Jésus tenté au désert – Carême 1 – prédication du samedi 9 mars 2019 à Môtiers – Luc 4,1-13

La tentation du Christ

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Les tentations de Jésus, c’est le récit d’un affrontement de paroles bibliques. Le diable et Jésus luttent au moyen des Ecritures, prenant chacun la Parole de Dieu comme une épée, mais chacun avec une volonté différente.

J’aimerais rappeler que la Parole de Dieu a une importance toute particulière pour nous, juifs et chrétiens : c’est par sa Parole que Dieu créa l’Univers vivant. Pour nous chrétiens, Jésus est la Parole de Dieu qui s’est incarnée, devenue un humain comme nous depuis le premier Noël.

Par conséquence, nous chrétiens sommes particulièrement sensibles à la parole que nous prononçons, pour témoigner de Dieu mais aussi tout quotidiennement pour parler à d’autres. Car nous connaissons le pouvoir créateur (ou destructeur) de la parole qui sort de notre bouche, écho de ce qui habite notre cœur.

Revenons à Jésus, mené par l’Esprit au désert. Avant ces 40 jours de jeûne, il avait été reconnu « Fils bien-aimé » de Dieu, lors de son baptême par Jean. Le Saint-Esprit s’était posé sur lui, non pour en faire un surhomme invincible, mais pour qu’il soit un humain enraciné dans cet amour et cette confiance inconditionnels, donnés par Dieu à chacune de ses créatures. Dans ce combat, il y va donc de la volonté profonde de Jésus, de ce qu’il a en lui de plus central.

Et dans cet échange verbal qui ressemble plus à un dialogue musclé qu’à un combat vital, Jésus exprimera ce qui pour lui, comme ensuite pour nous, est l’essentiel. Comme Dieu est son Père bien-aimant,                                                                                                           – c’est en lui seul qu’est l’étanchement de toute soif et faim véritables ; c’est Dieu seul qui peut vraiment  nous montrer comment trouver le nourrissement dans toutes les faims et les soifs de la vie humaine ;                                                                                                                 – c’est à Dieu seul, également, que revient toute adoration, lui le seul maître qui rende ses serviteurs libres ;                                                                                                                                    – c’est Dieu seul, enfin, qui montre comment vivre le pouvoir comme un service.

Mais qu’en est-il de nous et de nos tentations ? Comme le disait un plaisantin, « je résiste à tout sauf à la tentation ! » Au-delà de la blague, et de la tentation de minimiser le sujet, voyons si nous aussi, nous ne passons pas par des périodes de désert, par des temps arides où nous sentons la faim et la solitude nous tenailler.

Nos tentations appartiennent à notre terreau personnel, à notre histoire, elles nichent dans le secret de notre cœur et de tout notre être. Quand nous sommes confrontés à l’une d’entre elles, il peut nous sembler qu’alors aucun conseil ne suffise, et personne ne peut décider à notre place de notre réponse. Le dessin proposé parait un peu simpliste ; mais il me parait dire quelque chose de vital : face à la tentation, la reconnaître et la confier à Jésus nous permet de mieux l’affronter et choisir notre réponse à donner.

La Bible n’est pas un recueil de réponses toutes faites pour notre vie et ses choix, pour les tentations qui se présentent à nous. La Bible, comme cette histoire de Jésus au désert et sa manière de répondre à la tentation, elles nous disent que l’Esprit Saint est aussi à nos côtés.

Comme Jésus, quand nous traversons nos déserts, nous pouvons puiser à cette parole et cette alliance qui nous ont créés et qui nous constituent : nous aussi, par Jésus, nous sommes les bien-aimés de Dieu, sa fille, son fils. Dans ce dialogue exigeant et confiant avec lui, nous pouvons affronter nos faims et nos soifs, et croire en la victoire de son amour, tourné vers notre libération. Amen.