«Je crois la sainte Eglise universelle» – Série d’été partie 7

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Série de cultes d’été sur le Symbole des Apôtres

12 août 2017, Môtiers 17h30 – 13 août 1017, Fleurier 10h

7ème partie : « Je crois la sainte Eglise universelle »

Texte de la prédication à télécharger ici en format pdf

Lecture de la Bible :

Prédication de Patrick Schlüter

Je crois la sainte Eglise universelle

L’Eglise n’est pas une 4ème personne de la Trinité. Elle est le prolongement de la foi en l’Esprit Saint, mais pas seulement.

L’Eglise fait partie de cette dynamique de l’Esprit qui rend présent le Père et le Fils et nous relie les uns aux autres.

L’Eglise, la sainte Eglise universelle, c’est le lieu où Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit exerce son pouvoir d’amour.

Avant d’aller plus loin, j’aimerais commencer par reconnaître qu’il y a là un mystère sur ce qu’est l’Eglise. Nos mots ne peuvent que l’approcher.

Aujourd’hui, nous avons franchi les portes de l’église pour être réunis ensemble. Le mot « église » désigne 2 réalités. L’Eglise au sens propre avec une majuscule, c’est l’assemblée : tous ceux qui se réunissent en communion avec Jésus-Christ. Par extension, le mot église avec une minuscule en est venu à désigner le bâtiment que l’on a construit pour accueillir cette assemblée-Eglise.

Les textes bibliques que nous avons entendus ce matin parlent de l’Eglise, la communauté avec des images de l’ordre de la maison :

  • Jésus construit son Eglise sur la pierre suite à la confession de Simon-Pierre.
  • Il lui donne les clés du Royaume des cieux
  • Dans l’apocalypse, le Christ est celui qui a la clé du roi David, qui ouvre la porte que personne ne peut fermer
  • Le vainqueur sera une colonne dans le temple de Dieu.
  • La Jérusalem céleste, une ville construite par Dieu, évoque le Royaume à venir.

Bien entendu, toutes ces images ne se recoupent pas totalement, mais elles relèvent toutes du même champ de vocabulaire : celui de la maison que l’on construit, où l’on habite, dans laquelle on entre par une porte, porte qui peut être ouverte ou fermée par une clé.

Ces réalités, nous les connaissons bien. Elles nous relient aussi aux premiers chrétiens. Avoir un toit, un lieu où l’on habite, c’est un besoin de l’être humain. Une porte ouverte ou fermée, cela peut être une question de vie ou de mort. Pouvoir entrer dans une ville, une maison, c’est trouver la sécurité.

A travers ce vocabulaire, nous pouvons pressentir ce qu’est l’Eglise. Elle est le lieu, l’espace, la réalité où Dieu veut nous accueillir, nous intégrer, nous entraîner dans la vie véritable. Elle est comme une maison, une ville, une patrie, où l’amour de Dieu nous entraîne et nous relie à d’autres.

Ce que je lis dans les textes bibliques, c’est la volonté de Dieu à travers Jésus-Christ d’ouvrir les portes de son Eglise, de pardonner les péchés pour libérer la vie de tous les enfermements. Parfois, il arrive que nos cœurs restent fermés à cela. Parfois, il arrive aussi que ce soient nos portes d’Eglise qui sont fermées aux autres.

Face à cela, le Christ nous appelle encore et toujours à la vie. « Délier sur la terre », « ouvrir la porte que personne ne peut fermer » : à travers ces mots, je lis les bras ouverts du Christ sur la croix, vainqueur de la mort, vainqueurs aussi de toutes les situations de morts dans lesquelles nous nous enfermons parfois.

L’Eglise, c’est cette réalité spirituelle dans laquelle Dieu veut nous intégrer pour vivre en promesse son Royaume qui vient. C’est le lieu où il veut nous faire habiter en sa présence de telle sorte que nous devenions nous-mêmes, comme une colonne, une partie de la construction, les uns pour les autres. Cette réalité spirituelle de l’Eglise, nous sommes appelés à la vivre dans notre communauté locale.

Ce vendredi dernier, lors du repas communautaire à Couvet, j’ai posé la question aux personnes présentes : qu’est-ce que l’Eglise pour vous ? Un beau moment de partage s’en est suivi. Voici quelques-unes des choses qui ont été dites :

  • L’Eglise, c’est l’ensemble des chrétiens, c’est une grande famille
  • C’est comme un point de repère, un lieu pour aller prier, écouter le pasteur, être confirmé dans la foi
  • L’Eglise, c’est le lieu où Dieu m’invite chaque dimanche pour le rencontrer lui et la communauté.
  • C’est le lieu de rassemblement qui nous rappelle la venue au monde de Jésus.
  • C’est la réunion des personnes qui partagent leur foi.
  • L’Eglise nous fait penser à Dieu
  • On y va le premier jour et le dernier jour de sa vie. On est accompagné tout le long du voyage jusqu’au dernier jour. C’est le lieu où Dieu nous donne rendez-vous, pas forcément un bâtiment.
  • Spirituellement, c’est le corps du Christ qui nous rassemble. L’Eglise s’est créée autour du Christ.
  • La première Eglise, c’était la crèche avec les bergers et les mages. Un mouvement de vie nouvelle avec aussi dès le départ des difficultés comme la fuite en Egypte ou le massacre des enfants.
  • L’Eglise, c’est notre crèche actuelle avec le jeu de mots que nous avons fait : c’est là où nous « créchons ». C’est là où se ressourcer.
  • L’Eglise, c’est l’épouse du Christ
  • C’est le corps de Jésus : c’est lui qui nous reçoit et nous écoute.
  • Une personne soulignait aussi l’unité des Eglises que nous vivons dans la fraternité.

Une personne âgée qui vient régulièrement le vendredi pour partager le repas et jouer aux cartes a aussi dit : « qu’est-ce que j’aime ces vendredis. Il fait bon y venir en bonne compagnie. »

Tous ces mots sont des témoignages de ce que représente la réalité de l’Eglise dans notre communauté locale.

La réalité de la sainte Eglise universelle, nous la vivons chez nous, dans notre réalité de paroisse avec ce qu’elle est, ses difficultés, ses défis, ses essais et ses erreurs.

Dietrich Bonhoeffer l’exprime ainsi :

« L’Eglise parle de merveille parce qu’elle parle de Dieu, de l’éternité dans le temps, de la vie dans la mort, de l’amour dans la haine, du pardon dans le péché, du salut dans la souffrance, de l’espérance dans le désespoir. »

Pour conclure, j’aimerais rebondir sur les 2 adjectifs qui entourent le terme Eglise dans le symbole des Apôtres : Sainte et universelle.

L’Eglise est sainte à cause du Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qui nous met à part pour lui. Elle est universelle parce qu’elle s’adresse à tous.

Karl Barth l’exprime ainsi : « L’Eglise est un cercle dont le centre est en Jésus-Christ et dont la circonférence n’est nulle part. »

J’aimerais finir sur ce mot d’ « universelle ». Pour moi, il signifie aussi que comme chrétiens, nous ne pouvons pas rester indifférents à ceux que nous rencontrons. Nous ne pouvons pas rester indifférents au monde et à sa réalité, aux personnes qui se heurtent aux portes fermées comme les réfugiés de notre monde. C’est à cet amour que Dieu nous appelle. Il y a des deuils et des drames qui ont frappés notre région ces derniers temps, aux Verrières, ou ailleurs.

Comme Eglise universelle, que notre prière, notre présence, nos gestes d’amitié sans jugement, accompagnent les familles touchées par les malheurs de la vie et tous ceux que nous rencontrons.

Nous connaissons bien les pauvretés de notre Eglise, mais nous portons ce trésor de l’amour de Dieu. Louis Evely l’exprime ainsi :

« Dans les Actes des Apôtres, il y a un passage magnifique : Pierre, à la porte du Temple rencontre un boiteux qui lui demande l’aumône et qui tend la main s’attendant à ce que Pierre lui donne quelque chose. Et Pierre lui dit : je n’ai ni or, ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche ! (Ac 3.6). Comprenez. Quand l’Eglise n’a ni or, ni argent, elle met l’humanité debout, elle a un souffle révolutionnaire. »

Amen.