Jésus est « l’interprétation de Dieu » dans le monde

Lecture de la Bible

Essaie 63,7-9
Jean 1,1-18

Prédication de David Allisson – culte du 27 décembre à Noiraigue

Texte à télécharger ici en format pdf

Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. Jn 1,18

Voilà. Tout est dit. Le sens est donné. Le récit peut commencer.

Oui, tout est dit, tout est donné et le récit peut commencer. Ici, le récit, c’est l’évangile de Jean qui va raconter comment Jésus est le Christ et donc dévoiler la présence de la Parole créatrice qui était déjà là avant le début du monde. C’est dans la vie d’un homme, Jésus, que Jean reconnaît ce qu’il y a à raconter de complet à propos de la présence de la lumière de Dieu dans le monde.

La présence de la lumière de Dieu dans le monde, ce n’est pas le réveil d’une force ou même de LA force comme le dit le titre du dernier star wars.

Juste avant Noël des millions de personnes se sont précipitées au cinéma pour voir ce que cache le dernier titre de la série : le réveil de la force.

Bénéficier de la force, assister au réveil de la force, c’est espérer maîtriser cette force et s’ouvrir l’avenir. C’est du moins ce que j’imagine de star wars.

Avec un langage parfois un peu énigmatique, l’évangile de Jean nous préslente une toute autre vision spirituelle dans le prologue que nous venons d’entendre.

Pour l’évangile selon Jean, dès le commencement, Dieu est perçu comme le logos, la parole ou le verbe. Dieu se donne à comprendre comme discours, comme interpellation, comme don du sens, et non pas comme force, comme puissance, comme mystère ou quoi que ce soit d’autre qui s’apparente au pouvoir.

L’évangile de Jean s’apprête à raconter ceci à propos de Jésus : par son parler et son agir, Jésus est « l’interprétation de Dieu » dans le monde. Par son visage se révèle qui est Dieu. Il est l’interprétation réussie de Dieu, la traduction de Dieu dans le domaine de l’humain. » [cf. Jean Zumstein, L’Evangile selon Saint Jean (1-12), Labor et Fides, 2014, p. 68]

Ici, tout est dit. En recevant le récit de l’évangile qui raconte Jésus Christ et en vivant de ce récit de Jésus, nous recevons grâce et vérité comme le dit ce prologue de l’évangile de Jean. Nous recevons aussi la responsabilité de continuer de raconter ce récit de la présence de Dieu dans le monde des humains.

Parce que c’est dans l’incarnation que la vie en plénitude est offerte.

C’est dans cette vie ici-bas que nous allons découvrir et vivre la vie en plénitude. C’est ici que nous sommes appelés à la vie éternelle.

Au commencement était la Parole. Cette Parole est décrite au début du texte comme distincte de Dieu puisqu’il est dit qu’elle était avec Dieu. Et directement elle est aussi identifiée à Dieu : la Parole était Dieu.

La Parole, le Verbe, le logos en grec, c’est une manière par laquelle Dieu se présente. En faire les premiers mots de l’évangile, récit de la bonne nouvelle de Dieu qui se présente aux humains, c’est dire que l’histoire de Jésus telle qu’elle est racontée ici est l’expression de la Parole de Dieu.

La vie et la lumière sont offertes. Mais c’est parfois difficile d’accepter un cadeau qu’on veut nous faire.

Par deux fois, il est mentionné que la lumière n’a pas pu illuminer la nuit : La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue [v.5] et, plus loin : Elle [cette lumière] est venue chez les siens et les siens ne l’ont point reçue. [v.11]

C’est l’incompréhensible qui se produit. Normalement, une lumière allumée dissipe immédiatement la nuit. Normalement, allumer une bougie dans la nuit, c’est faire disparaître la nuit. Ici, non : les ténèbres ne l’ont point reçue.

Cette nuit qui absorbe la lumière venant l’illuminer, cela ressemble aux souhaits de paix, de bonheur et de plénitude qui accompagnent les vœux de Noël. C’est comme s’ils étaient année après année absorbés par la guerre, le malheur et le vide.

Nous ne pouvons pas dire ces vœux du fond du cœur en regardant les informations du monde où la violence, la guerre, la rancœur, le désamour et la haine apparaissent sans arrêt.

Cela rejoint cette phrase que prononçait le pape François une semaine après les attentats de Paris en novembre :

« Nous approchons de Noël : il va y avoir des lumières, des fêtes, des arbres illuminés et aussi des crèches… Tout est feint ! Le monde continue à faire la guerre, à faire les guerres. Le monde n’a pas pris la voie de la paix »

Pape François, 19 novembre 2015, Versailles

Pourtant, dès Noël, les jours grignotent peu à peu quelques minutes sur la nuit.

Noël revient année après année dans un monde qui semble de moins en moins disposé à accueillir la présence de Dieu.

Le Christ a réveillé l’espérance pour un nombre incalculable de chrétiens depuis sa venue au monde, depuis sa vie, sa mort et sa résurrection.

Et vous, vous êtes encore au rendez-vous de l’espérance. Vous vous êtes levés ce matin et vous êtes venus dans ce temple prier, écouter Dieu et partager avec d’autres la vie du Christ qui vous anime.

Oui, la vie en plénitude est pour aujourd’hui. C’est sur la promesse de sa réalisation que ce termine ce prologue de l’évangile de Jean. J’en reprends les trois derniers versets lus ce matin :

Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.

Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. (Jn 1,16-18)

Quand nous écoutons ce récit de l’histoire de Jésus Christ, nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu. C’est ce que nous faisons Noël après Noël en relisant l’Evangile. C’est ce que nous faisons culte après culte en relisant l’Evangile de la vie de la mort et de la résurrection de Jésus Christ.

Nous nous mettons ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu et aussi, nous la partageons, quand nous racontons plus loin le récit de l’histoire de Jésus Christ.

Cette Parole est la même que celle qui était déjà là avec Dieu au commencement. C’est cette Parole par laquelle toutes choses ont été faites.

Continuer d’écouter cette Parole, c’est accueillir un monde qui est créé chaque jour à nouveau.

Partager cette Parole et ce récit, c’est participer à faire vivre cette Parole dans notre humanité qui semble bien souvent trop sombre, aveugle et violente pour la recevoir.

Pourtant cette Parole a été faite chair. Elle a habité parmi nous. Nous avons reçu de sa plénitude et grâce pour grâce.

Cette Parole insaisissable, impossible à connaître est venu dans notre chair humaine et dans notre sang. Elle a fait vivre des millions de chrétiens depuis la naissance du Christ. Elle nous fait vivre et transmettre encore aujourd’hui.

C’est de Dieu que la vie en plénitude est donnée. Vivons-en dès aujourd’hui et partageons cette vie qui renouvelle notre courage d’aimer.

Dans quelques jours nous allons nous souhaiter une bonne et heureuse année.

Je nous souhaite une année vivante, c’est à dire placée sous le signe de la Parole présente dès le commencement du monde.

Je nous souhaite une année remplie du récit de l’histoire de Jésus Christ dans notre chair humaine.

Je nous souhaite une année pleine de la vie et de la lumière de Dieu, quels que soient les aléas de nos parcours de vie en 2016.

Amen.