Week-end de Pentecôte
Samedi 8 juin 2019, Môtiers 17h30
Dimanche 9 juin 2019, La Côte-aux-Fées 10h
Prédication de Patrick Schlüter
Pour télécharger le texte de la prédication, cliquer ici
Textes bibliques :
Prédication sur « Je crois en l’Esprit Saint… entre expérience et réflexion »
Je crois en l’Esprit Saint
En ce week-end, nous célébrons le don de l’Esprit aux croyants. Ce don de l’Esprit constitue le 3èmearticle du symbole des apôtres. Peut-être que c’est aussi le plus difficile à saisir quand nous réfléchissons à notre foi pour exprimer qui est ce Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.
Vendredi, une personne m’a demandé : « as-tu demandé une effusion de l’Esprit sur notre paroisse ? ». Derrière cette question, l’Esprit est perçu comme une expérience, quelque chose qui sort qui se répand.
Comment prêcher aujourd’hui en ce jour de Pentecôte ? Méditer sur l’Esprit qui est aussi et d’abord l’expérience du Dieu de Jésus-Christ dans notre vie.
Expérience et réflexion…
On retrouve dans les textes bibliques que nous avons entendus ces deux dimensions de l’expérience et de la réflexion autour de l’Esprit. Les premiers chrétiens font l’expérience de l’Esprit. Paul développe toute une réflexion autour de l’action de l’Esprit dans la vie du croyant.
Expérience et réflexion… c’est que l’Esprit nous unifie : il nous fait habiter le message du Christ. Il réalise en nous et dans l’Église la vie nouvelle que Jésus annonce.
J’aimerais construire ce message ainsi :
- Partir du symbole des apôtres pour décrire l’action de l’Esprit
- Raconter quelques expériences en regard de cela
Le 3ème article du symbole des apôtres commence par : « Je crois en l’Esprit Saint »
Je crois : cela signifie « Je mets ma confiance ». On ne voit pas l’Esprit Saint, mais on peut le sentir présent chez certaines personnes dont on perçoit la foi, l’élan de vie, des personnes que l’on sent habitées.
Le Saint-Esprit est donné. Il nous porte de l’intérieur, parfois même sans qu’on s’en rende compte. Tout dernièrement, j’ai reçu une lettre d’un ancien catéchumène disant qu’il avait senti la présence de Dieu dans un moment d’entretien que nous avions eu, ainsi qu’au moment de son baptême. Cette lettre m’a beaucoup touché. J’y lis aussi une action de Dieu qui me dépasse et qui ne dépend pas de moi.
Après « je crois en l’Esprit Saint », le symbole des apôtres se poursuit : tous les éléments qui suivent décrivent l’action de l’Esprit.
Je crois la Sainte Église universelle :
L’Esprit nous met en lien les uns avec les autres. Il crée une communauté, il nous donne une famille, comme une maison, un sentiment d’appartenance. Ce lien qui est créé par l’Esprit dépasse toutes les frontières et les langues comme les premiers chrétiens rassemblés à Pentecôte le vivent.
Avez-vous fait l’expérience de vous sentir appartenir quelque part, d’être bien dans un lieu ou une communauté que vous ne connaissiez pas ? Cela, c’est l’expérience de l’Église, d’être relié avec des gens que nous ne connaissons pas.
Lors du dernier camp de catéchisme dans lequel les jeunes animateurs se sont beaucoup impliqués, nous avons vécu une expérience authentique d’Église en nous exerçant aussi à un regard bienveillant les uns sur les autres. Il y avait dans le camp une feuille avec le nom de chacun sur laquelle nous pouvions écrire une qualité, un don, quelque chose que nous avions apprécié chez la personne. C’était une manière de s’exercer à la bienveillance. Je suis frappé des liens qui se sont créés entre des gens très différents. J’y lis l’action de l’Esprit qui ouvre mes frontières intérieures.
Je crois la communion des Saints :
La rencontre authentique avec d’autres chrétiens, c’est l’œuvre de l’Esprit. Dans le récit d’Actes 2, des personnes se comprennent au-delà de la barrière de la langue et de la culture.
Dans mon vécu, cela me fait penser à plusieurs expériences :
Durant mes études de théologie, j’ai côtoyé un pentecôtiste bernois avec lequel je me suis lié d’amitié. Cet ami est malheureusement décédé jeune il y a longtemps, mais les moments que nous avons vécus m’ont marqué. Nous vivions une vraie fraternité avec des réflexions similaires sur la foi et la théologie alors que nous ne nous étions pas vus pendant plusieurs années. Je me souviens même d’un échange sur nos visions de l’action de l’Esprit où nous ressentions une grande proximité malgré nos provenances ecclésiales très différentes.
A l’inverse, avec d’autres personnes, j’ai aussi vécu des expériences de désaccord et de divergence. Cela m’a ouvert à une autre vision de la foi en Jésus-Christ quand nous pouvions nous reconnaître frères et sœurs malgré nos différences.
Ces 2 types d’expérience font pour moi partie de la communion des Saints par l’action de l’Esprit.
Je crois la rémission des péchés :
Le pardon est annoncé : il est réalisé par Jésus-Christ. Encore faut-il qu’il descende en nous, qu’il se réalise en nous.
Je le vis quand quelque chose ne me pèse plus alors que j’avais l’impression que je ne pourrais pas dépasser un échec ou une blessure. Paul dit que c’est l’Esprit lui-même qui atteste à notre Esprit que nous sommes enfants de Dieu. Par lui, il est possible de laisser la peur pour entrer dans la joie des fils et des filles de Dieu.
Je lis aussi l’action de l’Esprit quand des portes s’ouvrent, par exemple dans un conflit. J’ai été très touché par un téléphone reçu suite à un service funèbre pour me donner un écho de portes qui s’ouvraient dans une situation familiale compliquée.
Je crois la résurrection de la chair :
Depuis mon catéchisme, j’avais appris le texte avec « la résurrection des morts », mais suite à un échange avec mon ancienne stagiaire, Julie, j’aime dorénavant dire avec le texte original du symbole des apôtres : « la résurrection de la chair ». Cela signifie que Dieu transfigure ce qui est difficile dans nos vies. Nous vivons dans la chair, dans notre chair humaine, avec nos limites. La foi est parfois un combat. Les relations peuvent être difficiles, blessées, marquées par le malentendu. C’est le péché dont parle Paul en Romains 8, mais l’Esprit fait vivre et justifie.
Dans mon vécu, je pense à plusieurs services funèbres. Cette espérance de la résurrection de la chair vaut pour ceux qui nous quittent et auquel nous disons adieu dans la confiance en Dieu.
Elle vaut aussi pour maintenant quand quelqu’un se relève d’un deuil difficile et avance en s’étonnant parfois lui-même des forces trouvées.
Tout cela, c’est l’action de l’Esprit.
Je crois la vie éternelle :
C’est la vie-même de Dieu qui nous est communiquée par l’Esprit. C’est la vie dès maintenant.
La vie éternelle, c’est quand Dieu habite notre vie par l’amour. Le Père et le Fils et l’Esprit viennent faire leur demeure chez le croyant comme l’exprime Jésus dans son discours d’adieu dans l’évangile de Jean.
Cette vie se manifeste quand les mots prennent sens, pas seulement le souvenir des mots, mais la vie qu’ils communiquent.
Dans mon vécu, j’ai le souvenir de plusieurs moments où j’ai senti qu’une parole sonnait vrai. Certaines paroles m’ont marqué au plus profond de moi-même. Je le sens aussi parfois quand j’écoute certains morceaux de musique qui me font sentir la présence de Dieu
Je crois en l’Esprit Saint
L’Esprit est offert à chacun et chacune pour que l’Évangile prêché devienne vivant. Il nous fait sentir nos engagements comme une effusion de joie plutôt qu’un effort. Il nous offre l’Evangile comme un élan de vie, plutôt que comme quelque chose de simplement intéressant. Il nous donne comme une impatience de le partager plutôt que le devoir de témoigner de sa foi.
Recevoir l’Esprit, c’est cette disponibilité à la vie-même de Dieu, qui vient faire en nous ce qu’il promet.
Alors comme nous l’avons chanté :
« Viens, Saint-Esprit, Dieu créateur,
Mettre en tout homme un nouveau cœur ;
Tu veux de nous, si différents,
Former un seul peuple saint. »
(1èrestrophe du cantique 35-01 du recueil Alléluia)
Amen.