«Je crois en Jésus-Christ, notre Seigneur qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie» – Série d’été partie 2

Série de cultes d’été sur le Symbole des Apôtres

8 juillet 2017, Môtiers 17h30 – 9 juillet 2017, Les Bayards 10h

2ème partie : « Je crois en Jésus-Christ, notre Seigneur qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie »

Texte de la prédication à télécharger ici en format pdf

Lectures de la Bible :

Prédication de Patrick Schlüter

Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie.

Avec ce 2ème article du symbole des apôtres, nous touchons au cœur de la foi chrétienne. Jésus est le Christ, le Messie, celui attendu dans l’Ancien Testament. Il révèle le visage de Dieu comme Père. Il est Fils unique, don de Dieu pour nous. Fils unique, il nous intègre aussi comme fils adoptifs et filles adoptives du Père quand nous le reconnaissons comme Seigneur. Il est celui qui règne sur nos vies, non pas comme un tyran ou un roi, mais comme celui qui se donne à nous pour nous rendre libres.

Nous sommes au cœur de la foi chrétienne. Et d’ailleurs, la version latine du symbole des apôtres, joint ce 2ème article avec le 1er par un « et » :

Je crois en Dieu, le Père tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre et en Jésus- Christ, son Fils unique, notre Seigneur.

Il y a un lien indissoluble entre les 2 premiers articles. C’est par le Christ que nous connaissons Dieu. Comme le dit le prologue de Jean : « Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l’a fait connaître. »

Le Christ, Fils unique est celui qui nous révèle le visage de Dieu comme Père.

C’est cela le saut de la foi chrétienne : Reconnaître Jésus-Christ comme Seigneur, comme fondement et direction à sa vie. C’est pour souligner cette dimension de la foi que la version française et protestante du symbole des apôtres a ajouté un « je crois » supplémentaire.

L’originalité de la foi chrétienne, c’est que Dieu se révèle dans l’histoire des hommes en la personne de Jésus de Nazareth. C’est ainsi au cœur de notre vie que Dieu vient nous rencontrer aujourd’hui, encore et toujours. Il nous rencontre à la manière du Christ qui se donne à nous.

C’est dans ce sens-là qu’il faut comprendre « qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie ». Pour citer Alphonse Maillot sur le sens de ces affirmations : « l’humanité n’a pas fait son Sauveur, elle l’a reçu. ». Cet enfant, Jésus, né dans un contexte particulier est héritier de toute l’histoire de Dieu avec son peuple. C’est Dieu qui prend l’initiative et vient à notre rencontre.

Je n’ai pas envie ici de spéculer sur la conception virginale de Jésus. Les textes bibliques ne le font pas. Il y a un mystère à reconnaître.

Ce que nous en voyons, ce sont les effets. Marie reçoit une grâce de Dieu. Elle, une obscure fille de Nazareth, même pas encore mariée est ainsi mise en valeur. C’est elle qui va porter le Christ pour l’offrir au monde. Elle, mais pas seulement. Il y a aussi Joseph, absent du récit que nous avons entendu, mais qui prendra son rôle. Il y a Elisabeth, une femme stérile qui va devenir la mère de Jean-Baptiste. Il y aura les bergers, Anne et Siméon qui arrivent plus tard dans l’évangile de Luc. Des petites gens qui vont porter à leur manière le Christ pour l’offrir au monde.

Dieu, en donnant son Fils, accomplit les promesses de l’Ancien Testament. L’attente du Messie prend fin. Le règne de Jésus n’aura pas de fin. Mais Dieu vient de manière particulière. Il renverse toutes les conventions et il prend nos attentes à rebours. C’est par un enfant qu’il se donne, né parmi les petits. C’est à une jeune fille ordinaire qu’il se donne. Le oui de Marie, c’est le oui de la foi en ce Dieu qui se donne. Le oui de Marie, c’est aussi le nôtre quand nous recevons Jésus-Christ dans nos vies. Nous le portons car Dieu a choisi de se placer entre nos mains. C’est là où je suis que Dieu vient me rencontrer. Il me revendique totalement en s’offrant à moi dans la fragilité de Jésus. Porter Jésus-Christ et le laisser vivre et grandir en nous, c’est l’aventure de la foi. Ne pas se demander comment, mais entrer dans le chemin de la confiance dans ce Dieu qui nous rencontre dans notre humanité. Marie lâche totalement prise : « je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » Quand nous faisons le saut de la foi, ou même plutôt que nous consentons à laisser Dieu nous entraîner dans sa promesse, nous entrons dans la même aventure que Marie. Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie.

L’évangile de Matthieu éclaire de manière particulière comment Jésus est Christ, Fils unique, et Seigneur.

Nous aimerions souvent, parfois sans trop nous l’avouer un messie puissant, révélant un Dieu magicien pouvant résoudre tous les problèmes du monde, ou au moins… ceux de ma vie ! Notre logique humaine nous conduit souvent à dépasser les limites, à en vouloir plus ou au moins à ne pas perdre ce que nous avons. Nous portons en nous des aspirations de toutes sortes, et dans notre monde moderne, ces aspirations sont exacerbées. Il faut se réaliser, être soi. L’expérience de la faiblesse et de la mort, nous cherchons à l’évacuer. Et parfois même, nous en avons honte. Parfois, nous sommes enfermés dans le passé idéalisé.

Le Dieu de nos attentes, c’est le fantasme de la toute-puissance que nous aimerions avoir. Quelque-part peut-être, nous aimerions être Dieu. Cela en devient pesant. Certains psychologues parlent même de fatigue d’être soi.

D’ailleurs, en début samedi, en début d’après-midi, j’entendais Rosette Poletti à la radio dans ma voiture qui disait à quel point le fait d’avoir d’infinies possibilités de choix aujourd’hui devenait pesant, à force de se demander si on avait fait le bon choix !

A nous, humains qui rêvons d’être Dieu, Dieu nous rencontre en tant qu’homme. Il nous prend complètement à rebours. Notre sagesse et notre intelligence sont dépassées, car Dieu se révèle aux petits, c’est-à-dire à nous quand nous consentons à être humains avec le Christ.

Il a un contraste extrêmement fort dans l’évangile de Matthieu : Jésus est celui à qui le Père a remis toutes choses. C’est le summum de la puissance, une puissance qui pourrait écraser, mais le joug que propose Jésus est facile à porter et son fardeau léger. C’est la toute-Puissance de l’amour du Père. Le Christ est doux et humble de cœur. Cette douceur de Jésus manifeste comment il est le Messie et le roi. C’est par ce même mot que l’évangile de Matthieu désigne Jésus entrant sur son âne à Jérusalem.

C’est l’amour absolu qui se donne. Le Christ s’approche avec une douceur infinie, mais cette douceur en même temps nous appelle. Quand on est aimé par l’amour le plus absolu, quand on est accueilli par la douceur la plus infinie, la question se pose forcément. Est-ce que je suis prêt à me laisser aimer et entraîner à la suite de Jésus ? Ou est-ce que je souhaite continuer à gérer moi-même mes fardeaux, ma vie comme je l’entends ?

Dans sa douceur, Jésus ne contraint pas, il invite, il appelle et c’est exigeant, car devant lui, je suis face à la vérité de la ma vie, à la question de ce qui la dirige.

En Jésus, Dieu nous rejoint dans notre fragilité humaine. Il nous appelle à prendre son joug, à nous abandonner à lui pour nous libérer de tous nos fantasmes et être véritablement humains avec lui, à devenir véritablement des fils et des filles de son Père.

« Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et laissez-moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes. Le joug que je vous invite à prendre est facile à porter et le fardeau que je vous propose est léger. »

Voulons-nous de ce Christ-là comme Seigneur ou continuer à gérer nos fardeaux, parfois aussi ceux que nous nous empressons de porter même dans la vie d’Eglise ?

La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ nous dit l’évangile de Jean. On retrouve ce paradoxe de l’amour donné – c’est la grâce – et de l’appel exigeant – c’est la vérité.

En Jésus-Christ, Dieu nous revendique totalement, car lui-même se donne totalement à nous. Aller à sa suite, dire « Je crois en Jésus-Christ, notre Seigneur », cela change la manière d’envisager la vie, car Dieu renouvelle notre regard sur nous-même et sur les autres. C’est recevoir des frères et sœurs, enfants de ce même Père.

L’évangile de Jean en témoigne ainsi :

« Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. (..) Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l’autre. »

En confessant Jésus-Christ, Fils unique de Dieu comme notre Seigneur, conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie, nous le portons en nous et nous l’offrons au monde.

Amen.