«Il a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli» – Série d’été partie 3

Série de cultes d’été sur le Symbole des Apôtres

15 juillet 2017, Môtiers 17h30 – 16 juillet 2017, Couvet 10h

3ème partie : « Il a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli »

Texte de la prédication à télécharger ici en format pdf

Lectures de la Bible :

Prédication d’André Chédel (prédicateur laïc)

Pilate prit de l’eau, se lava les mains devant le peuple – Je suis innocent du sang de ce juste, dit-il.

Que n’a-t-on pas dit de ce geste, devenu le symbole de la mesquinerie! Une pirouette en or pour éviter toute responsabilité.

Pourtant les 15 versets de ce jour sont une vaste palette de réflexion. J’en retiendrai 5 ce matin.

I. Jésus ne répond rien aux accusations, verset 12.

Ce silence est un avertissement très important pour nous, disciples du XXIe siècle.

Car la tentation est forte de défendre de l’éthique évangélique avec de belles envolées d’avocats convaincus ; pourtant nous sommes témoins d’un cheminement particulier.

Nous avons vu éclore le fruit de l’Esprit

Nous avons vécu des transformations dans nos existences

Nous avons emprunté un sentier qui ne s’explique pas simplement avec des mots.

Devant Pilate, Jésus est catégorique : Es-tu le roi des Juifs? Réponse formelle : je le suis. Puis, c’est le silence, les faits sont là en témoins fiables.

Pour nous, c’est le signal à suivre.

A la question : es-tu chrétien ? Réponse à donner : je le suis. Ensuite un dialogue constructif peut s’installer entre un témoin et un vis-à-vis qui cherche sa voie. Cela évite un procès d’intention, une envolée verbale ou une avalanche d’explications inutiles.

II. Pilate savait que c’était par jalousie que Jésus était livré.

La jalousie : ce poison terriblement efficace pour miner la confiance, détruire le respect, salir la paix et saper la joie de vivre.

La jalousie est une loupe pour défigurer un faux-pas en méchanceté volontaire. Ailleurs un simple excès de jeunesse sera transformé en délinquance irrécupérable. Là, Pilate s’est pris les pieds dans le tapis. Il met dans la balance le pire bandit Barrabas et l’innocent que seule la luminosité affichée dérange.

Mais la jalousie est aveugle, sourde et meurtrière. Il n’y a pas d’antidote à la jalousie, elle est mortelle sans le secours de la grâce.

III. Son épouse lui dit « Ne te mêle pas de cette affaire, j’ai trop souffert en songe aujourd’hui. »

Ne cherchons pas ici un parallèle ténébreux avec la Genèse. Nous sommes sensibles à la souffrance de nos amis ; de plus, quand c’est l’épouse qui souffre des décisions prises. On supporte mal qu’ils soient brimés et abaissés. Nous nous laissons influencer par une vision partiale. Qui oserait critiquer Pilate en public? Trop risqué. Mais si ce n’est que l’oreille de l’épouse qui est atteinte, peu de crainte à se faire. Un ami universitaire me disait avec un sourire entendu – Ma femme est ma télévision pour me révéler les couleurs de la vie! Un bel hommage pour un mari.

Pilate, lui, se laisse influencer par l’affectif ouvrant la voie pernicieuse des sacrificateurs.

IV. Pilate s’en lave les mains.

Un geste normal après un ouvrage manuel, un respect de soi-même et pour les autres, honorer l’oeuvre de la cuisinière aux fourneaux. Un geste de protection à l’entrée des EMS pour limiter l’entrée microbienne envers les personnes fragilisées.

Mais ce geste ne lave pas la conscience de la responsabilité d’une faute ou d’un engagement non-tenu. Oser s’assumer demande du courage et cela coûte souvent un prix élevé.

V. Je suis innocent de ce sang versé. C’est votre décision.

Un gouverneur n’est pas tout puissant, son pouvoir est limité. Sa responsabilité est liée à un territoire. Pour un chef militaire, la vie d’un homme n’est rien. Le risque d’entrer en conflit avec un peuple insoumis, laisserait bien des morts autant chez les Romains que chez les Juifs. La réputation de Pilate est en jeu, cela relèverait d’une mauvaise gestion d’un conflit vis-à-vis de Rome.

Ici, je ne prends pas sa défense, mais la mienne. Il n’est pas toujours aisé de prendre une charge. Le paysan vend une vache soi-disant indemne, l’ouvrier bâcle un travail pour finir à l’heure, le patron surfait une facture pour entrer dans ses comptes.

On peut s’en laver les mains, mais les égratignures de notre éthique laissent de profondes blessures.

C’est là qu’on retrouve le silence de Jésus. Aucune plaidoirie n’a de sens devant le Seigneur. Assumer une charge avec équité est une chemin de sanctification. Pilate n’y arrive pas.

Dans ses commentaires, le pasteur Rochedieu précise :

Pilate espérait que le bon sens l’emporterait sur la haine ; en réalité, il a simplement donné la preuve du pouvoir tyrannique capable d’étouffer la voix du coeur. Jésus n’est pas condamné à cause de ses manquements, mais à cause des nôtres, simples mortels Pilate s’adressait à des gens qu’il haïssait et méprisait. C’était à lui seul de prendre la décision.

On ne peut pas négocier avec quelqu’un qu’on méprise, c’est de la lâcheté et le résultat est obligatoirement tronqué.

La partie du symbole des Apôtres méditée ce jour « il a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli » est à mettre en parallèle avec « Pardonne-nous nos offenses » du Notre Père.

La prière ne nous lave pas les mains, elle nous purifie par la grâce du Ressuscité.

Etre conscient de l’oeuvre de Pâques est rassurant, c’est la sève de l’humilité qui permet l’épanouissement.

Amen.