Jésus, pain de notre vie

Prédication pour les cultes des 10 et 11 août 2024, Môtiers et Saint-Sulpice

Textes bibliques : 1 Rois 19,4-8 ; Jean 6,41-51

Prédication: René Perret

Le Pain de vie : c’est ainsi que Jésus se présente à nous dans l’Evangile d’aujourd’hui. Un pain à recevoir ; un pain à déguster ; un pain à digérer, à assimiler, pour le bien de notre vie déjà présente.

Si je n’ai pas, comme les Juifs de notre récit, de la peine à accepter que Jésus-le pain soit descendu du ciel, même s’il est fils de Joseph et Marie, j’ai par contre des difficultés à assimiler toutes les richesses contenues dans ce pain qu’est Jésus, et encore davantage : je me sens bien piètre boulanger, qui doit rendre ce pain assimilable et goûtu à ceux que je rencontre.

Car Jésus est le Pain de vie non seulement pour nous qui le connaissons, mais il l’est aussi pour le monde – pour que le monde ait la vie telle que Jésus l’offre.

N’est-elle pas là, notre double responsabilité ?

  • d’abord, recevoir pour nous-mêmes ce Pain de vie qu’est Jésus ; l’ingérer, le laisser nous nourrir et nous transformer continuellement, quotidiennement et jusqu’au plus profond de tous les recoins de notre personnalité.
  • puis, à la mesure de ce qui nous a nourri, transmettre ce qui peut nourrir d’autres. Sachant que le pain transmis fait son œuvre à sa façon, et ne dépend plus de nous. A nous de le proposer le mieux préparé, le plus attractif pour celui dont il comblera la faim.

En quoi et comment Jésus, Pain de vie, nourrit-il ma vie ?

Une de mes réponses est que Jésus, par ses paroles, ses paraboles, le récit de sa vie, me donne du grain à moudre pour ma réflexion dans un tas de domaines.

Déjà sur ma façon de me voir, de m’accepter, de m’aimer et de me comporter : ses paroles continuent à m’interpeller, à me remettre en question, à me libérer par rapport à tant de préjugés reçus et enfouis en moi.

A moi qui aimerais d’abord me consacrer au bien des autres, ne me dit-il pas : tu aimeras ton prochain comme toi-même ? Sous-entendu : tu ne peux pas aimer ton prochain si tu ne t’aimes pas, l’accepter si tu ne t’acceptes pas, etc.

Ma réflexion, mon intelligence, mes aspirations, tout en moi est concerné par ces paroles de vie de Jésus ; loin d’être des préceptes figés, elles sont comme les mots sortant du cœur d’un parent pour son enfant.

Tout au long de notre vie, jusqu’à notre dernier souffle en tous cas, n’avons-nous pas besoin de paroles qui nous apaisent, qui nous éclairent, qui nous libèrent ?

Jésus, Pain de vie, me nourrit ainsi par ses paroles, que je découvre et redécouvre au fur et à mesure de mon cheminement.

Mais Jésus n’est pas que paroles ; il est aussi présence vivante, actuelle, réelle bien qu’échappant à toutes nos possibilités de la matérialiser.

Je ne puis prouver que Jésus est bien le Fils de Dieu, venu de cet ailleurs qu’on appelle dans la Bible le ciel, et qui est au-delà de l’Univers visible.

Mais je l’éprouve comme un bienfait réel, sa présence à mes côtés, sa présence de crucifié ressuscité.

Ne nous faudra-t-il pas plus que cette vie pour apprécier, pour mesurer l’ampleur de ce cadeau qu’est la vie de Jésus offerte pour nous ?

Sa présence à mes côtés, elle m’est acquise dans les bons et les mauvais jours. Et jusque dans ce passage qu’est la mort, Jésus nourrit ma confiance, porte mon espérance, « prend en sa main la mienne » comme nous le chantons.

Être nourris par Jésus, le Pain de vie, fait de nous, je le crois, des êtres incarnés, bons vivants, qui goûtent à ce que la vie quotidienne et bien concrète offre à chacun.

Le Pain dont Jésus nous nourrit nous fait à la fois pousser nos racines dans le terre-à-terre, et développer nos aptitudes à voir plus loin que le visible, le tangible, le bout de notre nez.

Nourris par la certitude d’une vie plus forte que la mort, nourris par une présence à nos côtés qui ne nous fera jamais défaut, nous pouvons vivre dans ce monde et dans ce temps avec des cœurs dilatés en faveur des besoins exprimés par nos contemporains.

Ainsi nous résisterons à cette démission qui s’exprime par le « après moi le déluge », tout autant que nous refuserons de plier le bagage de nos responsabilités au nom d’un avenir de notre monde si difficile à construire.

Jésus, Pain de notre vie, est allé jusqu’au bout de sa route terrestre à la rencontre et au secours de ceux qui lui étaient confiés.

A nous de vivre à sa suite, nourris par son exemple et son don, et nourriciers à notre tour en son nom.

Amen.