Message de Sarah Badertscher pour l’aube de Pâques – 31 mars 2013
Toi qui es là… à l’aube de Pâques…. Vois, il n’y a rien de tonitruant ce matin là, pas de personnes manifestant leur joie par des cris et des pas de danses… non, il n’y a pas de joie, pas encore ! Ce matin à l’aube de Pâques, c’est un simple murmure que nous pouvons entendre…
Là au milieu du doute, de la perplexité, de l’étonnement, il y a discrètement un espoir naissant qui est venu s’y glisser…
Toi qui es là… à l’aube de Pâques, regarde, regarde ces femmes qui sont allées au tombeau…
Elles sont presque courbées en deux ! Elles se sentent seules, désorientées, désemparées ! Tout, tout est fini pour elles !
Fin de tous leurs espoirs, fin de leur avenir tel qu’elles l’avaient imaginé, fin de leurs rêves les plus fous, fin d’une relation avec un ami…
Justement, c’est pour prendre congé de lui qu’elles viennent ce matin tôt au tombeau ! Une dernière fois, elles veulent prendre soin de lui, en embaumant son corps, pour lui dire adieu, pour s’aider à vivre la séparation…
Ces femmes, elles sont préoccupées par la mort… Il n’y a qu’elle de présente dans leur réalité : mort de Jésus, mort d’une relation, des rêves les plus fous, d’un avenir, mort de l’espoir !
Mais Regarde, …là au tombeau, elles découvrent que Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants. Et il leur est demandé : Pourquoi cherchez vous parmi les morts, celui qui est vivant ?
Souvenez-vous qu’il leur est dit ! Souvenez-vous ! Et elles se souviennent de leur ami !
Alors, elle se disent : Oui, c’est vrai il a toujours été en faveur de la vie : il a relevé des femmes et des hommes :
le paralytique, l’aveugle, Zachée, la samaritaine et elles-mêmes aussi , elles ont été relevées par lui: Marie de Magdala, Jeanne, Marie mère de Jacques… Il leur a offert une nouvelle vie faite de relations rétablies, d’amour sans condition, de dignité, de justice et d’espoir. Comment penser que cette vie qu’il leur avait offerte se terminait avec sa mort ?
C’est vrai, il a toujours choisi la vie, permis et défendu la vie.. La résurrection était déjà présente avant sa mort, dans cette autre manière de vivre à laquelle il invitait et qu’il vivait lui-même… Alors cela ne pouvait que se terminer ainsi: par la vie ! Un murmure sort de leurs lèvres : Il a été relevé par Dieu. Il est le Vivant et il appelle à la vie !
Elles qui étaient venues pour rencontrer la mort, elles ont trouvé la vie… ce qu’elles ont vu, entendu et vécu, semble si impensable, inimaginable, complètement fou…
Mais si, c’est vrai ? …alors cela change tout ! La où la mort avait le dernier mot, c’est maintenant la vie qui a le dernier mot : l’espérance, l’amour et la confiance sont possibles, ils ouvrent un avenir.
Regarde, les femmes partent, elles s’éloignent du tombeau et se remettent en route vers les autres, vers la vie !
Porteuses fragiles d’une nouvelle inouïe, elles vont à la rencontre des autres pour la partager…. Avec les disciples, avec toi, avec moi…
Toi qui es là, à l’aube de Pâques… regarde maintenant les disciples…
Repliés sur eux-mêmes, dégageant une telle déception, une telle tristesse, une telle souffrance ! Les voilà tellement meurtris par ce qui s’est passé, tellement désespérés et désorientés qu’il n’y a que cela comme réalité possible pour eux. Alors comment ne pas prendre ce que racontent les femmes pour des balivernes, des sornettes? Et puis, honnêtement, il faut le dire, voici bien une réalité dont chacun a fait l’expérience dans sa vie : tout se termine avec la mort ! La mort est la fin de toute vie, la fin définitive de toute relation, de tout espoir, de tout avenir !
Regarde, regarde, les disciples qui nous disent qu’une vie nouvelle, celle qui relève et met debout (la résurrection), n’est pas une évidence… Non, dans un premier temps, elle est in- croyable. Ce qui est normal, c’est la mort… et tout ce qui va avec : la fatalité, le mal, la résignation, le désespoir..
Voilà des réalités présentes partout, vois le monde autour de toi ! Famine, crise, absence de relation entre les personnes, trahison, concurrence, guerre, conflit, souffrance … Vois, dans nos vies aussi, la peur, le désespoir, les rêves perdus… et cette petite mort terrible présente chez beaucoup de personnes où l’on continue à vivre biologiquement mais sans avoir une vie remplie de sens. Tout ce qui nous coupe de la vie : est bien présent dans nos vies ! …
Oui, regarde les disciples et leur expérience, si proche de nos expériences parfois… Elle est trop forte cette expérience… Alors comment s’ouvrir à l’espoir et comment croire encore que la vie est possible ? Comme elle est tenace cette réalité de la mort dans tout ses états! Le sens-tu parfois aussi comme ça ?
Mais toi qui es là, à l’aube de Pâques… regarde, regarde Pierre…
Il se lève et se met en marche ! Et si c’est vrai ce qu’elles racontent ? Et si les forces de la mort n’avaient pas le dernier mot, mais seulement l’avant-dernier ? Au tombeau, il voit et reste perplexe ! Et si c’est vrai ? Il s’étonne… Oh, comme ça pourrait être beau, bon, salvateur ! Et le voilà gentiment qui s’ouvre à un possible… celui d’accueillir la vie et le Vivant (le Ressuscité) !
Regarde Pierre, lui qui est si proche de notre propre espoir fou, le tien et le mien… celui qui dit que la vie est encore et toujours ou à nouveau possible malgré les petites morts, qu’il est possible d’être relevé, mis debout…
Il s’en va Pierre… étonné… tel un funambule haut dans le ciel sur son fil fragile entre l’impossible et le possible… Tanguant encore entre croire à la mort ou croire à la vie…
Toi qui est là, à l’aube de Pâques… Vois, il n’y a pas de cri de joie, juste un murmure… « Il est vivant et il appelle à la vie ! » Ce matin, la vie est venue se glisser au dessous des peurs, des tristesses, des désespoirs, des souffrances des femmes, de Pierre et je crois même des disciples. La vie est venue s’y glisser pour les porter et les transformer petit à petit en expérience de vie, et au milieu y faire pousser l’amour, l’espérance et la confiance.
Mais tout cela a besoin de temps pour faire son chemin chez les femmes, chez Pierre et les disciples pour qu’ils puissent tourner leur regard vers cette vie, la sentir en eux, vivre d’elle et la partager autour d’eux !
Vois, elle est aussi pour toi cette bonne nouvelle ! Il est vivant et toi si tu le veux, tu peux être vivant avec lui ! Il te relève et t’offre la possibilité d’une relation, d’un amour sans conditions pour ce que tu es, il t’offre la possibilité d’un espoir et d’une confiance qui donne la force pour se relever, avancer, vivre !
Dieu n’est pas le Dieu des morts mais il est le Dieu des vivants. C’est la vie qui a le dernier mot et non la mort! Plus besoin de rester dans nos tombeaux… La vie du Vivant, celle qu’il a prêchée et vécue, elle s’est déjà glissée sous nos peurs, nos doutes… nos désespoirs pour y faire pousser doucement l’amour, l’espérance, la confiance… Peux-tu y croire ?
Viens, viens…Laissons nous habiter par ce murmure : Il est vivant ! Et poursuivons notre chemin en laissant grandir en nous cette présence, cet amour sans condition, cet espoir, cette confiance… C’est là, où cette vie nouvelle est reconnue et vécue, qu’il présent… le Vivant…
Viens, viens, poursuivons notre chemin et partageons ce murmure de l’aube de Pâques aux personnes et au monde qui nous entourent ! Ainsi, cette vie nouvelle pourra aussi se glisser sous les peurs, les tristesses, les désespoirs, les souffrances de ceux qui nous entourent !
Et alors, peut-être que ce murmure que nous pouvons entendre à l’aube de Pâques se transformera en cri de joie de toute la création ! Le Christ est Vivant et il appelle à la vie !
Amen
Sarah Badertscher – 31 mars 2013