Prédication du 29 septembre 2024 – Culte à Fleurier à 10h
Prière avant les lectures
Seigneur,
Quand nous risquons une parole,
Que nous puissions à ta source !
Quand nous risquons une parole,
Qu’elle nous relie à l’unité de celles est ceux qui te prient !
Lecture : Ecclésiaste 3, 1-4 + 9-11
Il y a un temps pour chaque chose
1Tout ce qui se produit dans le monde arrive en son temps.
2Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir;
un temps pour planter et un temps pour arracher les plantes;
3un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures;
un temps pour démolir et un temps pour construire.
4Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire;
un temps pour gémir et un temps pour danser
(…)
9Quel profit celui qui travaille retire-t-il de sa peine ? 10J’ai considéré les occupations que Dieu a imposées aux humains. 11Dieu a établi pour chaque événement le moment qui convient. Il nous a aussi donné le désir de connaître à la fois le passé et l’avenir. Pourtant nous ne parvenons pas à connaître l’œuvre de Dieu dans sa totalité.
Orgue
Lecture : Jean 12, 24-26
24Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : un grain de blé reste un seul grain s’il ne tombe pas en terre et ne meurt pas. Mais s’il meurt, il produit beaucoup de grains. 25Celui qui aime sa vie la perdra, mais celui qui refuse de s’y attacher dans ce monde la gardera pour la vie éternelle. 26Si quelqu’un veut me servir, il doit me suivre; ainsi, mon serviteur sera aussi là où je suis. Mon Père honorera celui qui me sert.»
Message
Il était une fois un bourgeon qui avait passé tout l’hiver au chaud, bien à l’abri. Un jour de printemps, alors que le soleil réchauffait le sol, le bourgeon a éclaté et une jolie petite feuille a vu le jour. Elle était entourée de toutes ses autres sœurs feuilles.
Grâce à la sève et aux racines de l’arbre, la feuille a été nourrie. Par le soleil et la pluie, elle a été abreuvée. Elle a passé son enfance parmi tous ses frères et sœurs, bercée par le doux murmure du vent, agitée par de fortes pluies et malmenée par les rayons du soleil trop puissant.
Elle a grandi et est devenue une belle grande feuille verte. Mais bien sûr, il fallait songer à travailler. Alors elle a pris à cœur son boulot de spécialiste en photosynthèse. Bien équipée depuis sa naissance en chlorophylle, elle a capté sans relâche la lumière du soleil et le gaz carbonique de son entourage. Aidée par ses amies les racines, la feuille a reçu de l’eau. Alors avec beaucoup de patience et de générosité, la feuille a produit du sucre. Et cadeau magnifique, elle a donnée à toutes les créatures environnantes de l’oxygène. Et elle a accueilli les fruits de l’arbre. Quel beau travail elle a fait !
Mais voilà que l’été touchait à sa fin. La feuille a senti le vent froid arriver, les jours se raccourcir. Elle a senti les rosées et les brumes matinales. Elle savait qu’une autre phase de sa vie allait commencer.
La feuille a bien vite compris qu’elle ne pouvait plus transmettre ni sucre ni oxygène. Elle a vu petit à petit disparaître ses pigments verts. Elle se sentait triste. Mais un matin, la voilà passée à une couleur jaune étincelante, puis orange, rouge ! Quel merveilleuse robe bigarrée ! Les gens l’admiraient, elle et ses sœurs.
Contre le gel qui arrivait, elle n’avait qu’une solution : former un bouchon à sa base pour bloquer la sève. La feuille savait que cela provoquerait son détachement de la branche et sa chute au sol. Et une nuit de fort vent et de pluie, la feuille est tombée. C’était difficile et la feuille se sentait inutile. Mais bien vite, elle a vu s’installer sur elle des bactéries, des insectes, des araignées, des larves des escargots et des vers de terre. Tout ce petit monde s’est appliqué à manger la feuille colorée, la digérer et ainsi nourrir le sol en matière organique et minérale, à fabriquer de l’humus destiné à préparer le printemps à venir.
Quel cadeau ! Jusqu’au bout, la feuille a apporté sa richesse, son action, son savoir-être. »
Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle entre le récit de la vie de la feuille et l’existence humaines.
La feuille a vécu les saisons décrites par le texte de Ecclésiaste (arides, fertiles, lumineuses, menaçantes) … comme nous !
« Tout ce qui se produit sous le soleil arrive en son temps » dit l’Ecclésiaste.
Souvent, on lit ce texte en le paraphrasant ainsi avec nostalgie : « Quand j’étais jeune, je pouvais aller danser, mais maintenant ce temps est révolu ! »
Mais le propos de l’Ecclésiaste porte sur une autre visée. En écrivant « Tout ce qui se produit sous le soleil arrive en son temps », l’Ecclésiaste veut signifier que tout comme pour la feuille, ce que nous étions appelés à être ou à faire hier n’est pas nécessairement ce à quoi nous sommes appelés aujourd’hui et demain.
Mais chaque saison de notre vie est importante, fertile et porteuse de sens.
Je me sens à la fin de l’été, voire en début d’automne de ma vie ! je me reconnais dans la perte progressive du vert brillant de chlorophylle, qui offre sucre et oyygène en abondance. Je vois des changements et poindre les couleurs de l’automne, avec ses fatigues, ses fragilités et ses pertes diverses.
C’est un passage difficile et je suppose que plusieurs d’entre vous savent de quoi je parle !
Il y aurait de quoi désespérer ! Mais à nouveau, la feuille me donne un bel exemple de résilience.
J’aime beaucoup ce processus de la feuille qui tombe et se pare de magnifiques couleurs, en vue d’avoir encore du beau et du bien à offrir… certes, de façon différente.
Quant à son rôle à l’hiver de la Vie, c’est tellement réconfortant de savoir la feuille jouer un rôle jusqu’’à la fin dans l’immensité de la Création. Quel encouragement pour nous !
Et pourtant, pour arriver à ce stade, il faut un sacré « lâcher prise ».
Lire Ecclésiaste 3, 11
La feuille a un précieux avantage sur nous : elle n’a pas la volonté de contrôler le temps qui passe !
L’Ecclésiaste est convaincu que Dieu est présent dans tous les temps qui nous sont donnés de vivre. Il nous invite à accepter notre identité de créature et à nous remettre en ce Dieu créateur.
Il nous invite au lâcher prise à l’image de la feuille : d’une saison à l’autre, vivre ce qui nous est offert en chaque saison et être dans la certitude que nous sommes aimés en bourgeon, en chlorophylle, en couleurs flamboyantes et en humus !
Je l’ai vécu en direct avec un tout petit lâcher prise au sujet du texte biblique du jour… et je sais que le lâcher prise n’est pas évident. Il implique une autre attitude : la confiance.
C’est ce à quoi Jésus nous appelle : lire Jean 12, 24-26
Comme l’Ecclésiaste, Jésus parle de la vacuité à vouloir contrôler, maîtriser les temps de sa vie.
Il nous invite à mettre notre confiance en Dieu, à remettre ma vie entre ses mains et à accepter ma condition de créature.
A l’image du grain qui meurt, je suis appelée à :
- laisser mourir des projets qui n’ont plus lieu d’être
- laisser mourir des engagements qui ne sont plus en lien avec mes forces
- laisser mourir des relations qui ne correspondent plus à mes valeurs
- laisser mourir des souvenirs qui me rendent nostalgiques
- laisser mourir des blessures qui paralysent ma vie
- laisser mourir ma vision parfois étriquée de l’Eglise
… pour faire naître, en les remettant à Dieu, d’autres desseins, d’autres rêves, d’autres rencontres, d’autres valeurs d’autres pardons, d’autres façons de vivre l’Église et la foi.
Dans cette saison d’automne, n’oublions pas d’observer les feuilles qui se parent de couleurs. Ne soyons pas inquiets de les voir tomber et se transformer.
Ces feuilles, elles sont notre encouragement à vivre les changements dans notre existence.
Comme elles, vivons le lâcher prise et osons nous laisser emporter par le souffle de l’Esprit.
Comme cette feuille et comme le grain de blé, gardons notre curiosité intacte pour voir ce qui va naître sous le regard de Dieu. Amen
Prière intercession
Dieu Créateur,
Nous voulons te confier la saison de vie que nous traversons. Que nous restions toujours dans cette conviction que tu nous aimes et que tu fais route avec nous du bourgeon à l’humus et au-delà !
Dieu Créateur,
Nous te confions celles et ceux qui naissent ici et ailleurs. Bénis le printemps de leur vie.
Dieu Créateur,
Nous te prions pour ceux qui vivent l’été. Qu’ils soient bénis dans leur travail, dans leur vie de famille.
Dieu Créateur,
Nous te remettons celles et ceux qui arrivent à l’automne de leur existence. Bénis-les dans leurs changements, leurs lâcher prise et donne-leur la conviction qu’ils ont encore à offrir les belles couleurs de la vie.
Dieu Créateur,
Nous mettons entre tes mains les feuilles qui arrivent à l’hiver. Qu’elles vivent dans cette joie de faire partie de ta Création et qu’elles y ont une place.
Dieu Créateur,
Nous te prions pour l’Église, ici et ailleurs. Qu’elle ait l’audace du bourgeon, la force de l’oxygène, la sagesse du lâcher prise et la profondeur de l’humus.
Amen