il est vrai, dans de bonnes intentions : s’assurer que le commandement de Dieu soit suivi et respecté au plus près possible.
Mais elle peut enfermer aussi : elle en est devenue dans certaines circonstances à oublier l’essentiel !

Avant de se retirer, Dieu a en effet confié son œuvre aux bons soins de l’être humain. Il est précisé aussi qu’il a créé l’être humain “comme une image de lui-même”.
Or, quelle image nous est donnée de lui dans le récit de la Création ?
Celle d’un Dieu qui crée, qui appelle à la vie, qui cherche à faire de bonnes choses, en écho à son regard sur ce qui a été créé :
«Dieu constata que tout ce qu’il avait fait était une très bonne chose.»
N’est-ce donc pas aussi ce qu’il attend des humains ?
Sur cette terre confiée par Dieu, et dans sa relation à l’autre, nous sommes appelés à poursuivre l’action de Dieu, et mener toutes choses vers le bien.

Or, demande Jésus, qu’est-ce qui va contribuer le plus au bien dans cette situation ? Qu’est-ce qui va permettre de faire de ce jour un jour spécial, à part ?
Qu’est-ce qui va permettre de se réjouir ensemble de l’œuvre et de l’action de Dieu, et de le louer ?
Est-ce en respectant une liste de tâches établie, ou en guérissant cet homme de son infirmité ?
Il donne sa réponse en guérissant. Cela ne plaira pas à tout le monde…

Après cet épisode, Jésus lui aussi ressentira le besoin de se retirer, pour prendre du recul et prier.
Besoin aussi de partager sa mission qui lui est confiée avec d’autres.
Tout cela me pose des questions sur moi-même.

Dans mon rythme de vie, est-ce j’ose toujours ce temps du recul ? Le temps de considérer mon travail, de me réjouir devant Dieu de ce qui a pu être réalisé ?

Est-ce que j’arrive toujours à faire la bonne part des choses, à faire les choix qui vont concourir au bien ? Et comment les discerner ?

Est-ce que je me permets à certains moments de me reposer sur d’autres, quand j’estime avoir fait ma part, comme Dieu à la fin de son acte de Création, ou simplement pour partager la tâche confiée, comme Jésus avec ses disciples ?

C’est parfois difficile, surtout quand beaucoup d’attentes pèsent sur soi ; et pourtant, les répits que l’on s’accorde sont bénis par Dieu aussi ; comme des instants qui lui sont consacrés pour se rappeler de sa présence, et se laisser renouveler par lui, et trouver la meilleure voie à suivre !

J’aimerais conclure avec ce texte trouvé dans la liturgie de l’Église Réformée Évangélique du canton de Vaud :

Ô Dieu, nous te voyons comme un être exigeant,
mais nous te connaissons mal.

Tes lois sont pour la vie,
Elles sont pour l’homme et non contre lui.
(…)

Tu souhaites pour nous une longue vie,
sur la terre que tu nous donnes.

Tu as créé notre planète,
avec tous ses fruits et ses nourritures;
Tu nous confies la vie,
avec le pouvoir de la transmettre.
Tu nous donnes la liberté d’en user,
et tu te retires, pour nous laisser exister.

Tu nous guides par ta loi,
afin que nous usions de tout dans la reconnaissance
pour le bien de l’homme,
en nous souvenant de Toi.

Amen.